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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Voyage au bout de l'envers

Le Car d'heurts Ovales
 

Une équipe de Rugby qui voyage, c'est 45 à 50 personnes dans un lieu clos et mobile avec des rituels, des us et coutumes propres à chaque formation. J'avais hâte de découvrir cet espace intime de l'âme betteravière...


A l'aller, les joueurs sont tous totalement impliqués par l'épreuve à venir. Ils cherchent de diverses manières à évacuer le stress. Les uns fanfaronnent, les autres se taisent. Certains tapent le carton, d'autres lisent un journal sportif. Quelqu'uns trouvent la paix dans le sommeil !


Au retour, ils exultent de joie ou ruminent la défaite en fonction des aléas de la fortune sportive. Certains groupes dépassent le raisonnable et transforme l'habitacle routier en espace de tous les excès; de la scène musicale à la salle de garde, de la bacchanale au festin gaulois.


C'est donc avec le regard affûté de l'ethnologue sportif que je découvrais la caravane rouge et noire...


Au petit matin, l'œil vitreux ou le ventre encombré de la veille, les futurs chevaliers de l'Ovale ont bien triste mine. Au compte goutte, ils arrivent traînant leurs sacs et leurs insomnies. Le car se remplit moins vite que les soutes car une équipe de rugby qui se déplace, c'est un peu une armée en campagne. Il y a un tel attirail à transporter : les plateaux repas, les sacs de maillots, les bouteilles d'eau, les boucliers de percussion, la table de massage, les trousses d'infirmerie …

Le car peut partir, les beloteurs entrent en action. Sur la route, on prend au gré des villes traversées, les garçons qui ne sont pas issus de la capitale du safran.


A 11 h, la troupe arrive sur le terrain des ces futurs exploits ( c'est encore le temps de toutes les illusions ). Dans les tribunes, le groupe se disperse pour s'attaquer au plateau repas, cet élément étrange, cousin plastique de l'artichaut qui prend beaucoup plus de volume une fois ingurgité.

Certains sont pris de nausées, d'autres se plaignent du ventre. La tension monte imperceptiblement. Les équipiers B s'en vont enfiler leur habit de douleur pendant que leurs partenaires A reprennent le car pour s'isoler et boire un café.


A 13 h 30, le premier match débute, les uns transpirent et leurs camarades invectivent qui l'arbitre, qui un adversaire un peu plus virulent (des mauvaises habitudes à gommer). A tour de rôle les équipiers spectateurs s'en vont retrouver le gourou kinésithérapeute. Il les rassure, les emballe dans des bandes élastiques ou les enduit d'huiles essentielles à leur performance à venir.

 

A 14 h 30, l'équipe A s'échauffe tandis que la B ne parvient pas à trouver la faille ce jour-là.

 

A 15 h, les seconds font la haie d'honneur aux premiers en essayant d'oublier leur déconvenue et en faisant bonne figure pour gonfler le moral de leurs coéquipiers.


A 16h 30, tout le monde lève les bras au ciel, la première a gagné et la défaite de la B est rangée au rang des frustrations secrètes. Car c'est bien là la profonde injustice de cette hiérarchie sportive qui n'accorde pas la même valeur aux prestations des uns ou des autres.

A 17 h 30, tous se retrouvent après la douche réparatrice pour la réception. Le club qui reçoit invite ses visiteurs à partager le verre de l'amitié et des nourritures roboratives. Il faudra bien affronter le retour, cette mystérieuse métamorphose qui transforme le joueur coti, fatigué et marqué en un être étrange dont nous tairons les errements ...
 

Secrètement vôtre. 
BR

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