28 Décembre 2017
Une drôle de corrida.
Remarques d'un béotien circonspect.
Comment ne pas y perdre son latin dans cet étrange imbroglio ibérique ? L’observateur distant qui ne veut pas prendre parti s’interroge sur les soubresauts d’une agitation qui dépasse l’entendement quand les tenants et les aboutissants nous échappent. Les picadors se font face, les coups tordus pleuvent et de vieux relents du passé viennent fausser le tableau.
Tout ce qui parvient à être décrypté de ma petite lucarne ce sont les agitations des pouvoirs européens en place, comme si désormais plus rien n’était possible pour les peuples dépourvus de leur souveraineté. Il convient de défendre l’Espagne et de montrer du doigt les aventuriers de l’indépendance, de mauvais citoyens bons à être jetés aux chiens. Posture de principe, solidarité de ceux qui sont en place et craignent la contagion, contrat tacite dans ce vaste ensemble informe ? J’avoue ne pas savoir sur quel pied danser …
Tout ce que je constate c’est qu’en Europe on peut jeter en prison des gens qui ne pensent pas comme le pouvoir, qu’une élection peut être jugée hors la loi ce qui ne va pas favoriser le retour en grâce de la démocratie dans ce fatras de nations et qu’en prime, les canailles se tiennent les coudent à l’image de cet ancien premier ministre français qui vient jeter de l’eau sur le feu. Quelle pagaille !
Pire encore, des arguments sont assénés comme des vérités immuables. La Catalogne n’a pas légitimité à réclamer son indépendance car dans l’histoire, jamais ce cas de figure n’était advenu. Voilà une position qui réjouira certains peuples passés sous le joug d’autres et qui doivent entendre le droit historique à effacer ce qui les a contrariés depuis longtemps. C’est à contrario une bien commode argutie qui empêchera toute émergence nouvelle.
Nos responsables sont particulièrement doués pour sortir de leur chapeau des justifications scabreuses dès qu’il s’agit de nier le peuple. Nous l’avions déjà remarqué avec les référendums européens qu’il convient de voter selon les injonctions communautaires, nous le constatons une fois encore avec l’usage honteux de la force pour nier le suffrage universel en Espagne. Nous savions les cartes biseautées, nous découvrons que les croupiers sont non seulement tricheurs mais de parfaite mauvaise foi.
De ce nouvel épisode de la farce européenne, nous devons en conclure que nous n’avons absolument pas notre mot à dire s’il diffère de ce que nous devons valider. Nous sommes bien dans un vaste ensemble qui a gommé la souveraineté nationale, qui méprise le peuple, qui se moque des principes démocratiques. C’est bien la seule chose que j’arrive à comprendre dans cette sauce catalane que je trouve fort amère.
C’est donc à distance et sans véritablement voir plus loin que le bout de mon nez que je viens ici affirmer ma sympathie pour ceux qui ont été jetés dans les geôles de l’Espagne nostalgique du franquisme, qui ont été contraints à l’exil ou bien à la clandestinité. L’Europe est une zone de non citoyenneté, il faut s’en souvenir en Espagne comme dans toutes les autres nations qui la constituent.
Pour le reste, c’est bien sûr une situation qui échappe totalement à mes modestes capacités d’analyse. Je prie même ceux qui disposent d’informations et d’une parfaite connaissance de ce dossier, de venir m’expliquer les véritables motivations des uns et des autres, leurs intentions cachées, les motifs réels de ce micmac qui me laisse pantois. Je ne pense pas que les informations qui parviennent jusqu’à nous soient de nature à remplir cette mission. Merci à d’éventuels experts de l’émancipation catalane.
Mystérieusement vôtre.