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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Supplément au programme

Pour le plaisir du partage

 

 

Après le concert pour les Matelots de la vie, la présidente des amis de la maison de retraite du Pouliguen est venue à ma rencontre à la fois pour me féliciter, ce qui n’est jamais désagréable tout en regrettant de n’avoir pas été avertie de ma visite pour me proposer aux pensionnaires de la résidence : «Andrée Rochefort ». Ma réponse fut immédiate : « Il n’est pas trop tard ! »

C’est ainsi que deux courriels plus tard, rendez-vous était pris pour le surlendemain afin de proposer une séance récréative aux personnes âgées. Alors que je cherchais à transposer quelques contes au pays blanc, un heureux concours de circonstances me mit sur la route de Jean-Jacques, guitariste et mélodiste des Fous de Bassan par le truchement d’une invitation fort agréable.

C’est ainsi que deux heures avant le rendez-vous dans la maison de retraite naquit l’idée d’un duo impromptu. Comme souvent, j’éludai ses questions sur ce que j’allais dire et ce qu’il devrait chanter, ne sachant jamais ce qui surgira de ma besace. Il accepta cette prise de risque d’autant plus aisément qu’il avait mis en musique six de mes textes. Il y avait matière à proposer un spectacle au débotté d’autant que son répertoire est large.

Malgré quelques difficultés techniques nous entamâmes ce qui devait durer moins d’une heure. Un conte, une chanson, le rythme était pris. Les pensionnaires étaient incroyablement attentifs, leurs visiteurs vinrent se mêler au public ainsi que les personnels qui en avaient la possibilité. Plus le temps passait, plus le public était nombreux.

Ce fut un moment qui devint un véritable spectacle de deux heures sans la moindre lassitude de la part de personnes dont on se plaît à douter de leur capacité de concentration et d’écoute. Bien au contraire, les yeux brillaient tandis que les applaudissements n’étaient pas ménagés. L’alternance conte et chanson donnant naturellement une respiration de bon aloi.

J’eus même la surprise de voir arriver deux choristes qui avec la complicité du guitariste avaient préparé un de mes textes sans avoir pu le chanter après le spectacle. La chose était rattrapée et c’était à moi, d’être pris par l’émotion. Nous terminions ce spectacle improvisé deux heures plus tard, ne pouvant pas partir sans répondre aux nombreuses sollicitations des pensionnaires.

Celle-ci voulant me raconter sa jeunesse de paludière lorsqu’elle portait le sel sur la tête dans une lourde caisse en bois. Cette autre, le métier de marin pêcheur de son époux, celle-ci l’histoire de sa vie tout simplement. Il suffit d’ouvrir la boîte à paroles pour que remontent les souvenirs et les anecdotes. C’est là un formidable cadeau que nous offraient en retour nos anciens.

Voilà une expérience qui me pousse à espérer de nouvelles sollicitations. Curieusement, il est bien compliqué d’entrer dans la programmation des Ehpad, les contraintes budgétaires poussant les animatrices à devoir faire des choix. Ce n’est pourtant pas ce que je vais leur demander qui va mettre à mal le budget et les inévitables dividendes à servir aux actionnaires. Le plaisir des pensionnaires est donc de bien peu d’importance dans pareil cas !

Qu’importe, je continuerai à vouloir aller à la rencontre des cheveux blancs. Je suis persuadé de l’importance de ces récits qui évoquent leur passé, le patois et plus important encore, leur jeunesse. C’est certainement plus efficace que bien des traitements qui n’ont d’autre but que de favoriser une industrie pharmaceutique où la philanthropie n’est pas à l’ordre du jour.

Je rentre en Orléans avec en mémoire des sourires édentés pour la plupart mais d’une incomparable intensité. Merci à eux, ce fut ma plus belle récompense. Tout ceci n’aurait pas eu lieu sans les Fous de Bassan, je leur en suis naturellement, extrêmement reconnaissant.

Anciennement leur.

 

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