8 Novembre 2011
À Tours, mais cette histoire eut pu se passer dans une autre cité de notre beau et doux pays, deux jeunes gens aiment à circuler à vélo. Décroissants et écologistes convaincus,
la petite reine est pour eux le plus raisonnable des moyens de transport urbain. Mais la raison n'a toujours la vie facile dans nos villes, après quatre années d'un Sarkozisme sécuritaire et
conserver son vélo n'est pas chose aisée.
Logeant dans une de ces résidences estudiantines qui prévoit un confort spartiate en oubliant le garage pour les deux roues, ils trouvèrent espace
satisfaisant pour leurs fiers coursiers dans le local à poubelles. Le gardien se montra conciliant quand ailleurs, les pauvres locataires doivent monter leurs engins pour les mettre à l'abri sur
le balcon destiné à cet usage sans doute !
C'est le garçon qui eut la première mauvaise surprise. Un matin, son vélo avait joué les filles de l'air, parti sous d'autres cieux, respirer un air moins
vicié sans doute. Le dépit fut grand mais contre ce brigandage, il n'y a rien à faire. La chose est si fréquente que la main courante est bien inutile et gonflerait (bien)trop inutilement des
statistiques qui se doivent d'être toujours à la baisse.
C'est ainsi, il faut se faire une raison. La mésaventure est si fréquente que nul s'en étonne plus de nos jours. Quand je pense que jamais je n'ai attaché
mon vieux clou, que ce fut au collège ou partout ailleurs dans mon village d'antan. Mais je vous parle d'un temps que les moins de cinquante ans ne peuvent plus croire !
Pourtant, une quinzaine de jours après la disparition, un vélo analogue en tous points mis à part la couleur fit son apparition dans le local à ordures. Il
était fermement équipé d'un anti-vol que le propriétaire précédent s'empressa de couper pour récupérer son bien. Nul ne vint protester et nos deux étudiants retrouvèrent le plaisir de rouler de
front.
Hélas, la roue tourne et le destin est souvent néfaste à ceux qui refusent la solution automobile. Cette fois, c'est la bicyclette de la demoiselle qui se
prit pour une hirondelle, allant sous d'autres cieux couler des jours heureux. Les cyclistes retrouvèrent les joies de la marche à pied concomitamment à la frustration et la colère.
Le temps passa, le vélo ne revint pas sous d'autres couleurs. Il fallut se faire à l'idée de ne plus jamais le revoir. Mais à Tours, les miracles peuvent
parfois se reproduire. En feuilletant le « Bon Coin » local, la victime du larcin crut reconnaître ce qu'on lui avait dérobé. Son vélo trônait au milieu des bonnes affaires, à un prix, vous devez
vous en douter, des plus abordables.
Nos héros appelèrent l'annonceur pour se renseigner sur les caractéristiques précises de l'objet transactionnel. Toutes les petites meurtrissures de la vie
d'un vélo qui ne se contente pas de rester remisé dans un lieu sûr figuraient dans la description du brigand. Il n'y avait aucun doute, ils avaient retrouvé leur bien.
Le garçon se présenta comme client auprès de ce si particulier vendeur. Les choses tournèrent vite au vinaigre quand l'évocation de l'origine frauduleuse de
la bicyclette fut évoquée. Le vendeur montant sur ses grands chevaux plus facilement que sur l'objet de ses larcins habituels. Car, entre temps, la mère de la demoiselle avait mené enquête auprès
du site d'annonces pour découvrir que l'individu vendait trois vélos par semaine en moyenne …
Voyant que la bonne foi ne servait à rien avec ce personnage, le garçon finit par lui céder les trente euros de la transaction. Il ne voulait pas se
retrouver avec un œil au beurre noir et préféra écouter la voix de la sagesse. Il repartit avec un objet acheté deux fois.
La police prévenue, s'occupa sans doute du désagréable fait divers parce qu'elle ne pouvait agir autrement. Les victimes avaient fait grand bruit, on
ne peut plus compter sur le silence des agneaux. Je doute que le bonhomme connut grands tracas. Voler un vélo n'est que petit forfait sans importance pour ceux qui roulent grand train dans ce
pays ! Ce n'est hélas pas le cas pour beaucoup de nos concitoyens !
Anecdotiquement leur.