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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Tom à la ferme.

 

L’enfant de la ville n'est pas un descendant de Caroline.

 

Il était une fois, Tom, un petit citadin qui durant les vacances eut le privilège de se rendre à la campagne. Tout y était nouveau pour lui. Il découvrait là le bonheur ineffable de pouvoir courir sans craindre les automobiles, d’aller à sa guise sans craindre l’accident domestique. C’est du moins ainsi qu’il percevait cet immense théâtre à ciel ouvert que constitue une ferme.

Sa mère se réjouissait qu’il puisse ainsi partager le bonheur qu’elle avait eu enfant quand elle venait elle aussi découvrir ce monde merveilleux. Elle s’attendait à ce que son fils fut tout comme elle en admiration devant les animaux. C’est ainsi qu’elle le prit par la main pour s’en aller rencontrer les hôtes du poulailler.

Les poules le laissèrent coi. Il ne trouva guère d’attrait à ces dames qui se jetaient sur tout ce qu’on leur donnait à manger. L’enfant pensa que ce n’était là que des ventres sur pattes, munis d’un bec qui se piquait de dévorer plutôt que de bien chanter. Tom réclama à corps à cri la présence du coq. Celui-ci ne se manifesta pas, il avait sans doute mieux à faire que d’éveiller la curiosité de ce petit garçon.

Les canards eurent un temps la satisfaction de trouver grâce à ses yeux. Ce n’était hélas qu’une simple illusion. Ce qui attirait l’enfant n’était pas les joyeux palmipèdes mais plus sûrement la mare sur laquelle ils évoluaient dans un joyeux tintamarre. Patauger était de très loin bien plus passionnant que d’admirer les évolutions de ces bestioles ridicules une fois qu’elles se trouvent sur la terre ferme. L’enfant se salit avec une application qu’on ne lui connaissait pas.

Sa mère horrifiée, songea qu’il fallait le mettre nez à museau avec des bêtes à cornes, celles précisément qui avaient toujours eu sa préférence. Les vaches lui firent leurs yeux de biche, c’étaient de magnifiques Aubrac. Le gamin impassible ne se laissa pas séduire. Il avait mieux à faire que de regarder les bovins, leurs bouses étaient un terrain de jeu bien plus extraordinaires.

Ce premier jour de découverte se solda par une lessive et un récurage complet de l’explorateur. Il y aurait certainement des sujets d’intérêt autres que ce qui sent mauvais et laisse vilaines traces. Il ne faut jamais désespérer de la curiosité enfantine. C’est donc plein d’espoir que le lendemain se présenta avec de nouvelles surprises.

Les chats étaient là en pays de cocagne. Ils se multipliaient à loisirs, allaient librement pour chasser les rongeurs, amateurs de grains. Mais pas moyen d’approcher ces sauvageons, ils étaient libres comme l’air, indociles et peu disposés à subir les caprices d’un enfant de la ville. Les chiens quant à eux, étaient à l’ouvrage, guidaient les bêtes quand elles allaient au pré et chassaient les intrus qui s’approchaient de trop près. Eux non plus ne se flattaient pas de préférer les caresses à leur métier ancestral.

Le petit Tom trouva un temps son bonheur dans les bottes de foin. Roulades à gogos, cachettes à foison, des brins qui s’insinuent partout, de la poussière et des effondrements qui font crier les adultes, il y avait de quoi satisfaire ce charmant brigand. Mais bien vite, la peau vint à lui gratter, il se lassa de ça comme du reste. Seuls les lézards le mirent en émoi. Ceux-là se refusaient à sa curiosité, se dérobant si prestement que c’en était étonnant. Là au moins, la traque valait la peine d’être vécue.

Sa mère se désespérait, la ferme n’était pas source d’émerveillement. C’est du moins ce qu’elle pensait jusqu’à ce qu’un grand vacarme se fit dans la cour. Le tracteur tirant une énorme remorque fit son apparition devant un garçon émerveillé. Voilà là un splendide monstre de fer, un engin digne des grands chantiers de la ville industrieuse. Tom avait les yeux grands ouverts, c’est là le plus magnifique jouet qui puisse exister.

Il trépigna, fit la colère, réclama de chevaucher la machine hurlante, munie de pinces gigantesques devant un museau étiré. Il eut enfin gain de cause. S’installa dans la cabine, le volant en main. Fort heureusement, l’endroit était climatisé, confortable et même insonorisé. De là, les vacances à la ferme pouvaient commencer réellement. L’enfant était aux anges, il avait trouvé son centre d’intérêt. Il y passa le reste du séjour, participant à tous les travaux de ce temps de l’après-moisson. En rentrant dans sa lointaine ville, il dira à ses amis qui n’y comprendront rien : « la Ferme ça me botte ! » La mécanisation a parfois du bon.

Mécaniquement sien.

 

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J
« la Ferme ça me botte ! » La mécanisation a parfois du bon.<br /> Il est probable que ce plaisir de la mécanisation lui vienne de son grand-père, même si celui-ci se défend d'être un écologiste!
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C
Jean<br /> <br /> Le prochain roman prouvera ce que je suis vraiment