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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Les joies des vacances.

L’avidité à toute heure

Les joies des vacances.

La diététique de l'été

 

 

Une rue commerçante dans une station balnéaire, les marchands de glace se disputent la bonne place aux vendeurs de confiserie et aux mangeoires immondes. Après des heures passées à choisir la bonne face à bronzer, les vacanciers ont besoin de se remplir la panse. C’est l’autre élément incontournable d’un séjour réussi. Il convient d’avoir toujours quelque chose à la bouche. La liste est longue, elle ne rassemble pas, hélas, ce qui honore la gastronomie tricolore.

Les glaces sont à juste titre, les vedettes de l’été. Elles symbolisent le besoin de se rafraîchir, l’envie de découvrir des parfums improbables, le désir de marcher en jouant les équilibristes avec une montagne de chantilly chimique recouvrant des boules aux couleurs pétantes et douteuses. La version italienne dispose elle aussi de ses fidèles, adeptes du mou et de l’insipide, ils risquent de se tacher à chaque pas, mais qu’importe, ils sont si peu vêtus.

Les goinfres de la crêpe et de la gaufre surprennent quelque peu. Ils semblent être à contre temps. Mais ils revendiquent ainsi leur envie de se faire plaisir en dépit de tous les conseils nutritionnels d’une époque qui jouent des paradoxes. La diététique peut bien attendre, les vacances c’est l’engraissement en plein soleil sans aucune retenue. Après s’être étalé des huiles plus que douteuses sur le corps afin de se préserver des rayons ardents du soleil tout en polluant joyeusement l’eau, ils veulent bronzer en profondeur en se lissant l’intérieur de lipides aux provenances incertaines. Quel soin du détail et de la cohérence !

Quant aux buveurs, ils ne sont pas en reste grâce à l’inventivité inépuisable et intarissable des estaminets et guinguettes en tous mauvais genres. Le rosé continue de se la jouer en ouvrant ses bras à tous les parfums possibles de l’industrie chimique des saveurs. Au pamplemousse, précurseur absurde de cette mode détestable, il convient d’ajouter la pêche, la fraise, la framboise et bien d’autres fruits qui n’ont sans doute jamais existé sous la forme naturelle.

Ça se boit à condition d’apporter une dose non négligeable de sucre, l’élément indispensable à la réussite de ces agents diffuseurs de l'infarctus et de l’obésité triomphante. Curieusement, avant les vacances, les mêmes se sont offerts des mois de régime, en suivant les bons conseils des magazines spécialisés dans le vide cérébral ! Maintenant, ils se rattrapent avec une appétence sidérante. L’été les vaches à lait du mercantilisme ruminent et s’abreuvent…

La bière est d’ailleurs la grande triomphatrice depuis quelques années. Elle investit les réfrigérateurs, ne laissant plus aucune place disponible aux véritables produits frais. Elle envahit surtout les berges, les fossés, les bords de routes et les plages quand elle est vide. Une bonne bière se boit fraîche et se jette n’importe où. C’est là un incontournable des vacances réussies ! Je n’évoque pas la capsule qui se met systématiquement en orbite pour finir toujours par revenir sur terre sans jamais terminer son ellipse dans une poubelle.

Bien sûr, la restauration rapide, car curieusement on doit user de ce vocable pour définir cette chose immonde, a plus que jamais sa place lors des vacances. Profiter de la vie et du temps qui n’a pas d’heure, c’est manger n’importe quoi, n’importe où, le plus vite possible et jeter les emballages pour fournir du travail aux employés municipaux, qui eux, ont la chance d’être au boulot. La vie sans contraintes en somme, le geste de l’été, jeter du mégot à la canette !

Voilà des vacances qui devraient satisfaire monsieur Hulot, le grand ami de tous ceux qui font vivre une économie de pacotille. La course effrénée à la destruction de la planète passe d’abord par nos ventres dépenaillés, des tongues aux pieds fabriquées par des esclaves lointains. Il en va ainsi du Nord au Sud, sur les côtés comme à l’intérieur. Le touriste a besoin de retrouver ses repères, les mêmes produits, les mêmes boutiques, les mêmes comportements ici ou bien là, en France comme partout dans le monde. Car voyez-vous, nous exportons le pire nos comportements délirants en nous prétendant encore membres de ce que nous appelons à tort une civilisation. Bonnes vacances à tous ! Crever la bouche pleine est le plus bel idéal qui soit pour les marchands de soupe.

Voracement leur.

Les joies des vacances.
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