Prendre la Bastille.

18 Mars 2012

Transport citoyen

Front de Gauche

Hk & Les Saltimbanks - "On lâche rien" par HkOfficiel

Les manifestants arrivent au compte-goûte, quoi de plus naturel en ce jour pluvieux. Le ciel pleure les misères faites au Peuple en cette campagne où les braves gens n'ont que leurs yeux pour déplorer et leurs poings à dresser face à des promesses iniques, des propos indécents, des comportements inadmissibles pour un chef d'état. Alors, ce matin, les excédés de tous poils, les indignés de tout âge, les têtes dures, les militants des premières heures, les sympathisants de dernière se regroupent en ce lieu de rassemblement pour prendre les cars de l'insurrection tranquille !

Les organisateur de ce transport qui contrairement à ceux de nos pauvres Umpistes n'est pas gratuit, fourbissent leurs armes : tracts, auto-collants, drapeaux et banderoles. Il faut répartir l'arsenal entre les différents cars. Je monte dans le plus confortable, le chauffeur portant veste rouge et cravate verte m'inspire confiance et éclectisme. Il me dit en aparté : « On va gagner ! » qui me rappelle les plus beaux temps de mes déplacements rugbystiques.

Cette fois le car se remplit d'une foule bigarrée. Jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, cheveux éparses, frisés, teints, courts, longs expriment une variété qui me réjouit. C'est la diversité qui est en route pour le rendez-vous fondateur de la sixième République, cet espoir irrépressible pour en finir avec l'oligarchie des pouvoirs établis, l'injustice d'une représentation de classe, les défauts d'une professionnalisation de la politique, la lourdeur des baronnies à vie.

Les vitres se couvrent d'affiches rouges et blanches. « Reprenons la Bastille ! » proposent-elles, l'ange de la Bastille s'envolant vers un nouveau destin. Les téléphones se mettent en réseau, on tweette, on envoie des SMS pour mobiliser encore et encore. Cette journée doit être le premier acte des temps nouveaux. L'élection présidentielle n'est qu'un passage, les rêves portent bien plus loin.

Dans l'allée, un organisateur propose des badges : « Prenez le pouvoir ! » C'est bien pour ça que nous sommes venus si nombreux en ce dimanche d'expression populaire. Il nous demande également notre participation financière, le Front de Gauche ne peut se payer le luxe de faire comme les amis de monsieur le Président Candidat pour lesquels l'argent à l'odeur de l'Oréal (sponsor des déplacements à Villepinte).

Nous arrivons sur l'autoroute. Des motards de la gendarmerie nationale nous y attendent. Il faut escorter cette dangereuse troupe de révolutionnaires armés jusqu'aux dents de slogans désagréables pour celui qui est garant de l'unité nationale. C'est une impensable précaution, une marque scandaleuse de défiance vis à vis de nos esprits civiques. Que penser d'un état qui considère ainsi ceux qui dans le respect de la loi se dressent face à ses agissements ?

Me voilà au banc des honnêtes gens, je n'ai pourtant pas l'impression d'avoir changé et pourtant, aujourd'hui, je suis sous surveillance policière. Je vois autour de moi des têtes de braves gens, rien de bien préoccupant ni de franchement patibulaire. Qui donc a pu décider de pareille stupidité ? Ne cherchez pas, l'ombre du diviseur en chef plane sur cette mesure onéreuse et discriminatoire.

Dans le car, pourtant le calme règne. Pas de complot, pas d'injure. Nous ne sommes pas comme notre vénéré chef d'état qui arpente la campagne en semant ses paroles de feu et de division, ses propos haineux qui l'exonèrent de tout bilan et de tout programme. Il vitupère, il invective, il accuse, il diffame sans trêve ni repos. Il s'offusque qu'on puisse penser du mal de son action, lui qui a toujours su garder un ton modéré de chef de famille !

Nous allons vers notre destin, celui d'un peuple en marche pour redonner sens à la citoyenneté. Ce que cette journée sera, vous le saurez en lisant les folles aventures d'une insurrection citoyenne en marche qui veut reprendre la Bastille.

Insurrectionnellement vôtre