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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Le con, la brute et le truand

Retour sur le générique

 

 

 

Amateur de western spaghetti, le bon Freluquet envisagea de constituer un générique qui allait noyer le poisson et la faiblesse du scénario. Il sentait qu'en prenant pour premier rôle une presque inconnue, incapable d'attirer la lumière et encore moins la sympathie, il lui fallait enfoncer le clou en choisissant trois seconds rôles d'exception, capables de focaliser toutes les excrétions. Une stratégie à contre-pied pour un metteur en scène qui ne souhaitait pas nécessairement que son film marche.

Il avait pour référence les productions de Mocky. Il lui fallait des acteurs provoquant le rejet tant par leurs travers que par leurs comportements. C'est ainsi que lui vint en mémoire le titre : « Le bon, la brute et le truand ». Le premier adjectif ne convenant nullement à son intention de faire un navet de série B, il joua de la consonance pour opter pour ce con qui lui posa problème.

Après bien des recherches parmi tous les candidats, il considéra que seule une femme de son entourage correspondait parfaitement au profil escompté. Il lui trouvait tous les défauts qui placeraient ce qualificatif au sommet des caricatures, chroniques de chansonniers et polémiques de toutes natures. Le masculin s'imposant dans cette dame était véritablement une référence en ce domaine.

C'est donc Maryline Sherpa qui allait éclater véritablement par son jeu fait de vulgarité, de grossièreté, de bêtise et de prétention hautaine. Un florilège qui ne cesserait de focaliser l'attention, de détourner les regards sur les faiblesses grasses du scénario. Ce fut sans nul doute, la plus belle réussite dans son générique.

Pour la brute, il n'eut pas longtemps à chercher. Un candidat potentiel piaffait depuis longtemps, démontrant toutes les compétences pour jouer le parfait salaud, la belle ordure froide et vicieuse, capable de faire passer les plus odieuses actions par des propos mielleux et fourbes. Freluquet redouta bien un temps qu'il mettait le pied à l'étrier à un candidat potentiel à sa succession, mais qu'importe, le petit Dard en Main méritait amplement ce rôle.

Quant au truand, il faut avouer qu'il avait sous la main pléthore de prétendants. C'est naturellement la qualité idoine pour réussir dans ce milieu. C'est justement en se faisant cette réflexion que notre metteur en scène préféré eut l'idée de mettre une majuscule à Milieu. Cette fois, il n'avait pas à tergiverser, il avait le personnage rêvé pour symboliser à la fois la trahison, le mensonge, la veulerie et le mépris.

Il fallait bien obtenir son transfert. L'homme en question était une vedette du barreau, du théâtre de haute justice. Ce fut plus facile qu'il ne le prévoyait. Le reniement fut d'autant plus aisé que Durant Mots Rétifs n'était pas à un parjure près. Comme garde des sots, il ne pouvait y avoir plus beau candidat.

C'est donc ce trio d'exception qui allait amuser la galerie, faire passer le film pour une bouffonnerie noire, une parodie burlesque pour qui parvenait à conserver le sens de l'humour durant cette tragédie pour le cinéma national. Curieusement, c'est dans la rue que se pressèrent les spectateurs pour d'immenses projections en plein air qui eurent un succès populaire rarement égalé.

Ce fut un triomphe au-delà de toutes les prévisions. Maintenant, les acteurs en question étaient allés si loin dans l'abjection qu'il faudrait sans doute ne plus faire appel à eux pour le prochain film : « En route pour Sainte-Hélène ». Quel sera ce nouveau générique ? Nous ne devrons pas devoir attendre longtemps. Les rumeurs bruissent dans les agences de casting. Les ambitieux sans état d'âme, les fourbes et les veules ne manquent pas dans ce merveilleux microcosme. Tous les désespoirs nous sont promis.

À contre-émeute.

 

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