Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

L’aquanef de Jacques Lélut

La tête dans les étoiles.

L’aquanef de Jacques Lélut

Spécial Festival de Loire

 

 

Tel le phénix, l’aquanef renaît de ses cendres ou plutôt devient soudainement le vaisseau amiral du Festival de Loire, l’ambassadeur des amoureux de la Loire. Il portera en lui tous les symboles de la préservation de notre rivière et de notre environnement. Il aura la lourde tâche de faire face sur le quai à cet autre emblème de notre folie consumériste, l'inénarrable inexplosible de pacotille, copie si peu conforme et temple de la suffisance et du paraître.

L’aquanef est une bouteille à la rivière, un message d’espoir pour que cesse le massacre de notre planète. Pour bien enfoncer le clou, l’engin intersidéral est constitué de matériaux hétéroclites, abandonnés n’importe où par la folie destructrice des humains, les deux pieds pesant lourdement sur la terre et la tête, tout au gaspillage éhonté de nos ressources.

Le grand vaisseau de 23 mètres de long s’inscrit dans une légende, un prétexte certes afin de montrer ce qui nous attend si nous poursuivons sur cette voie insensée. Il était une étoile où se côtoyaient trois peuples : les terriens, les aériens et les aquatiens. Chacun tirant la couverture à soi, exploitant leur étoile jusqu’à y rendre la vie impossible.

Quelques aquatiens sont installés sur leur aquanef pour venir nous délivrer un message, nous les terriens, si nous sommes encore capables de l’entendre : « Nous sommes là pour vous rappeler que vous êtes des enfants des étoiles, que votre planète Terre est votre vaisseau, un vaisseau bleu, et que l’eau y est à l’origine de toute forme de vie ! »

Forts de ce discours indispensable, nos amis sont les bienvenus à ce Festival de Loire. Notre rivière est menacée par la folie et l’égoïsme des humains : poubelle pour les uns, dépotoir pour d’autres, terrains de jeux égoïstes et polluants pour quelques imbéciles, réceptacle de nos déchets industriels et domestiques, elle est d’autant plus en danger qu’elle héberge des centrales nucléaires, bombes à retardement d’une société qui méprise le futur et les générations suivantes.

Jacques Lélut m’a reçu alors que les visites publiques étaient terminées. Il m’a consacré du temps pour expliquer son travail, son message et sa démarche. L’engin était encore en pièces disparates, toutes plus inquiétantes et belles, constituées de boulons, tubes, tuyaux, rivets, capsules, boîtes, fixées sur sur une coque en aluminium habillée de contre-plaqué. Le tout est peint en bleu métallisé, lui conférant une dimension surréaliste, hors de ce monde.

Des mannequins chevauchent des éléments. Ils ont fière allure, sortes d’iroquois empanachés et casqués à la beauté plastique magnétique. Ils sont les témoins d’un désastre précédent, nous appellent à la sagesse. Pour se faire bien comprendre, ils ont mis à contribution des habitants d’Orléans, des enfants, des pensionnaires de la MAS des Aulnaies, des artistes en herbe qui ont apporté leur pierre en ajoutant les immondices de notre époque.

Œuvre collective, l’aquanef sera complétée par une installation entre Loire et Canal en amont du pont Thinat. Le message devra faire écho auprès de la foule immense qui est attendue. Il conviendrait que chacun évite de jeter au sol les papiers gras, les canettes, les emballages que ne manquera pas de générer ce grand rassemblement. Le pire sera encore tous ces mégots qui habituellement finissent dans l’eau et polluent 600 litres d’eau par unité. Une catastrophe qui fera se dresser la crête de nos aquatiens.

Que tous ceux qui seront sensibles à la beauté de ce magnifique travail, se fassent désormais les porte-paroles de l’environnement et de notre Loire. Les rivières sont en danger, elles sont attaquées de toute part, elles subissent des intoxications, des pollutions, des outrages. Que ce Festival soit enfin le point de départ d’une inflexion des pratiques et pas seulement un merveilleux écrin, vide de décisions ultérieures. À ce titre, la Duck Race est à mes yeux une insulte à ce projet et la démonstration par l’absurde de notre incapacité à mettre nos idées et nos actions en cohérence.

Environnement leur.

Photographies de Alain Pavard-Doisneau

Photographies de Alain Pavard-Doisneau

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article