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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Les problèmes de trains qui se croisent.

Aiguillage tarifaire !

Les problèmes de trains qui se croisent.

L’arithmétique d’alors.

 

Il fut un temps où le train vous garantissait le succès quand il s’agissait d’établir un problème de la vie quotidienne, usant tout à tour des notions de vitesse, de calcul du temps, de prix du billet sous le patronage de bienveillante ponctualité infaillible de notre SNCF d’alors. C’était une époque où le parallélisme des rails n’était pas remis en cause et où tout le monde payait la même chose pour être transporté.

 

Les choses ont bien changé. Les problèmes scolaires ne doivent plus être des casse-tête : l’écolier ne manie plus l’art complexe de la réflexion mathématique et la SNCF ne respecte plus les horaires. L’exactitude a déserté simultanément le monde scolaire et le monde ferroviaire ; il est bien loin de temps où Raymond la science prétendait voir le bout du tunnel. Depuis, on ne cesse de creuser les raisons de s’exaspérer et de ne plus rien comprendre à rien.

 

Mais revenons à nos moutons regardant passer les trains. Il est bon à ce propos de s’élever en faux contre la prétention des vaches à être les seules à jouir de ce privilège ; d’une part, parce que le train déserte massivement nos campagnes, niant par là-même son rôle de service public, et d’autre part, parce que les moutons sont précisément les clients qu’aime à tondre cette joyeuse entreprise commerciale.

 

Si le compost assure un terreau fertile, le compostage du billet relève, quant à lui, de la loterie, du jeu de hasard et de la plus parfaite bouteille à l’encre. Une poule n’y retrouverait pas ses petits dans la politique tarifaire d’un organisme qui use à plaisir de l’inégalité, de la combine, des avantages scandaleux et des arrangements entre fripons. Ajoutez à cette mascarade le mépris avec lequel sont traitées les petites lignes et vous comprendrez pourquoi les moutons, à force d’être tondus, finissent par être enragés.

 

Dans un compartiment de seconde classe, là où voyagent les clients qu’il convient de ne pas respecter outre mesure (autre fantaisie totalement anachronique et anti-républicaine), vous n’avez qu’à demander combien chaque passager a payé son billet pour découvrir à quel point ce système est abscons, incompréhensible et ubuesque. Les différences allant jusqu’au facteur dix ; la multiplication des petits pains ne passent plus pour un miracle devant l’imbroglio délirant des prix du billet de train.

 

Je comprends aisément pourquoi les maîtres ont renoncé à faire de la mathématique sur ce secteur qui se prend pour un acteur boursier avec fluctuation des prix et fantaisie des rabais. J’ai toujours remarqué que ce sont les plus pauvres gens qui se voient rackettés quand les habitués du déplacement professionnel disposent de tarifs honteusement avantageux. Un organisme tel que la SNCF devrait appliquer la politique du tarif unique.

 

Mais laissons là ces considérations anachroniques. Dans un monde résolument moderne, on propose la Wifi dans les TGV et la marche à pied dans les campagnes. C’est la conception de la société à plusieurs vitesses qui est sur les rails et la bonne vieille SNCF n’est pas la dernière à pratiquer ainsi la ségrégation négative, la discrimination rurale et la courbette vis-à-vis des grandes métropoles.

 

Dans le même temps, on laisse à l’abandon des voies, des ponts, des viaducs, des gares jusqu’au jour, lointain encore, où l’on découvrira que le train était une réponse moderne au dérèglement climatique. Alors, il faudra tout reconstruire pour le plus grand profit de quelques gougnafiers, amis du pouvoir. Souvenez-vous de ces tramways anciens qui ont disparu dans la seconde moitié du vingtième siècle pour revenir à grand frais cinquante ans plus tard.

 

Il y a quelque chose qui déraille dans cette société absurde. C’est curieux que l’on néglige ainsi tous les bons aiguillages et que l’on prenne systématiquement le chemin le plus scabreux. C’est sans doute moi qui ne comprends rien à notre époque et certains vont m’accuser alors d’être un nostalgique de la vapeur. Je préfère me garer des voitures, je laisse partir ces trains de l’immonde modernité : celle où personne n’est traité de la même manière. Après tout, c’est sans doute ainsi que veulent être considérés mes concitoyens, espérant tous, être dans le bon wagon.

 

Tôt ou tard, il y aura des wagons à bestiaux qui reprendront du service, il ne faut pas désespérer ; c’est dans la logique de cette société délirante. Prenez bien garde à ne pas être du voyage ! L’essentiel n’est-il pas de ne plus se soucier du sort des autres ?

 

Ferroviairement vôtre.

Les problèmes de trains qui se croisent.
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B
c'est exactement le même processus que l"achat des billets d"avion en fonction de certains paramètre ou critères,ce sont des algorithmes qui calculent le prix de votre billet, ce la s'appelle le "yield management" il me semble .
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C
Jacky<br /> <br /> Chaque fois qu'on utilise un terme anglophone c'est pour nous enfumer<br /> <br /> Tout ça c'est du vent et en avion il faut se méfier
J
Voir accident de Brétigny !!
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J
Tout à fait d'accord !!
C
Jacky<br /> <br /> Terrible en effet<br /> <br /> Toute une chaîne de responsabilité
K
Je référais à la notion de classe pratiquée et vendue par les compagnies
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C
Kakashi<br /> <br /> J'avoue être prudent désormais quant à vos commentaires<br /> <br /> Vous me jugez si mal
K
Enfin un sujet où nous tombons d'accord !<br /> <br /> On peut se poser les mêmes questions sur le prix des billets d'avion et des hôtels ! <br /> <br /> Et il est vrai que la notion de classe en rapport au porte-monnaie du client est cynique
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C
Kakashi<br /> <br /> Je suis cynique
D
Ironie de l'histoire et de l'epoque, une publicite pour les billets au meilleur prix en fin de blog!!!
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C
Dominique<br /> <br /> Laissons les pubs<br /> elles n'ont aucun intérêt