J'ai une idée fixe, de celles qui paradoxalement veulent faire bouger les choses, aller de l'avant et changer
le monde. Oh, ne vous gaussez pas, elle n'est ni géniale ni extraordinaire, elle se contente d'être dans l'air, de suivre le mouvement des
pensées réfractaires, à contre courant des idées reçues. De là où je la formule, je rêve d'attraper le vent de la révolte qui gronde. Mon idée
espère faire son chemin, c'est qu'elle a de la suite derrière elle-même !
Je cours après mon idée, l'exercice peut paraître saugrenu, je me fais sans doute des idées en pensant tenir là une idée révolutionnaire.
Voulant alors m'attacher les bonnes grâces du prolétariat, je pratique cet exercice délicat qui consiste à prendre une pelle et une pioche pour la
creuser vraiment à fond. J'espère en faire ainsi une idée de génie, civile ça va de soi. Je vais à la mine pour qu'un jour,
elle sorte au grand jour, en pleine gloire pour illuminer notre pensée collective.
Je n'hésite pas à utiliser les grands moyens. Je mets le feu aux poudres, il y a de la dynamite dans mon idée. Hélas, souvent, elle fait long
feu, s'arrête en chemin ou vient se placer dans la bouche d'un homme connu, candidat surprise d'une primaire socialiste qui la travestit bien vite. Le souffle court, mon idée s'enrhume, me
voilà bien avancé.
Le cerveau en capilotade, je traîne comme une âme en peine dans la salle des idées perdues. C'est au cœur de cet idée-hall que je retrouve
confiance en ma petite idée. Je repars de plus belle à la conquête de la scène politique, je la porte à bout de bras de peur qu'elle ne soit qu'une
idée courte. Bien vite, l'écho qu'elle reçoit me confirme dans sa justesse; mon idée n'est ni folle, ni
déraisonnable. Elle ne demande qu'à être écoutée.
Je poursuis sans relâche, portant cette idée, l'adorant comme une déesse ! Je suis le nouveau missionnaire, prêt sans doute à souffrir le martyr pour la mienne,
mourir peut-être, mais de mort lente pour voir son avènement. Car mon idée n'est pas rapide, elle prend son temps, progresse lentement dans les
esprits de mes concitoyens. Il en faut des désillusions pour enfin être entendu !
Je me mets martel en tête et faucille à la main pour faire avancer mon idée. Je brandis le drapeau de la révolte, je hurle à la tête des gens
aux idées courtes, que la mienne ne demande qu'à grandir, s'émanciper, tailler sa route et des croupières à tous les nantis et les profiteurs du système actuel qui n'a plus la moindre idée neuve à moudre.
Mon idée veut changer d'ère, elle a le dessein de redistribuer les cartes, d'écrire une nouvelle page, dans un pays à court d'idées
efficaces, innovantes, réjouissantes, entraînantes. La mienne n'est pas neuve, pour d'autres avant moi, elle passa par leur tête, se ficha dans un petit coin de
leur cervelle pour ne plus en bouger.
Ils firent alors des idées sans queue ni tête, tant ils coupèrent celles des ci-devants. Ils créèrent notre République, la première belle
idée bien vite galvaudée. Puis la réaction reprit la main, l'idée restait dans les esprits rebelles et elle se para alors d'une seconde vie. Il y eut encore soucis et retour à la réaction.
Mon empire pour des idées aurait même proclamé un usurpateur notoire. La troisième vit le jour et dura plus longtemps.
Une guerre n'eut pas raison d'elle, il en fallut une autre pour l'abattre. Elle se passa en quatrième bien trop vite pour liquider les affaires courantes. Un grand homme eut
l'idée de la suivante, et c'est un petit homme qui se prétend son héritier qui est en train de la tuer.
Alors, bien vite, il faut revenir à ma petite idée, sixième du nom,
nouvelle république qui sera enfin celle des citoyens et de la transparence, de la fin des professionnels de la politique, du mandat unique et du refus de tous les cumuls. Je vous disais qu'elle
était fixe mais qu'elle ferait son chemin, n'hésitez pas à lui emboiter le pas, devenez vous aussi les défenseurs de l'idée
qui peut nous sauver de tous ceux qui n'en ont plus : « La sixième République ! »
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Mobal<br />
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Il est curieux d'imaginer qu'un missionnaire puisse adopter position innovante !<br />
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Mais acceptons en l'augure et espérons que cette étrange idée fasse son chemin sans croiser nid de foule et dos d'âme damnée.<br />
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DDement vôtre<br />
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