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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Chassez le naturel, il revient au galop.

La fonction présidentielle au ras du gazon.

 

 

Nous ne pensions pas que ce fut à ce point et pourtant une fois encore, celui qui nous tient lieu de guide suprême démontre que la fonction ne crée par l'organe. Il a beau jouer de la posture, se draper dans une dignité qui lui va si mal, il reprend à la première occasion ses manières et ses travers, ne dissimulant pas ce qu'il est véritablement.

Prenez donc ce personnage, élu faut-il le rappeler par une majorité d'entre vous, faute sans doute d'un choix digne d'une démocratie mature, et placez le dans un stade de football. Vous allez obtenir la transmutation la plus spectaculaire qui soit, la métamorphose d'un chef d'état en guignol de foire, en pantin désarticulé, en psychologue de la câlinothérapie de pelouse.

Le gazon maudit pousse notre ami à se dévoiler véritablement, à pousser à l'extrême toutes les failles et les travers que la rumeur ne cesse de souffler à son propos. Soudain le masque tombe, la dignité due à la fonction se fissure, le véritable personnage se dénude devant des caméras qui n'attendaient que ça. Et le plus étonnant dans tout ça, c'est que cette pantomime ne choque personne ou peu s'en faut puisque le brave homme se place au niveau d'hystérisation de la majorité de son peuple.

Il y a même un risque à décrire ses accès de folie, ses élans de tendresse, ses envolées lyriques de café du commerce tant ce spectacle aussi affligeant que déplacé trouve écho dans une population sous le choc, bouleversée et anéantie par un simple match de football en pleine crise environnementale majeure alors que la guerre est aux frontières de l'Europe.

Le basculement du capital, du vital, du dramatique ou du futile de pacotille avait besoin d'un grand comédien, d'un acteur de premier ordre qui feint de partager la détresse d'un peuple auquel il entend prochainement régler une fois encore son compte retraite. Alors il surjoue l'excitation au moindre but, se lève, gesticule, s'emporte comme aucun autre occupant de la tribune présidentielle. Il est le seul monté sur ressort, incapable de se maîtriser ce qui est nullement rassurant quand on sait qu'il dispose du pouvoir exorbitant de la dissuasion nucléaire.

Puis, devant l'échec de tout un pays et la détresse abyssale de l'étoile absolue de ce peuple, il va lâcher prise avec sa façade pour serrer dans ses bras l'enfant chéri de la nation, se transformer en ce passionné des câlins et des caresses dès que l'occasion le fait larron. Plus de retenue, il est en totale harmonie, en parfaite empathie avec ce pauvre gosse auprès duquel il entend récupérer une part de son aura.

Le problème est que cette image d'un président enlaçant un corps masculin n'est pas nouvelle, elle a déjà fait le tour de la toile en d'autres occasions. Notre Président ne peut s'en empêcher, il est ainsi, il a besoin de sentir, de toucher, de humer la détresse de son peuple par le truchement de ce geste qui lui fait tant de bien.

Puis, il s'en va dans le vestiaire, ce merveilleux endroit de l'intimité des joueurs, pour tenir des propos dont la teneur ne restera pas dans les annales des grandes pages des discours des hommes d'État de la France. Le plus désolant réside une fois encore dans l'émotion que provoquent ces truismes de bas étages, ces encouragements si dérisoires en pareil cas et la grandiloquence que le tribun de dessous la tribune entend donner à sa parole qu'il sait enregistrée.

La farce a atteint son paroxysme et deux voyages en avion ont permis à grand frais de réaliser ces prodiges de communication de théâtre de boulevard. Faut-il s'en désoler ou bien s'apitoyer sur le niveau mental des organes de presse et de médias qui diffusent en boucle ce qui n'a aucun rapport avec l'immense charge confiée à ce personnage ? Le degré zéro de la politique est à l'évidence atteint et ce, pour le plus grand plaisir de la majorité bêlante.

France, qu'as-tu fait de tes Lumières ?

À contre-coup.

 

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J
"alors que la guerre est aux frontières de l'Europe." <br /> Ce n'est pas aux frontières mais en Europe.
Répondre
C
Jean<br /> <br /> à la frontière de l'UE