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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Jeter l'argent par les fenêtres.

 

Quand l'économie est en rideau.

 

 

Le fameux quoiqu'il en coûte du meilleur économiste de France nous contraint à envisager les tenants et les aboutissants de l'expression populaire : « Jeter l'argent par les fenêtres ! » N'y allons pas par quatre chemins, en cette période étrange durant laquelle le monde marche sur la tête, il est prudent de considérer toutes les conséquences de ce qu'on dit afin d'en mesurer la portée exacte. Il y a toujours une entourloupe avec ce pouvoir qui ne tient qu'une seule de ses promesses : « Nous faire marcher ! »

Le ministre du budget en personne s'indigne que nos bas de laine, par la force des choses, se soient largement gonflés durant ces périodes d'empêchement de dépenser en rond. Il a vilipendé ces frileux qui non seulement remplissent leurs placards de papier toilette mais également leurs différents livrets d'épargne. Un bon petit courant d'air faciliterait la ventilation de cet argent qui dort sous les matelas. Ouvrir la fenêtre serait donc selon-lui, la meilleure manière de remettre les économies en circulation pour enrichir les généreux donateurs.

Les experts médicaux quant à eux ont une toute autre analyse. Ils sont persuadés qu'aérer largement les domiciles dans lesquels vivent confinées des familles entières, permettrait de rafraîchir les esprits qui s'échauffent tout en limitant le bouillon de culture microbien ainsi constitué. La mesure suppose de mettre carte sur table et billet de banque également pour que ce courant salutaire profite aux seconds de cordées, ceux-là même qui respirent au grand air, au péril de leur vie. L'argent ainsi récolté compenserait tout juste les inégalités de salaire dont sont victimes ces malheureux.

Les spécialistes de l'environnement, inquiets de la dégradation des conditions climatiques ont quant à eux suggéré de repenser radicalement la répartition des richesses. Les tempêtes, ouragans cyclones promis dans les temps futurs doivent servir pour une plus juste répartition de l'argent à travers la planète. Plutôt que de confier vos économies aux ONG sans garantie d'efficacité, il vous sera conseillé d'attendre un fort coup de vent pour faire un geste humanitaire. Cette solution est un vrai souffle d'espoir.

Les banquiers se désespèrent de voir les comptes courants à l'arrêt. Leur désir de remettre en circulation l'argent liquide afin de le supprimer définitivement pour une plus grande transparence les a poussés à imaginer une journée fenêtres ouvertes. Fidèles à leurs habitudes, ils installeront de grandes pompes aspirantes pour récupérer toutes les liquidités qui traînent dans vos maisons afin de les geler sur des comptes de réserve. On peut s'interroger sur l'honnêteté de cette démarche qui finalement est dans la droite ligne de tout ce qu'ils font par ailleurs pour nous dépouiller.

La vérité est hélas plus prosaïque et retorse. Le pouvoir, conscient de l'état dépressif du peuple tout autant que de sa docilité a voulu redonner un peu d'espoir en profitant du goût immodéré de beaucoup pour les jeux d'argent. Le plan est si machiavélique qu’il mérite des explications :

Chaque français qui le souhaite devra choisir un billet de banque dont il notera précisément le numéro. Les grosses coupures sont recommandées car elles disposent d'une portance à l'air bien meilleure. Le bulletin de participation sera envoyé au ministère de l'éducation, de la jeunesse et des sports, chargé des jeux d'argent, avec une participation de 20 euros jointe à l'envoi.

Au jour et à l'heure choisis pour l'opération et annoncés au dernier moment en fonction des conditions météorologiques par une allocution présidentielle, les participants ouvriront leurs fenêtres pour y jeter leur billet. Il sera même recommandé de le plier pour en faire un bel avion de papier, afin qu'à nouveau les enfants rêvent à l'aviation.

Naturellement ce jour-là un confinement strict et généralisé sera décrété afin que personne ne se trouve dans la rue (les SDF ayant pour une fois été tous mis à l'abri). Dans les rues sillonneront des escouades policières, l'armée et les autres services assermentés. Les sirènes hurleront alors dans tout le pays pour donner le jet du billet.

Les billets seront soigneusement ramassés par les représentants du pouvoir avec leurs coordonnées géographiques. Un second dépouillement aura lieu par la suite pour déterminer le vainqueur, celui qui aura la chance d'avoir jeté son argent le plus loin possible. Il recevra, comme à la télévision une somme conséquente tandis que tous les autres iront dans les caisses du trésor public pour financer la crise sanitaire.

On ne peut qu'admirer cette formidable trouvaille, fruit de l'inventivité de quelques hauts fonctionnaires sortis de l'ENA. À ce titre, on peut légitiment déplorer la disparition future de cette merveilleuse institution, décision suicidaire du pouvoir qui risque fort de mettre un terme à de telles réponses pertinentes pour sauver notre économie moribonde.

Ventilatoirement leur.

 

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