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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Le nerf de la guerre

L’amitié n’y résiste pas toujours.

Le nerf de la guerre

Un simple coup de tabac ...

 

 

Un groupe d’amis, de bons camarades, marins d’eau douce qui placent cette valeur au-dessus des mesquineries de la vénalité ont décidé de rompre les amarres avec leurs anciens compagnons afin de ne pas reproduire les errements que l’argent ne manque jamais de provoquer quand il s’agit de remplir un compte d’épargne et d’accumuler subsides et subventions, prestations et rentrées d’argent. C’est promis, c’est juré, ils ne veulent plus sentir la frite et passer les fêtes à tenir une buvette pour plumer les gogos.

Rien que de belles postures louables et respectables. Les déclarations d’intention sont enthousiastes, la main est sur le cœur et non plus sur le porte-monnaie. Je regarde, amusé, ce charmant moment où tout est alors possible quand le principe de réalité n’est pas venu semer son venin maléfique. Ils ont envie de naviguer, faire la fête, se retrouver sur l’eau et non pas, les mains le long des plis du pantalon à répondre aux ordres d’un caporal d’opérette.

Je ne peux qu’applaudir même si désormais, chat échaudé craignant l’eau froide et la dérive des associations, je préfère rester à distance, simple témoin bienveillant, bienfaiteur certes mais plus jamais membre d’une armada quelconque. J’ai des amis partout et il n’est pas question de les froisser en choisissant un pavillon plutôt qu’un autre. Ce n’est sans doute pas très courageux, j’en accepte la remarque !

La réunion se poursuit et arrivent alors les inévitables contraintes financières. Je ne connais aucune activité qui échappe à cette nécessité de mettre la main à la poche pour financer son loisir. Là, c’est le problème des pontons qui saute aux yeux. Le coût en est exorbitant actuellement, mettre à l’abri un bateau suppose de cracher au bassinet. Il convient de trouver une solution alternative, une réponse autonome et surgit alors la question : « Mais combien ? »

L’argent s’invite déjà dans le débat. Il y a les tenants du financement personnel, ceux-là ont des moyens en propre qui leur permettent d’envisager aisément de payer quand d’autres doivent avouer, un peu déconfits, qu’ils n’en ont pas les moyens. C’est souvent ainsi que les groupes d’amis se recrutent quand ils veulent durer, dans des classes sociales disposant des mêmes revenus. Triste réalité d’une société où l’argent commande tout !

Cette fois, la belle harmonie inaugurale se fissure. Les uns évoquent une subvention municipale, un dossier sur lequel reposent les espoirs, est en cours de rédaction. La communauté va supporter aimablement l’émergence d’une nouvelle association, une de plus dans cet incroyable imbroglio local ? J’ai un doute … Les autres ont envisagé et avancé un projet avec une fondation patrimoniale. C’est trop beau pour être vrai tout en ayant le mérite d’ouvrir les portes du rêve !

Cette fois, le ton monte. Pourquoi croire les promesses de ce mécène éventuel ? Ne conviendrait-il pas de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ? Les doigts crochus reviennent en catimini, l’envie de chercher tous azimuts des sources de revenus : sponsors, mécènes, actions lucratives … Sans avoir l’air d’y toucher, les travers dénoncés reviennent en passant par le hublot.

La belle fraternité est écornée. Quelques mots font mouche, d’autres contrarient et certains blessent. Le verre de l’amitié est oublié, c’est la soupe à la grimace qui fait son apparition, elle est amère et indigeste. Il convient d’effacer le lourd nuage qui s’est invité dans l’assemblée. Un petit projet fédérateur va sauver la séance, une sortie qui ne demande que quelques sous pour repartir du bon pied, retrouver un vent porteur.

La suite ne sera pas plus facile pour autant. Le nerf de la guerre est là, tapi, sournois, mesquin. Il s’invitera toujours dans les débats, c’est une constante, un incontournable dans une association. Il en faut des convictions pour échapper à ses sirènes, pour ne pas perdre la tête et son âme devant les tentations qu’il fait miroiter. Je le leur souhaite de tout cœur, j’ai beaucoup de sympathie pour eux, leur belle naïveté et leur folle énergie. Ce billet est à ce titre un petit signal d’alerte, pour leur bien, pour ne pas se tromper de route.

Je reste à distance. Un raconteur d’histoire ne doit pas faire d’histoires. Il se contente de mettre sur le papier les petits travers qui se font écueils, les dérives qui deviennent impasse, les hauts-fonds qui engravent hommes et embarcations, les coups de tabac qui vous mettent à bas et la grand pétole qui paralyse les envies. Je me fais toutier, le bout avant qui montre le chemin avec le risque de prendre un grand coup de pied au cul et de me retrouver une fois encore dans la Loire.

Amicalement leur.

Le nerf de la guerre
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