Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

L'apprêt n'a plus d'avant.

La rue Lavedan passera au blanc.

 

 

 

Un artiste orléanais a voulu égayer sa rue en parant de couleurs des éléments du mobilier urbain. On peut légitiment s'interroger sur les choix esthétiques de notre ripolineur de la rue. Les goûts et les couleurs en la matière sont toujours sujets à débats, controverses et avis divers et variés. L'homme n'échappe pas à la critique d'autant plus aisément que son action ne relève que de sa propre initiative.

Il a eu cependant le malheur de déplaire au prince de l'endroit qui d'un revers de la main, trancha pour l'effacement de ce qui faisait tache à ses yeux et à ceux de quelques mitoyens. L'échevin faisant malgré tout preuve de mansuétude en exonérant le barbouilleur de l'amende conséquente qui s'applique dans pareille dégradation du mobilier urbain, on peut se louer de sa générosité ou s'étonner qu'il y ait alors deux poids deux mesures selon qu'on soit dans ses petits papiers ou pas.

Le fait du Prince suppose que celui-ci tranche non pas au nom d'un principe universel mais plus sûrement selon son bon vouloir, son caprice ou son goût personnel. Dans la cité, les traces sur les murs ne manquent pas, elles font même parfois l'objet de visite guidée, recevant alors une forme d'estampille officielle qui les placent au rang de l'art reconnu d'autant plus aisément qu'il est ainsi flanqué d'un label anglophone : street art. J'exclus ici l'excellent travail de Yann Hervis quand bien même il ne soit pas toujours mis en valeur comme il se devrait.

Le street art pour être ainsi labellisé dans cette bonne ville doit concerner le centre historique, être déployé par un artiste reconnu ou apporter une touche qui sert les intérêts et la notoriété de l'endroit. Ainsi il en va de ces mosaïques naïves venant illustrer par la redondance un nom de rue. On s’exclame en haut lieu devant l'inventivité d'un créateur qui pourrait tout aussi bien sortir des rangs d'une classe maternelle.

Un autre eut le bonheur de prendre les édiles dans le sens du poil, dessinant un peu partout des chats au pays des chiens. Astucieuse manière de faire oublier un sobriquet porté telle une oriflamme durant des siècles. Le chat pouvait minauder sur les murs sans risque du moindre coup de griffes de la marée chaussée. L'art avait alors valeur de dérivatif.

L'histoire paya aussi un lourd tribu à la permissivité de nos chers dirigeants puisque les grapheurs s'en donnèrent à cœur joie, sur une muraille romaine du quatrième siècle, faisant ainsi un pont entre le glorieux passé et un présent alors fort terne. Puisque mettre du plomb dans la tête n'est guère facile, autant en déposer sur un vestige incomparable, avec là encore, une coupable bienveillance.

Mais cette fois, c'en est trop. Le gentil peintre du macadam a du reste déjà eu maille à partie avec le premier magistrat. La rancune est un plat qui peut se manger froid. Sa tentative de donner des couleurs à la grisaille d'une rue fut fort mal venue et tomba sous le coup d'un décret de loi qui peut toujours servir quand on veut accuser son Nottin de la rage.

Il est permis également de gloser sur ce que doit être l'art, dans la rue ou bien ailleurs. Il me semble qu'il doit y avoir création et non reproduction, intention de délivrer un message ou un point de vue tout en explorant un registre et des formes sans aller copier d'autres grands noms. L'art suppose une vision, une touche, un regard, une patte qui distingue son créateur de tous les autres. Si cette définition est opérante, nous n'étions pas dans le cas présent dans ce registre.

Il y a manifestement deux désirs qui s'affrontent. Les deux sont pareillement totalement personnels, sans l'ombre d'une discussion ni d'une concertation préalable. L'un entend marquer son territoire par des productions ni meilleures ni pires que celles qu'on laisse faire par ailleurs, l'autre entend être seul maître à bord. La loi du plus fort penche en toute logique du côté de l'élu qui préfère de très loin couvrir ses rues de potelets disgracieux, parfois bicolores.

Une pétition circule, elle n'aura, je le crains que le don d'exaspérer un grand timonier assez sourcilleux en la matière tandis que pour répondre à l'attente de celui qui se sent floué, je m'emmêle les pinceaux sur un sujet qui ne peut que m'attirer ennuis et mesures répressives. Se posent alors avec une virulente acuité les principes qui devraient fonder une démocratie locale dans une parfaite cohérence, loin du seul fait du Prince.

À contre-courant.

à lire pour en savoir plus => https://www.larep.fr/orleans-45000/actualites/c-est-n-importe-quoi-a-orleans-les-peintures-de-l-artiste-pascal-nottin-vont-etre-effacees_14237522/

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article