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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Révélation à Arcachon

H.P.

 

 

Ce monde est fou et plus encore nos responsables qui ne cessent d'affirmer, une main sur le cœur et l'autre sur le portefeuille que l'hôpital tiendra. On ne sait du reste ce qu'il tiendra vraiment : la corde pour continuer d'être étranglé ou le podium pour les arrêts de travail parmi ses employés. En cette année qui conduit le pays vers les Jeux Olympiques, toutes les performances sont bonnes à prendre pour remonter le moral des Français.

Ainsi, une innovation de taille vient d'avoir lieu à Arcachon après qu'un comité d'experts se soit penché sur ce qui pourrait donner une image positive de l'hôpital public. Après un premier tour de table qui laissa les participants sans voix ni solutions, il fallut consentir à un second tour de piste, laissant rentrer à juste titre cette discipline dans les courses de fond. (Faudra-il un pluriel ?).

Une fois encore, le silence se fit puisque chacun sait que le mal est si profond que laisser franchir le saut de la rivière par deux brancardiers portant un malade qui souhaite être emmené aux urgences, ne permettra pas de lever les bras à l'arrivée (à moins que le sort de l'assuré soit désormais sans importance). Pour tout bâton de parole, les experts en idées creuses, se passaient un témoin, comme dans les courses en relais.

C'est alors que le dernier passage donna lieu à une formidable révélation. C'était au tour de la Présidente de recevoir ce témoin, marqueur jusque-là, de l'impuissance de tous à redresser la barre. Il est vrai que le saut à la perche n'est pas discipline accessible dans une structure administrative qui désormais manque cruellement de souplesse depuis que ce sont les financiers qui conduisent une ambulance à moins que ce ne soit désormais un corbillard.

La présidente en question, alors qu'elle allait prendre la parole pour avouer à sa grande honte qu'elle n'avait une fois encore, aucune idée pour échapper au naufrage, fut dérangée par la sonnerie inopinée de son portable qu'elle n'avait pas coupé. Il est vrai que les ministres au parlement ne s'embarrassent pas de cette mesure de courtoisie, elle n'avait donc pas à s'en excuser.

Elle prit la communication qui l'avertissait que sa commande était prête et qu'elle pouvait passer à son « Drive », (terme en bas breton pour désigner un magasin qui a du coffre). Comme elle n'avait rien à dire à ses collègues, elle fit part de la teneur du message à cette belle assemblée d'anciens élèves des grandes écoles.

Ce fut soudain la révélation ! L'un d'eux saisit ce qu'il prit pour un indice venu des mystères de la sérendipité pour évoquer l'opportunité de trouver une correspondance entre ce message et le problème qu'ils avaient à traiter. Si la chose peut vous surprendre, elle témoigne cependant d'une pratique courante dans les allées du pouvoir.

Immédiatement le tour de table se fit ruche bourdonnante. Ces gens-là, bien mieux formés pour les affaires commerciales que celles qui relèvent du sanitaire, avaient désormais une multitude de propositions. Remplacer les brancards par des caddies, programmer des heures donnant droit à des promotions, donner priorité aux malades s'ils viennent par lots souffrant du même problème, fixer une date de péremption aux individus proches du terme afin de pouvoir les refuser

Une personne rétorqua que la dernière proposition était depuis quelques temps mise en application dans nombre d'établissements et qu'ainsi, elle ne relevait pas de l’innovation. C'est une idée nouvelle qui devait surgir de cette tempête dans des crânes sans empathie et les usages de l'hôpital n'eurent pas à se plaindre de la fabuleuse proposition qui reçut l’assentiment de tous.

Un diplômé en ressources logistiques et en gestion des flux s'écria : « Euréka ! » Il développa sans tarder l'extraordinaire proposition qui fit l'unanimité par la suite. « Mes amis et chers collègues, le « Drive » doit nous mettre sur la voie (de garage). Puisque tout se joue sur le parking, permettant ainsi de fluidifier les déplacements et d'éviter l'encombrement dans les rayons, pourquoi ne pas agir de la sorte à Arcachon ? »

Il y eut un silence car quoique grandement diplômés, ces gens n'ont jamais reçu une formation pour faire face aux propositions nouvelles. Il leur fallut un long temps de réflexion pour finir par adhérer à ce qui deviendra sans doute, la grande réforme hospitalière de la Macronie. Le tri des malades aura lieu sur le Parking et plus précisément dans leur véhicule. Ce sera ainsi l'occasion d'éliminer tous ceux qui ne peuvent se déplacer par leurs propres moyens, une économie d'échelle considérable.

Pour les autres, en cas de situation sanitaire trop grave, le placement du malade dans le coffre signifiera la fin du voyage tandis que le retour à la maison, sera la réponse la plus fréquente. De très rares patients seront acceptés ce qui désengorgera l'hôpital de manière spectaculaire. Seule difficulté, il conviendra pour accompagner cette mesure, de créer un nouveau panneau pour informer les usagers.

Après une nouvelle concertation un panneau carré bleu avec deux lettres blanches fut retenu. Un H pour Hôpital et un P pour Parking, ce lieu devenant le centre névralgique de la politique de santé publique. H.P. On ne pouvait être plus clairvoyant pour dire à quel point nos dirigeants marchent sur la tête et passent leur temps à nous rouler tout en nous prenant pour des demeurés.

À contre-mission.

 

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