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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

La discrimination silencieuse.

Le mépris institutionnel.





    Il existe dans notre pays, au cœur du système éducatif, une discrimination de fait qui se fait avec l'assentiment de tous et le confort de l'absence de réaction de parents trop submergés par leurs difficultés pour s'organiser et se plaindre. J'évoque ici, le sort réservé aux élèves des Sections d'Enseignement Général et Professionnel adapté (Segpa) qui cherchent à survivre dans un collège sur quatre ou cinq sur le territoire national.

        Ces élèves ont été repérés comme en difficulté de compréhension et de maîtrise des fondamentaux. Ils « bénéficient » d'un enseignement proposé en grande majorité par des professeurs des écoles avec des compléments apportés par les professeurs de collège. Nous n'évoquerons pas ici le statut des premiers, qui les exclue de diverses indemnités ; la fonction publique n'aime rien tant que les clivages.

    C'est la place réservée à ces enfants de 12 à 16 ans qui mérite indignation et colère, cri d'alarme et coup de projecteur. Ils sont dans des classes qui ne devraient pas dépasser 16 élèves, sans que cette limite soit indépassable, vous devez bien vous en douter. Ils se trouvent souvent dans une aile à part de nos collèges quand ils ne sont pas mis à l'écart dans le collège où j'exerce actuellement (nous y reviendrons).

        Ils ne disposent pas de manuels scolaires ; le marché est trop étroit, les niveaux trop disparates et les financements non prévus. Ce petit détail pourrait paraître parfaitement scandaleux si on avait décidé de jeter un voile de silence sur le futur contingent des emplois précaires et des aides sociales. Le retour sur investissement est si risqué qu'il est préférable de ne pas y penser !

        Ils héritent toujours du matériel mis au rencart dans le collège voisin. L'équipement informatique est à ce titre la plus parfaite illustration du mépris dans le quel on tient ces sous-élèves encadrés par des sous-professeurs. Les pannes succèdent aux bugs, les incompatibilités aux problèmes techniques et la patience dont ils font preuve relève du miracle. Le poids de l'habitude et du déclassement sans doute !

        Ils se retrouvent à partir de quatorze ans dans des ateliers qui autrefois étaient équipés de machines mais dont des lois toujours plus restrictives, interdisent maintenant tout usage. Les financeurs se frottent les mains, il suffit de leur fournir quelques outils pour les laisser « bricoler » bien gentiment. Ce n'est pas ainsi qu'on redonne le goût de l'école et des apprentissages, mais est-ce vraiment l'objectif pour cette chair à Pôle emploi ?

        Ils passent un sou diplôme : le CFG (Certificat de formation Générale) dont personne n'a jamais entendu parlé. Ils se voient proposer des places dans les lycées professionnels pour des CAP aménagés où ils se retrouveront entre-eux, une fois encore. Ils continueront alors à se faire traiter des « S.E.S.) nom d'origine de ces sections qui est resté dans l'inconscient des collégiens et des lycéens prompts eux aussi à jouer de la discrimination et de l'insulte méprisante.

        Ils se taisent, leurs parents assommés par tant de difficultés externes ne se dressent pas contre ce traitement ségrégatif. Alors, dans ce contexte, des abus comme celui qui s'est déroulé dans mon collège sont possibles avec l'assentiment des politiques de tous bords. Pour des raisons anciennes, la Segpa du collège Dunois d'Orléans a été installée dans des bâtiments à l'écart, à plus d'un kilomètre de ce gentil collège de Centre ville, au cœur d'un quartier bourgeois 'hasard ou coïncidence ?).

        Quand le collège a été refait à neuf, la Segpa est restée à l'écart des travaux et de l'intégration. J'avais à l'époque saisi un sénateur pour qu'il porte devant la haute autorité de lutte contre les discriminations ce regrettable oubli. Il me laissa choir, acceptant simplement de me soutenir dans une démarche qui se devait d'être individuelle et personnelle (quelle folie !).

        J'étais parti de cet endroit qui fleurait trop le repoussoir définitif. J'y suis revenu par nécessité et j'ai trouvé une dégradation matérielle et des restrictions budgétaires qui rendent la situation très complexe. Mais dans le collège neuf, a deux pas de là, les élèves ordinaires sont bien mieux lotis. C'est bien là l'essentiel.

        Le conseil général a organisé cette discrimination de fait, le sénateur n'a rien fait et me menace des foudres de la justice sij'évoque son inaction sur ce sujet. Que faire alors ? Faut-il se taire sous la menace d'élus qui ne respectent pas le principe d'égalité pourtant gravé jadis sur le fronton de nos écoles ?

    Scandaleusement leur.

Aujourd'hui même, rigueur oblige, l'emploi de secrétaire de cette section à part est supprimé. Plus personne ne répondra au téléphone, les élèves en retard trouveront potail clos et devront s'ils le souhaitent se rendre à pied au collège. Situation ubuesque mais comme les parents ne se plaignent pas assez ...




Vidéos :
Quand la situation est normale, c'est mieux !

Segpa, c'est pas c'que tu crois par TAVIDADO

Hélas, ce n'est pas pour nous ...

Rentrée scolaire 2011 : le Loiret fête ses... par loiret



 

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M
<br /> <br /> Comme je me retrouve dans ces considérations.!<br /> <br /> <br /> J'ai en effet travaillé durant 10 ans(i966 à 1976) dans les classes ancêtres de celles ci : sixième et cinquième de transition ,relookées ensuite en classes de type III) Il y avait un espoir<br /> officiel de retour dans le cycle "normal" , ce qui s'est avéré au fil des ans une belle escroquerie (mes stat : 2pc de recyclés en 10 ans)<br /> <br /> <br /> Les élèves au fil des ans se sont sentis de plus en plus rejetés .<br /> <br /> <br /> Mais le plus dur est le sentiment de mise à l'écart par les collègues , surtout par ceux qui avaient de tonitruantes idées de gauche , mais la même pratique servile que le chef d'établissement...<br /> <br /> <br /> Conclusion :j'ai choisi le retour en primaire , à la base où le travail me paraissait plus efficace .<br /> <br /> <br /> J'aurais été suivi par d'autres , si la carotte d'indemnité de prof principal et d'horaires moins chargés n'avaient pas été les plus forts .<br /> <br /> <br /> Baudelot et Establet ont écrit des bouquins de sociologie redoutables sur ce sujet là . Establet était mon prof de socio à la fac de Tours et nous parlions quelquefois de cette poudre aux yeux.<br /> <br /> <br /> Merci pour cet article à tendre en miroir à TOUS les enseignants.<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Mobal<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Vous avez mille fois raisons, le ver est dans le fruit !<br /> <br /> <br /> Nous sommes entourés de speudo collègues qui n'ont pas compris que nous livrons une bataille qui pourrait bien devneir d'arrière garde !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> l'école est un danger et ce n'est pas à coup d'indemnités et d'heures supplémentaires, d'Isoet de prime de professeur principal (auxquels je n'ai pas droit celà va de soi !) que nous allons<br /> vaincre la volenté de casser ce formidable outil d'émancipation des masses que nous laissons casser par notre impuissance !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Merci pour vos références.<br /> <br /> <br /> <br />