L'ovale n'en mène pas rond

Cap sur l'Afrique du Sud.

Jouer un test match le lendemain de l'ouverture de la coupe du Monde de football est bien une idée saugrenue. La jouer au Cap, centre névralgique de cette folie football, est encore plus surprenant. Le Rugby n'a peur de rien et surtout pas du ridicule …

Nous allons montrer à la face hilare du Monde que le ballon ovale n'a pas tout à fait réalisé le vœu de la nation Arc en ciel et du rêve qui était celui de Nelson Mandéla au moment de la coupe du Monde de Rugby.

Dans les tribunes, les blancs seront légions, personnages replets, buveurs de bière à l'excès, faces rubicondes et propos abruptes. Ils sont l'arrière garde d'un rêve colonial qui s'est cassé les dents sur son égoïsme, son mépris et les lois du nombre.

Sur le terrain, seuls quelques métis apportent une légitimité multi-ethnique à un sport qui reste celui des maîtres. La force brutale est la règle de ce rugby sud africain champion du Monde et roi du cadrage déblaiement. Leur jeu est fait de puissance et de muscles, de rigueur et de férocité. C'est l'expression de ce qu'était autrefois le pouvoir blanc en ce pays.

Dans les coulisses, un entraîneur à poigne, seul petit homme noir atteste d'un changement réel mais encore si fragile. Il impose son autorité et ses origines fort de son palmarès et de ses compétences. Monsieur Domenech pourrait profiter de l'aubaine pour se rendre compte, sans doute bien trop tard, de ce que doit être un entraîneur autoritaire.

À 14 heures, les bleus de Marc Liévremont chercheront à montrer aux sportifs qu'on peut porter les couleurs de la France avec envie, courage et générosité. Des qualités que notre bande ronde a laissé depuis si longtemps dans les chambres douillettes de leurs résidences honteuses.

Les poteaux dressés vers le ciel feront alors une prière aux Dieux de d'Olympe.  Ils demanderont de pouvoir jouer dans un environnement sonore enfin acceptable. Les infâmes trompettes qui seront la marque estampillée de ce tournoi braillant  ne transformeront pas le stade en ruche abrutissante.

Le Rugby aime entendre le bruit des hommes qui s'entrechoquent, l'impact terrible des poutres de la mêlée et le choc du pied contre un ballon ogive. La bière à la main, il est de plus pas si commode de souffler comme un mort de soif dans ces vuvuzelas énervantes.

Chaque mondial cherche a laissé sa marque de fabrique. La vague mexicaine reste à ce titre la plus belle des innovations festives. La ruche Sud Africaine fera sans doute bien plus pour l'expansion de la surdité dans le continent que pour l'ambiance dans les stades. Les acouphènes se multiplieront à plaisir pour tous ceux qui dans ces stades auront glissé une oreille.

Quant à notre Raymond national, ne vous alarmez pas pour lui. La bête est solide et ne craint pas grand chose. Il n'est de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Lui qui applique à la lettre ce sage précepte, reviendra de son voyage sans même se faire tirer les oreilles !

En attendant, si vous aimez le sport, les hommes qui s'impliquent sans calcul ni artifice, allumez votre poste à quatorze heures pétantes, l'émotion et la sincérité seront enfin au rendez-vous.


Ovalidement vôtre.