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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Le gratin

Comparaison n’est pas raison

 

Ils se pensent sans complexe le gratin d’une société tout simplement parce qu’on les appelle d’une expression pourtant peu flatteuse : « Les grosses légumes ». Ils sont persuadés d’appartenir au haut du panier, là où ils ne se mélangent guère avec la plèbe et la racaille. Ils jouent de l’apparence pour séduire et attirer le regard de la ménagère de moins de cinquante ans, leur cœur de cible, eux qui curieusement manquent cruellement de cet organe.

La plupart du temps, ils n’ont pas été élevés en pleine terre mais plus sûrement dans des serres qu’on désigne du vocable de Grandes Écoles. En dépit d’un terreau favorable, ils ont souvent besoin d’un tuteur, d’un mentor qui leur ouvrira les portes quand leur prend l’aventure de tenter un repiquage qui dans leur jargon devient un parachutage.

Pour que la greffe prenne chez les ploucs, ils apprennent à flatter le cul des vaches, à serrer des pognes et à nous mettre les phalanges en purée. Ils ont la mine si réjouie quand ils font l’étal sur les marchés qu’on les sent capables d’y prendre racines. Soudainement, ils ont la fibre populaire, un moment d’égarement qu’ils s’empressent d’oublier quand ils retournent dans leurs beaux salons.

C’est là qu’ils concoctent leur cuisine électorale, s’entourent de chefs étoilés afin de déterminer les ingrédients qu’il conviendra de mettre dans leur profession de foi. Ce n’est qu’un jeu d’apparence, un assaisonnement subtil sans la moindre conviction sincère. Ils se contentent d’exhausteurs de saveurs artificielles, il y a bien longtemps qu’ils ne connaissent plus le goût des vraies choses.

Pendant la campagne, ils mijotent à petit feu, font la une de tous les journaux, se pressent partout où il y a cliché à prendre. Suivant l’art de la nouvelle cuisine, ils se satisfont du tape à l’œil et du clinquant. Ils se moquent éperdument des saveurs authentiques, leur crédo est l’artificiel. Ils sont désormais si retors qu’ils se passent aisément de traçabilité, refusant l’étiquette et les appellations d’origine.

Puis, la dernière ligne droite se précise. Ils passent à l’éteignoir, se font des vapeurs à tel point qu’ils perdent parfois toute consistance. La solution est alors de les passer au four, d’en faire un plat réchauffé, un gratin qui donnera le change. Les belles couleurs qu’ils prendront à la cuisson tromperont les électeurs qui aiment à se laisser duper.

Du gruyère et un peu de beurre feront le reste. Ils sortiront de l’épreuve fort appétissants. Le craquant est sur le dessus, il convient pourtant de ne pas creuser la question. Le dessus est terne et sans consistance. L’essentiel est pourtant assuré, ils ont passé la concurrence à la moulinette, fort d’une brigade de cuistots chevronnés et d’un budget qui décourage les petits légumes. Les jeux sont faits, la bataille n’est jamais égale dans cette parodie de démocratie.

La première bouchée avalée, une fois digérée la couche superficielle, ils s’en retourneront à leurs pratiques de caste. Adieu les marchés et les tablées populaires, le temps sera revenu de mépriser la plèbe autour des tables d’apparats. Les petits plats à nouveau dans les grands, reviendra le temps de se gaver aux frais de la princesse.

Ils retrouveront leurs apparences anciennes qu’un régime maigre avait un temps émincées pour le besoin de la parade et des clichés. Ils redeviendront ces choux pommelés confits dans leur importance et dans le gras. La soupe est bonne, ils s’en délectent sans honte. Le gratin colle au plat d’une Démocratie qui s’attache toujours à privilégier la canaille. Nous avons beau le savoir, nous nous laissons toujours prendre à leur piège.

Mijotement leur.

 

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J
C'est Nabum serait-il contre la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789?<br /> Art. 6. La Loi est l'expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. Tous les Citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents. <br /> Dénigre-t-il la vertu et le talent de nos candidats aux élections?
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C
Jean<br /> <br /> Je ne suis pas un Démocrate dans le sens où je n'entends nullement confier ma destinée à des gens qui s'arroge les pouvoirs sous prétexte qu'ils sont mieux nés