Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.
10 Octobre 2010
On ne me presse pas impunément
Quand revient septembre l'Homo-Rugbytus adopte de nouvelles coutumes totalement étrangères au quidam ordinaire. Chaque dimanche, il voue sa journée à Dame Ovalie ; sa passion brûlante, exigeante,
contraignante ...
Il abandonne alors la Baronne, sa femme encore légitime, ses enfants qu'il n'a pas vu grandir et surtout sa belle famille pour sillonner les routes de la France Ovale. Ou bien il vient se
blottir dans le confort jadis douillet de son antre, son stade fétiche d'où il est interdit de perdre !
La bande à moins que ce ne soit une horde, lui sert de tribu. Il ne peut se passer de cette proximité, de cette promiscuité rassurante. Huit mois de son année seront rythmés par ces rendez-vous
avouables, une assuétude sportive et psychologique difficilement compréhensible pour les gens de son entourage quotidien.
Alors, quand le calendrier ouvre un espace béant, qu'il libère un dimanche pour un retour au monde réel, notre « Homo-Rugbytus » y perd son latin et tout le reste :
« HAUD INULTUS PREMOR … »
« Qué sa co ? «
« Ben-don, qu'fais ti à cet'heure ? »
Que faire de tout ce temps laissé vacant ?
Les moins dépendants osent affronter les occupations dominicales indigènes.
Celui-ci va à la chasse pour ne pas perde sa place sans doute.
Cet autre va à la messe sans passer par confesse.
Les plus nombreux restent à paresse !
D'autres, en famille en profitent pour sillonner d'autres routes.
Des inconscients vont à la rencontre des pousse-citrouilles, leurs faux-frères de vessie !
Des téméraires, en secret, s'entraînent encore, avec une longue sortie en V. T. T.
Des intoxiqués de l'ovale se lèvent quand même à 8 h pour regarder Rencontre à XV …
Certains se pressent au festival de Travers pour trouver buvette ouverte ! »
Les plus mordus regardent la coupe d'Europe à la télé ! »
Mais, pour la grande majorité de nos hommes rugby-dépendants, le retour parmi leurs congénères les « Homo-Dominicus » est tout bonnement IMPOSSIBLE ! Ils vivent alors ce jour comme une
immense parenthèse, une dépression d'un jour avec un manque terrible qu'ils ne parviennent à combler sans le secours de leurs chers coéquipiers touchés par le même mal.
Ils se retrouvent alors, à l'initiative d'un croupier bougon, pour un concours de Poker, ce jeu de faux jetons qui a supplanté la belote d'antan. D'autres et parfois les mêmes se réunissent pour
un repas copieux entre soi, où l'eau plate ou gazeuse, les pâtes et la viande blanche seront rangées au placard de la maudite diététique sportive. Ce jour-là, le plaisir gustatif
transcendera les habituelles aigreurs gastriques, les conversations bruyantes effaçant les silences pesants de la concentration. Les plus téméraires ou inconscients convient leur petite amie (
plus rarement l'épouse) à ces ripailles des jours sans bataille.
Puis, le dimanche suivant, l'ordre naturel reprendra ses droits. Il imposera des rituels, des gestes magiques, d'étranges manières qui vous sont décrites dans chroniques-ovales.com .
Abandonnant les citoyens sains de corps et surtout d'esprit, nos « Homo-Rugbytus » s'en retourneront dans leur vestiaire de paix et de sécurité, entre les parfums d'embrocation
bienfaitrice et les ''strapes '' protecteurs.
Dominicalement vôtre.