Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Mettre la campagne à la ville

Avec leurs gros sabots

 

Est-ce pour satisfaire à ce mot à la mode que nos chers candidats battent la campagne dans la grande ville pour obtenir nos voix alors que la plupart de nos chères têtes de liste ignorent tout de ce vaste territoire dénué de maisons ? Pour ce faire et rester d’après leur logique immuable plus près du terrain, ils arpentent les marchés et battent les pavés avec une infatigable constance. C’est tout à leur honneur que de découvrir, ne serait-ce que les mois précédents l’échéance électorale, les vertus du débat et de la confrontation de la plèbe.

Rassurez-vous, le vote passé, le résultat acquis, les votes engrangés, tout ce joli monde, s’en retournera joyeusement à ses habitudes, plaçant un cordon sanitaire et sécurisé entre les gueux et leurs honorables personnes. C’en sera fini de l’odieuse nécessité de slalomer entre les chariots à roulettes et les cabas tout en devisant sur le prix du kilogramme de poireau, sujet pour lequel un conseiller a pris le soin d’établir une fiche. Ils retourneront dans leur tour d’ivoire, forts d’une caution élective qui vaudra pour les six prochaines années sans le moindre partage ensuite.

Il en sera terminé de cette fameuse démocratie participative qui leur brûle la bouche, nouvelle formule magique destinée à berner les gogos et les naïfs. Ils auront fait croire, le sourire aux lèvres et la main sur le cœur, que leur programme a été élaboré avec les éléments récoltés sur le terrain. Nous devrions nous en réjouir sans prendre la peine de nous interroger sur la célérité miraculeuse avec laquelle ils ont pu synthétiser les idées venues de la base en si peu de temps.

À les en croire, nous serions les véritables auteurs d’un programme participatif qui s’est imposé à eux, sans tenir compte pour une fois des impératifs de la conduite d’un budget. Le miracle de la multiplication des pains appliqué à la conduite d’une municipalité qui va raser gratis à partir du premier avril, une date certes qui n’a pas été choisie au hasard.

Quand les gros poissons auront gagné leurs bancs, le menu et petit fretin n’aura plus qu’à se taire. L’essentiel étant d’être tombés, la bouche en cœur, dans leurs filets à petites mailles, pour remplir, non pas des bourriches, mais des urnes qui cloront définitivement les bonnes intentions des discours. Puis tout recommencera comme avant avec des conseils municipaux qui ne sont que la chambre d’enregistrement sans débat contradictoire de décisions prises dans le secret de cabinets obscurs.

La campagne évidemment laissera des cadavres sur le champ de bataille. Les amis d’hier ne se pardonneront plus les trahisons de l’heure. Seuls ceux qui sortiront vivant de cette hécatombe, conserveront cette place qui les élève au-dessus des pauvres citoyens que nous sommes. Places gratuites, invitations multiples, cocktails et petits fours pour les élus, pain sec et anonymat pour les autres. Le théâtre du Grand Guignol nous offrira de nouveaux personnages tandis que comme toujours, seule une toute petite poignée de décideurs (rarement au féminin) reprendra les rênes d’une démocratie qui n’aura plus rien de participative et encore moins de collégiale.

Alors, au moment d’effectuer votre choix, refuser de signer un blanc-seing. Conservez votre droit de regard, imposez des espaces de controverse, réclamez une véritable transparence. N’oubliez jamais que dans cette République, le peuple seul est souverain tandis que les élus ne sont que vos représentants provisoires et révocables. À ce titre, méfiez-vous comme de la peste ou du coronavirus de ceux qui font métier de la chose sans la moindre étiquette qui nous informe de la traçabilité du produit.

Dans une véritable démocratie, l’honneur d’être mandaté pour décider au nom de tous ne devrait être qu’un passage éphémère (un mandat unique au cours de sa vie) soumis au contrôle permanent du citoyen. Nous sommes hélas loin du compte dans une élection où implicitement le coût de la campagne atteste indubitablement que c’est un privilège que celui de pouvoir se présenter en ayant une chance de sortir vainqueur. Les sommes dépensées pour vous distribuer de beaux tracts sur papier glaçant témoignent que l’argent fausse le débat afin de toujours donner la victoire à ceux qui disposent de ressources conséquentes.

La farce terminée, les masques retomberont tandis que les belles promesses iront rejoindre les illusions perdues. L’environnement, la démocratie, la solidarité cesseront soudain d’être la priorité de ces gens trop pragmatiques pour s’encombrer de préoccupations si futiles. Vous serez une fois encore les dindons de la farce mais après tout, c’est bien de votre faute, vous gobez bien n’importe quoi !

Circonspectement leur.

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article