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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

La récompense.

Un gros lot qui conte !

La récompense.

Fleuve de Mots, Rivière d’Images

 

Les élèves de la classe Cliss du collège Tiller de Cosnes ont reçu un gros paquet cadeau au curieux emballage et à la dégaine incertaine. Ils avaient, pour mériter pareille récompense, participé à l'activité pédagogique proposée par Loire Rivière Sauvage, intitulée « Fleuve de Mots, Rivière d’Images ». Au terme d’une année de recherches, d’enquêtes, de visites sur les animaux fréquentant la Loire, ils réalisèrent une fresque qui remporta le premier prix dans leur catégorie. La cerise sur les travaux étant un Bonimenteur, pieds nus et béret vissé sur la tête. Il y avait de quoi être surpris !

Ces élèves ont entre 13 et 17 ans, ils doivent leur placement dans une classe spécialisée intégrée dans un collège à des difficultés scolaires qui exigent l’accompagnement d’une enseignante formée pour prendre en compte leurs spécificités. Ils bénéficient, suivant leurs besoins et de leurs possibilités, d’inclusion dans les classes ordinaires en suivant qui un cours de français, qui un cours de géographie ou bien d’anglais. C’est le principe même de ces classes.

Ils viennent de trois départements, de deux régions administratives, sont peu ou prou tous riverains de la Loire ou du canal latéral. Certains viennent en taxi après un assez long trajet, c’est là le lot des élèves de telles structures. Ils habitent Belleville, Saint Satur, Bonny-sur Loire, Neuvy-Sur Loire, Cosnes, Saint Père, et des villages voisins. Ce n’est pas pour autant qu’ils sont familiers de la rivière. Ils se font rares les jeunes gens qui y pêchent, s’y baignent ou bien s’y promènent. Les écrans ont supplanté les activités de pleine nature.

Leur enseignante les a accompagnés dans ce concours par différents travaux, des lectures, des visites. La veille de ma venue, ils se sont rendus au musée local de la marine de Loire. Ils se sont attachés à découvrir les métiers d’autrefois liés au transport fluvial. Ce fut l’occasion de leur donner à écouter la chanson que Dan Grall m’a merveilleusement mise en musique : « Ceux d’la rivière ! » après une série de contes que je venais de leur offrir. Pour eux, c’était une double découverte. D’une part, celui du récit en direct, sans images et pour de vrai.

Car la récompense c’était votre serviteur. La classe avait gagné le droit de recevoir la visite d’un diseur d’histoires de Loire, puisqu’elle avait si bien travaillé sur le sujet. Deux heures durant et sans doute un peu plus, ils écoutèrent sagement, applaudissant à chaque récit, n’osant pas toujours intervenir, semblant surpris qu’à leur âge, ils se laissent ainsi prendre par des contes, eux qui pensaient que ce n’était que pour les jeunes enfants. D’autres aussi s’y firent prendre, les adultes présents dans la classe : l’enseignante en premier lieu mais aussi une collègue venant d’un IME, deux AVS, la bibliothécaire et une autre encore dont je n’ai pas saisi la fonction exacte.

Le gros lot se fit un malin plaisir de proposer une grande diversité de récits ayant tous pour décor la Loire, prétexte commode pour évoquer notre société, ses travers, ses dérives. Les uns étaient animaliers, d’autres historiques, certains n’étaient que des farces, un autre fut quelque peu coquin (ils sont assez grands pour cela), qu’importe les habits du scénario, puisque derrière, il y a matière à critique du monde tel qu’il dérape. Chaque fois la même écoute, les mêmes sourires, la même attention. Ils en redemandaient, je ne me faisais pas prier !

Ils eurent ainsi matière à réfléchir, à rire, à rêver, à trembler, à s’interroger ou à apprendre. L’espace de quelques contes ils voyagèrent dans le temps, l’imaginaire et la fantaisie. J’ai toujours pensé que cette activité devrait avoir pleinement sa place dans l’enseignement. C’est peu ou prou ce que je fis quand j’exerçais à la manière d’un monsieur Jourdain qui ignorait alors qu’il était conteur. Maintenant, que j’ai le temps devant moi, j’aimerais le faire plus souvent. Hélas, l’éducation nationale est le plus souvent une forteresse impénétrable.

Qu’importe, je m’offre quelques intrusions par la petite porte et parfois par la lucarne, sans passer par des accréditations ni les courbettes dans les inspections académiques. Je laisse ça à ceux qui aiment à se plier aux grimaces. La spontanéité s’étiole quand il faut ainsi monter patte blanche et programme aseptisé. J’arrive sans programme établi, je me laisse porter par les circonstances, les réactions, le contexte. L’improvisation a sa place pour mettre en scène ce qu’ils sont tout comme leur village. C’est la force du spectacle vivant, c’est ce qu’ils découvrirent grâce à ce curieux paquet cadeau. Merci à eux de m’avoir permis de souffler le vent !

Conteusement leur.

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