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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Une exposition dans le vent.

« Les Girouettes de Paulette »

 

 

 

Le Liger Club de l'Orléanais a l'honneur et le privilège de continuer le grand œuvre de Paulette Rhode qui comprit, bien avant que la mode s'empare à nouveau de cet élément clef de notre patrimoine, l'importance des girouettes dans notre histoire locale et nationale.

Alors que cet emblème, le plus souvent de la profession ou de la passion de ses propriétaires, ne retrouve toute sa place, cette femme a sillonné la région, le nez en l'air, à la quête de ce qui était alors le vestige d'un autre temps. Elle a ainsi constitué une collection de clichés puis de maquettes qui rendirent aux Girouettes de nos maisons, toute l'importance qu'elles avaient pour ceux qui les avaient forgées.

Il convient de revenir sur une histoire qui n'est pas s'en évoquer l'évolution qu'a connu notre pays au cours des siècles passés. Les Girouettes furent longtemps un privilège de la noblesse, comme si le vent ne soufflait que pour une caste qui s'arrogeait par exemple le privilège de posséder les moulins qu'ils fussent à eau ou bien à vent.

Savoir d'où venait le vent n'était donc pas permis par l'entremise de cet objet au demeurant banal. La Révolution bouleversa l'ordre établi et mit un terme à cette injustice criante. Les girouettes des maisons aristocratiques furent mises à bas tandis que très rapidement, le peuple s'arrogea le bonheur d'afficher sur son toit la marque de son métier.

Les premières girouettes républicaines devinrent des enseignes, des porte-drapeaux de la corporation à laquelle appartenait son propriétaire. Les métiers furent ainsi les principales représentations d'un art imminent populaire. Le vent avait tourné, il soufflait désormais pour tout le monde.

Comme bien souvent, le sens des avancés sociales se perd dans la marche inexorable du temps. Les girouettes se mirent à grincer, oubliées qu'elles étaient, sur des maisons et dans des territoires qui subissaient de plein fouet l'exode rurale. Ce fut là l'importance considérable de notre regrettée Paulette Rhode, qui prit conscience de la nécessité de conserver trace de ce passé qui se mourrait.

Le temps n'étant qu'un éternel recommencement, les gens retrouvèrent petit à petit le plaisir de lever le nez au ciel pour voir d'où venait le vent. Des collectionneurs comme Paulette et bien d'autre redonnèrent leurs lettres de noblesse à un art populaire qui petit à petit a su se reprendre le vent en poupe.

Les temps ont naturellement changé. Les métiers ne sont plus que rarement mis en avant, la société des loisirs a pris le pas et les girouettes ont suivi le mouvement, évoquant plus sûrement une passion, un passe-temps, un hobby qu'une activité professionnelle. Mais qu'importe, elles portent toujours plus le désir de ceux qui les fabriquent ou les commandent, le besoin d'exprimer haut et beau leur particularité.

Les Girouettes d'aujourd'hui, pour différentes qu'elles soient n'en demeurent pas moins l'expression d'une revendication individuelle à afficher une particularité, une identité dans une époque qui tend à l'uniformisation. Elles sont en cela un témoignage vivace de la force d'une culture populaire qu'il importe de ne jamais déconsidérer

L'exposition proposée par le Liger Club cherche à vous redonner ce plaisir de marcher dans votre territoire, les yeux tournés vers le ciel, pour y rechercher cette affirmation si personnelle d'un particularisme revendiqué. Au-delà des maquettes et des girouettes exposées, de leurs pendants ligériens avec les girouets des mariniers de Loire, issus eux aussi de la même tradition, nous vous invitons à un voyage dans le temps, à une plongée dans l'art brut et naïf tout comme à une invitation à aller plus loin notamment par le truchement d'activités pédagogiques proposées aux enfants des écoles, à des chansons, des contes et des poèmes évoquant ces petits chefs d'œuvre si discret qui se cachent sur les toits.

Chaque village recèle ces trésors discrets, témoins d'une culture populaire qui n'aura jamais sa place qu'elle mérite dans les grandes collections nationales. Notre ambition est, avec votre collaboration d'accroître sans cesse notre collection tout en vous donnant l'envie de réaliser à votre tour une girouette qui fera l'honneur et la fierté de votre demeure. Depuis que nous proposons cette exposition, de nouvelles girouettes ont fleuri sur des toitures et c'est là notre plus bel hommage que nous puissions faire à notre amie Paulette Rhode.

À contre-vent.

 

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