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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Sur un bateau de mots

Quand le livre navigue

Sur un bateau de mots

Entre Lutz et Beach

 

Il se prénomme Greg et aime la Loire qu’il a hérité -si tant bien même ce trésor puisse être offert à autre chose qu’à notre admiration- de son père et avant lui son grand-père. Tous deux le conduisaient enfant sur ses rives pour pêcher la perche ou bien le goujon. Ils se déplaçaient en plate ; une petite barque dont l’arrière est droit. C’est ainsi que tout naturellement il lui vint ce curieux virus qui gagne les ligériens quand ils savent regarder du côté de leur rivière.

Une belle occasion fit de notre homme l’heureux propriétaire d’un fûtreau, un bateau plus grand, courbé aux deux extrémités. L’embarcation avait vécu et après examen de sa coque, c’est à une totale rénovation que notre ami dut se livrer. Du bateau originel, il ne reste qu’une bordée plus sombre que toutes les autres, le vestige d’un passé qui demandait à renaître.

L'hirondelle allait pouvoir naviguer et en bon marinier authentique, Greg aime à se promener sur la Loire, du côté du Chastaing, là où Maurice Genevoix, avant lui, admirait les flots, les variations de couleur et les personnages qui gravitent autour des berges. L’homme est un puriste, c’est à la voile ou bien à la bourde, quand le vent fait défaut qu’il se déplace lentement, au rythme de ceux qui admirent et prennent plaisir à humer les infimes variations du paysage.

Greg est devenu tout naturellement membre d’une confrérie marinière. Chaque fois qu’il en a l’occasion, il navigue, invite gracieusement des passagers. Pour lui, ce plaisir ne peut se monnayer, il laisse à ceux qui ont fait le choix de la professionnalisation, le privilège de tirer un revenu de leur bateau. Lui, il navigue en flâneur, en épicurien des flots, il baguenaude au rythme serein et tranquille du bâton qu’il plante au fond de l’eau avant de le pousser lentement.

Un jour, Greg est venu à une de mes balades contées, en voisin, en curieux du passé de la Loire, en découvreur d’un genre qu’il ne connaissait pas bien. Il a aimé et quand le livre : « Règlement de Conte sur la Loire » est sorti, il fut un des premiers à le commander. Il avait hésité quelque peu, lui qui depuis si longtemps avait tourné le dos à la lecture, il craignait de ne pas aller au bout de l’histoire. Il nous fit part de ses craintes tout autant que de son envie de plonger dans l’aventure.

Sur un bateau de mots

Deux jours après l’avoir reçu, le marinier avait dévoré les 400 pages, il était enthousiaste, non pas que ce fut un chef d’œuvre, mais parce qu’il s’était laissé prendre au piège de l’intrigue tout autant qu’aux récits autour de la Loire. Il nous en fit part en nous remerciant chaleureusement et en nous invitant à profiter de son bateau.

C’est donc un samedi que les deux auteurs se retrouvèrent sur L’hirondelle par un soleil de plomb. Greg prenant la bourde à la remonte quand Julien s’en chargerait à la descente. Mais point d’escapade lointaine, la Loire est à l’étiage, une cote anormalement basse la transforme en maigre bandeau d’eau. Les algues envahissent les flots, une intoxication fait des ravages parmi les chiens et les chats. L’inquiétude est grande sur le bassin ligérien.

Nous devisons tranquillement, évoquons l’actualité du moment, le futur proche avec le Festival de Loire, les guerres Picrocholines entre mariniers des différentes associations. Puis naturellement le livre revient dans les conversations, Julien veut se le procurer. Il a envie lui aussi de se plonger dans notre imaginaire. Il commence rapidement sa lecture sur le bateau, oubliant sa tâche à la bourde.

Nous avons ainsi passé trois heures délicieuses à faire des ronds dans l’eau. Quelques naïades ont franchi la levée pour profiter de la tiédeur de cette fin août estivale. Sur la rivière, des groupes de canoéistes ne cessent de descendre, échangeant au passage quelques mots, de petites plaisanteries. Pêcheurs et navigateurs font bon ménage, le temps est à la quiétude.

Le livre nous a donné l’occasion de profiter de ces instants merveilleux. Il continuera son chemin, nous en sommes convaincus, parmi ceux qui ont la passion Loire au cœur. Il se contente de donner du plaisir, de créer le suspense et d’apporter des éclairages particuliers sur notre histoire. Notre seule ambition est de provoquer encore et toujours des moments comme celui-ci avec nos lecteurs. Merci à Greg de l’avoir si bien compris.

Partageusement leur.

Sur un bateau de mots

Photographies de Patrick Loiseau

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