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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Retour à La Fontaine

Quand les contes font des petits.

Retour à La Fontaine

Fleuve de mots, rivière d'image

 

Chose promise, chose due chez les bonimenteurs, dans l’étrange pays où la parole a encore sens et valeur. C’est sans doute un anachronisme de plus à mettre à mon débit, ce qui, avouons-le est assez pour me plaire. Je suis donc revenu du côté d’Ancenis, offrir de nouveaux contes aux trois classes de l’école de la Fontaine à Anetz, ce petit village qui autrefois était peuplé de pêcheurs de Loire.

Les trois institutrices ont travaillé d’arrache-pied pour le projet : « Fleuve de mots, rivière d’images » après mon passage même si, elles ne sont pas rentrées dans les délais impartis par un règlement qui ignore sans doute la difficulté à réaliser seule, avec 30 élèves, une fresque de trois mètres sur deux. Je dois reconnaître que ce léger contre-temps m’offrit l’opportunité d’admirer les trois toiles peintes et d’entendre les élèves me narrer, maladroitement certes, mais avec un cœur sans pareil, les trois histoires inventées pour décrire les œuvres. Je vais tenter de vous restituer ce que j’ai saisi de ces exposés réalisés par des porte-paroles courageux devant un public de 90 élèves, entassés dans la petite bibliothèque de l’école.

La première histoire évoque naturellement notre dragon de la grotte Béraire, aux prises cette fois avec un pêcheur et un ours. Le pêcheur a osé s’affronter au monstre, l’ours quant à lui faisant diversion à moins que ce ne fut concurrence au monstre ailé. J’avoue ne pas avoir saisi toutes les subtilités du scénario. Le paysage se transformant au fil des chapitres et permettant aux humains de trouver leur place sur la berge.

Dans la seconde histoire, une sirène se trouve en grande difficulté sur la rivière. Que fait-elle là ? On est en droit de s’interroger. Les lutins et les korrigans se sont regroupés pour la défendre et la prendre sous leur protection. Un monstre la menace, cette fois, il a plus l’apparence de Nessie, le monstre du Loch Ness que de notre dragon. La Coulobre serait-elle passée de la Dordogne à la Loire d’en bas ? Mystère ! Les petits personnages sortent triomphalement de ce combat et la sirène peut alors couler des jours heureux dans la Loire.

Puis c’est la dernière fresque qui est certainement l’œuvre des plus grands. Il y a encore un pêcheur aux prises avec des forces maléfiques. Des arbres, seuls habitants de cette région, ont fait barrage de leurs racines. Le pauvre homme ne peut prendre le moindre poisson. Il doit vaincre les arbres pour briser leur influence. Chaque arbre vaincu se transformera en un personnage qui viendra prêter aide et assistance au pêcheur. La métamorphose a laissé des traces, j’en suis heureux. Plus tard, une cité va pouvoir se bâtir en bord de Loire pour que la civilisation ligérienne naisse.

J’ai été surtout impressionné par la qualité des trois fresques. Manifestement les contes avaient semé des graines dans les esprits imaginatifs des enfants. Une promenade en bord de Loire avait fait le reste. Roseaux, barques, arbres, poissons et oiseaux étaient dans le décor. Les bancs de sable avaient leur place également. Ils avaient intégré les légendes celtes pour se les approprier et les décliner en images. Quelle belle réussite et surtout quelle belle récompense pour le faiseur d’histoires.

Après qu’ils m’eurent expliqué leurs trois récits créés de toutes pièces, sans singer ceux que j’avais pu leur dire, je pouvais à mon tour dire trois contes qui tentaient de reprendre quelques-unes des problématiques évoquées par les enfants. Quel silence ! Trois classes dans un espace restreint, des gamins d’âges différents, assis par terre et qui se taisent, vous n’imaginez pas plus belle marque de respect.

Puis la séance achevée, ils me réclamèrent des autographes. Cette fois la mesure était dépassée. L’univers du conte se passe aisément de ces marques illusoires d’une époque contemporaine si sensible aux choses vaines et illusoires. Je dessinai par trois fois la carte de la Loire et de l'Allier en guise de signature en demandant aux élèves de faire des photocopies pour leurs camarades. Je pouvais me rendre à Mauves sur Loire, avec la certitude que des petites graines avaient été semées sur la rivière.

Une autre école a pris contact avec le conteur pour participer à un projet pédagogique multi-disciplinaire sur la Loire. J’avance petit à petit dans cette voie, les petits ruisseaux finissent toujours par faire de grandes rivières.

Fresquement leur.

Retour à La Fontaine

Les enfants sont en vacances et leurs institutrices ont oublié de m'envoyer les photographies des fresques. Dommage ...

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