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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Rendre compte de mes contes.

Pompage à la source.

 

 

 

Notre belle rivière traîne sa misère en ce début de juillet. L'hiver et le printemps ne lui ont pas apporté son content de dividendes, ses liquidités sont au plus bas tandis que les différentes ponctions à la source et les frais nucléaires risquent fort de venir tourmenter son lit et d'assécher plus encore son cours tout au long de sa course. Elle se répand en bancs de sables, se dessèche et se désole, se demandant comment elle va passer l'été tandis que les centrales se servent sans même lui demander son avis.

À bout de ressource, la dame s'est retournée vers ceux qui la défendent, puisent leur inspiration dans ses eaux tumultueuses ou rêveuses. Elle a agi ainsi faute de pouvoir se retourner contre ses véritables tourmenteurs, tous en cheville avec les gens au pouvoir. Il en va souvent ainsi que ce soit chez les humains ou bien les grands fleuves. C'est vers le petit peuple de ses admirateurs qu'elle s'est tournée pour réclamer des comptes.

Tout cela par la faute de sa banque d'investissement sur le long terme qui lui fit remarquer qu'elle manquera cruellement de disponibilité pour cet été. Pas besoin d'être grand clerc ni même expert en réseau hydraulique pour constater que la ligne débit n'était plus guère à son crédit. Puisque les prélèvements à l'agence de l'eau n'étaient plus en état de la remplir, il convenait de saisir d'autres opportunités.

Déployant la carte de son bassin versant, la dame remarqua qu'il y avait ici ou là des peintres, des poètes, des chanteurs, des photographes qui s'inspiraient d'elle, se réclamaient de sa tribu Liger. C'est vers eux qu'elle devait se tourner pour rétablir un équilibre qui était grandement menacé par des profiteurs qui étaient intouchables, insolvables puisque jouissant d'une immunité environnementale. Comment lui reprocher ce manque de courage ? Elle agit ainsi au mieux de ses intérêts immédiats.

La Loire tout de go s'adressa à moi, prétendant qu'elle était ma principale créancière, que je lui devais énormément tandis que les circonstances lui interdisaient désormais de repousser aux calendes et même à l'estuaire mes innombrables créances. La dame allait se montrer impitoyable et me faire rendre gorge et val, sans autre forme de procès.

Devant l'énormité de la requête j'étais certain de me retrouver moi aussi à sec, sur le sable à défaut de paille. Que devais-faire ? Obtempérer et vider mon disque dur pour alimenter en mots qu'elle m'avait inspirés le flot désolant de son compte courant. Je doutais de pouvoir lui être d'une quelconque utilité. Une débitrice se paie rarement de mots, fut-elle de sang royal.

Dame Loire pourtant resta plantée sur ses positions. Elle m'envoya un huissier de justice pour vérifier le contenu de mes dossiers. Les preuves étaient accablantes, je l'avais honteusement citée, pompée, détournée. Je m'étais inspiré d'elle, n'hésitant jamais à l'évoquer, la décrire, la chanter, la raconter sans que jamais je ne lui restitue tout ou partie de l'eau de mon moulin à paroles.

Mon compte était bon et pour le prix de mes contes, fariboles et chansons je devais verser mon écho dans un puits sans fond, le sien. Aucun paiement à tempérament ne me fut consenti. Son déficit lui imposait de puiser à son tour dans les bourses de ses admirateurs, j'étais de ceux-là. Je voulus faire le malin, lui proposai alors de lui signer un chèque. Elle n'était pas dupe, elle en avait soupé de ses chèques en bois qui vinrent compléter sa flotte sans jamais véritablement fructifier.

La Loire m'étranglait, essorait véritablement mon compte en banque. Je n'avais d'autre solution que de me ruiner pour satisfaire sa demande. Un pauvre pot de terre dans un océan aux abois. Je versai ma si modeste part que sa côte demeura en dessous de sa ligne de flottaison.

Je lui avais rendu ce que je lui devais quand bien d'autres continuent honteusement de la vider de ses eaux pour remplir leurs avoirs. C'est pas la Loire à boire mais j'aurais aimé qu'elle me remercie, au lieu de quoi elle détourna les yeux pour couler des jours plus heureux loin de son serviteur zélé.

À contre-compte.

Le Jeudi 6 juillet 

Déambulation chantée et contée sur les quais

18 heures devant le bateau lavoir 

 

 

Le vendredi 21 juillet

La Loire poétique

La Paillote 19 h

 

Orléans sur Loire

 

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Commenter cet article
L
"Je versai ma si modeste part que sa côte demeura en dessous de sa ligne de flottaison."<br /> <br /> Donc on peut payer la loire pour se protéger de ses débordements ?<br /> Lorsque j'ai visité Orléans j'ai vu le niveau atteint par les aux inscrit sur la façade d'une maison.
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C
L hatem<br /> <br /> C'est un peu le serpent monétaire<br /> Les fluctuations sont imprévisibles et parfois excessives<br /> <br /> Méfiance