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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Un sacré coup au cœur.

Vous repasserez !

 

Les dirigeants du monde entier se penchent soudainement sur notre santé, oubliant au passage les enfants qui meurent de faim et bien d'autres calamités sanitaires qui peuvent rapporter gros. Vous devez suivre à la lettre les prescriptions gouvernementales vous invitant à garder la chambre, à vous mettre à la diète sociale et à faire régulièrement un test qui plombe encore plus les finances de la sécurité sociale.

Obéissants et dociles, vous vous pliez à ces injonctions, pensant que cette fois, oui, vraiment, votre santé est devenue la priorité absolue, l’obsession nationale. Adieu, les lits qu'on ferme dans les hôpitaux, les déserts médicaux et l'impossibilité de trouver un médecin rapidement. Vous pouvez toujours y croire à moins que vous ne preniez la peine de lire cette petite histoire édifiante et vraie.

Il était une fois un tout nouveau sexagénaire, depuis toujours libre comme l'air et amoureux des flots. Ce jour-là, comme à son habitude, il partit passer sa journée sur la Loire, sur son cher canoë. C'est à la remonte, poussant sur les bras pour qu’avance son frêle esquif qu'il sentit comme une piqûre d'insecte au thorax. Il avait encore un bon kilomètre à faire face au courant…

Plus il pagayait, plus il peinait tandis que la douleur devint petit à petit insupportable. À bout de force, il parvint jusqu'à la cale où l'attendait son véhicule et fort heureusement un pêcheur à la ligne. Exténué, livide, hagard, il tomba dans les bras de ce quidam qui fort heureusement avait été jusqu'à sa retraite : pompier de Paris.

Notre ami avait fait un fort vilain infarctus. Les secours appelés, ne tardèrent pas. Durant le trajet, il reçut par trois fois de fortes doses de morphine, sauvé de la mort par un service qui est encore la fierté de la nation. À l'Hôpital, pris en charge, il fut promptement opéré et on prit grand soin de lui avant que de l'envoyer dans un centre de repos et de soin.

De ce jour, le gaillard le fut beaucoup moins. Sa santé resta vacillante lui interdisant tout effort physique. Il avait un vieux médecin de famille qui n'allait pas tarder à fermer boutique, l'âge de la retraite largement dépassé. Il fallait que notre homme s'inquiète d'un remplaçant, la chose est ardue dans cette Métropole.

En attendant, le premier déboire avec l'institution médicale ne tarda pas. Il avait été convenu, compte tenu de la gravité de sa crise cardiaque de lui poser un défibrillateur permanent. Il reçut la lettre pour se faire opérer 4 jours après la date convenue. Un détail si la crise du Covid n'était venue se mêler à son histoire.

La suite est facile à deviner. Circulez, il n'y a plus rien à voir. De coups de téléphone en coups de téléphone, il allait de plus en plus mal sans qu'il soit possible d'être pris en charge. Notre ami n'ayant ni fortune personnelle ni relation, il n'était pas envisageable pour lui d'aller ailleurs qu'à l'hôpital. À force de persévérance et surtout en court-circuitant le standard, il parvint à toucher le chirurgien qui lui avoua que son agenda était particulièrement délesté du fait de la fameuse pandémie qui bloquait toute activité. Il fut opéré.

De retour chez lui avec un lourd traitement, il se préoccupait désormais de trouver un nouveau médecin traitant. L'aventure lui sembla possible car dans sa commune entre Loire et forêt, une maison de santé ouvrait ses portes avant que de la lui claquer au nez, ne disposant déjà plus de place. Il fallait qu'il aille voir ailleurs…

Début février, il trouva enfin une réponse à ses appels de plus en plus angoissés. Une autre maison de santé lui tendait les bras bien qu'il fut dans la grande ville voisine. Il fallait pour cela qu'il attende 50 jours pour son premier rendez-vous. Il est vrai que pour un test PCR, le délai imposé à tous est de 48 heures tandis que pour un cardiaque, le battement est bien plus grand. La veille de sa première rencontre avec sa future praticienne, il était convenu dans ces fameux protocoles qui fleurissent désormais partout d'appeler le standard pour confirmer. Il est vrai que l'on meurt beaucoup en cette période.

Six fois, en vain, il a laissé son téléphone sonner sans qu'on daigne décrocher à l'autre bout du fil. Six fois, un message tournait en boucle le priant de patienter, ce qui est la moindre des choses pour qui veut devenir patient. À la septième, las d'avoir ainsi perdu son temps, il a laissé un message vocal…

Le lendemain, à l'heure convenue, il s'est présenté dans cette maison payée avec des fonds publics, doit-on le leur rappeler ? À l'accueil il lui fut signifié de manière discourtoise qu'il n'avait pas pris la peine de téléphoner la veille si bien que sa place était occupée par quelqu'un d'autre. Il signala aimablement que n'ayant pu obtenir le plaisir d'avoir en direct une si aimable personne, il avait laissé un message sur le répondeur. C'est alors qu'on lui répondit sèchement : « Ici, nous n’écoutons pas les messages ! »

La maison de santé peut ainsi passer à côté d'appel de détresse pour ne pas surcharger son agenda. Notre ami déconfit, aura un nouveau rendez-vous dans un mois et doit compter sur la mansuétude bienveillante de son pharmacien pour renouveler son ordonnance qui est arrivée à son terme. Vous voyez que notre santé compte vraiment dans ce pays et que nous pouvons mourir sur nos deux oreilles pourvu que ce ne fut pas de ce satané Covid, arbre étrange qui dissimule une forêt dévastée.

Sanitairement leur.

 

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