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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

« Le Cas bigné vert ! »

Virage dangereux

 

 

Les uns mettront cela sur la vitesse au volant, d'autres s'indigneront des conduites stupéfiantes : quel qu'en soit le degré, certains s'étonneront de l'absence de signalisation quand beaucoup trouveront que l'expérience en la matière ne semble pas produire de réactions adaptées des autorités. Il est en Orléans une excellente table qui non contente d'établir sa réputation sur la qualité de ses plats a souhaité faire parler d'elle par les froissements d'ailes et le renversement des bonnes tartes.

 

Puisque la série nous reste en travers de la gorge sans que rien ne puisse mettre à fin à cette terrible succession d'accidents, je prends le virage de l'humour noir et de la dérision pour venir en aide à ces malheureux restaurateurs qui ont pris l'habitude de recevoir nuitamment des clients pressés et alcoolisés, venant passer commande sans nulle assistance dans leur estaminet.

Il convient ici de ne pas mettre un frein ni la pédale douce à notre indignation. La promptitude à ne rien faire pour éviter cette succession de sorties de route a ceci de fort heureux pour nos responsables que nul client ne fut jusqu'alors dans la ligne de mire des chauffards. Sans cela, ce n'est plus dans la chronique des faits divers que nous retrouverions à intervalles réguliers ce restaurant marqué du mauvais œil.

 

Ce restaurant va changer sa carte pour s'adapter aux circonstances et coller au plus près à son actualité. Ainsi un vol au vent s'imposera tandis que le pâté d'alouette reprendra du service avec naturellement une crème renversée et un éclair au caramel. Le tout désormais arrosé de vin servi exclusivement en tonneau. Pour les volailles, seules les ailes auront droit de cité tandis que le poisson se limitera exclusivement à la queue.

En ce qui concerne les fromages ils seront coulants si vous terminez votre cabriole dans le canal, à la coupe si vous pénétrez dans la terrasse avec un cabriolet, bonne pâte cuite quand vous en serez à votre seconde intrusion. L'accord des incidents et des vins sera pour vous une tout autre affaire. La banquette de Limoux sera recommandée aux passagers arrière, les bourgognes aligotés uniquement si votre ceinture de sécurité était bouclée, le Cadillac sera réservé à une élite, le Cassis pour ceux qui se sont envolés au niveau du dos d'âne.

 

Quatre percussions de suite sans répercussion immédiate prouvent le peu d'appétit pour la sécurité routière au bout de nos quais. Il est vrai que plus on s'éloigne du centre urbain, plus le désintérêt grandit aux yeux des responsables qui limite leur intérêt de la Capitainerie au Pont Royal, un vieux réflexe des descendants de nos raffineurs d'antan.

Le Cabinet Vert peut bien encore supporter d'autres heurts, ce n'est pas bien grave. L'essentiel est de pouvoir se divertir au Châtelet, jouir pleinement de la mansuétude pour les dérapages en ce quai de tous les excès. Puis, en mettant les gaz, il sera toujours possible, pour ceux qui filent vers l'Est, d'arrêter leur course dans la belle terrasse de l'endroit, ce qui permettra à la maréchaussée de verbaliser le contrevenant une fois qu'il sera à l'arrêt.

 

Le Cas bigné, il ne reste plus une nouvelle fois qu'à le remettre en état, jusqu'à la prochaine sortie de route. Faire et défaire c'est toujours de l'ouvrage pourvu que cela n'empêche pas le bon échevin de dormir. Bien sûr, cette fois, tout sera fait pour remédier à cette succession désastreuse, sauf naturellement une contribution pour le manque à gagner considérable de ces restaurateurs marqués par le destin.

 

Enfin, ne désespérons pas de nos édiles. Ils peuvent parfois savoir prendre le bon virage ; ce qu'ils firent enfin au bout du compte et de la ligne droite, après avoir longtemps hésité.

 

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