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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

La fin des désillusions

La case 58.

La fin des désillusions

Le point du jour sombre dans l’obscurité.

 

Voilà, c’en est terminé de mes prétentions maladives à vouloir éditer mes contes dans une maison éponyme. Après une soirée cauchemardesque chez l’éditeur, je renonce à Satan et à ses œuvres. À quoi bon éditer un livre s’il n'est diffusé nulle part, si je ne le trouve pas dans les lieux dédiés à la Loire : maisons de Loire, musées de la marine, offices de tourisme ou syndicats d'initiative ? J’ai passé les trente derniers mois à harceler voisins, amis, relations, gens de rencontres pour qu’ils daignent acheter mes ouvrages. Il me fallait le faire, puisqu’à de rares exceptions, on ne le trouvait pas dans les librairies. J’ai compris depuis que c’est le lot de tous ces misérables auteurs régionaux qui sont méprisés de beaucoup de médiathèques, des circuits de distribution et des centres culturels.

 

J’ai encore arpenté quelques salons régionaux du livre, espaces où il y a plus d’auteurs en quête d’un lecteur que de visiteurs désirant acheter un ouvrage. Ce fut à chaque fois douloureux et pitoyable. Je voulais amuser la galerie, conter, lire à haute voix un extrait et ne me rendais pas compte que j’importunais mes collègues, gens bien plus sérieux que moi qui se paraient d' un talent littéraire que, sans doute, eux non plus n’ont pas. Quant aux visiteurs, ils passaient sans un regard, n’ayant d’yeux que pour la tête d’affiche ou la gloire locale : l’écharpe rouge autour du cou, la démarche hautaine et le regard au loin, si peu soucieuse de s’enquérir de ses misérables collègues.

 

J’ai compris que j’avais l’immense privilège d’être dans une région qui ne soutient pas le livre, qui aide si peu la culture locale qu’il est illusoire d’attendre le moindre coup de pouce. Un éditeur m’a glissé à l’oreille : « Si votre livre parlait de la Bretagne, il se vendrait comme des petits pains. Mais vous n’avez rien à espérer dans la région Centre-Val-de-Loire. » Que monsieur Bonneau le président de région,-qui n’a d’ailleurs jamais daigné répondre à une lettre ouverte que je lui avais fait parvenir-prenne au moins la peine de s’expliquer à ce propos.

 

Je pensais que le seul mérite de mon style, la qualité supposée de mes contes, l’originalité de ma démarche allaient m’ouvrir des portes. Le livre était pour moi un Sésame, un passeport pour la culture et le respect. Je me trompais lourdement. Aucun article critique sur mes deux livres ; les journalistes locaux ne doivent pas savoir lire ou ont bien d’autres chiens à écraser que de se fourvoyer dans un travail qui ne touchera pas le lecteur de base. Quand on veut abaisser le niveau d’exigence, on ne s’y prend pas autrement ! Les portes, au lieu de s’ouvrir, m’ont été claquées au nez...

La fin des désillusions

Je renonce à trouver éditeur pour le troisième opus de mes Bonimenteries. Voilà qui m’économisera temps et argent. J’en avais assez de promener ma valise contenant mes ouvrages en quête d’acheteurs. Il faut supplier, quémander, se prostituer pour obtenir un achat. Je n’en puis plus ! Comme j’ai le sentiment de n’avoir pas été aidé dans cette tâche qui n’est pas celle d’un auteur, je renonce d’autant plus facilement à ce métier de marchand de poisson qui n’est pas le mien. Je ferai ainsi de substantielles économies, compensant par de somptueuses ristournes, le prix d’un livre, bien trop élevé pour la réalité économique de l’heure. J’ai perdu bien plus d’argent que je n'en ai gagné et j’aurais mieux fait de m’éditer à compte d’auteur : piste qui s’ouvre à moi désormais.

 

J’en termine avec ces désillusions à la chaîne, ces contrariétés qu’il faut ravaler, ces coups portés à l’ego qui font si mal. Ma prose est nulle et non avenue : j’ai cru l’entendre dire, ici ou là, et même au sein de la maison d’édition. Voilà qui a le mérite d’être clair. Autant ne pas ennuyer le lecteur avec des livres qui, de toute manière, ne seront pas lus (C’est le triste sort de beaucoup de ceux qui sont achetés ainsi). Ceux qui veulent découvrir mes contes ou mes billets les retrouveront toujours aisément sur la toile ; là au moins c’est gratuit. Je m’offrirai sans doute le plaisir égoïste d’une publication confidentielle dont n’auront pas à rendre compte mes chers médias locaux plus sensibles aux sirènes navales.

 

Mes Bonimenteries du point du jour sont-elles mortes et enterrées ? Je rêvais de les sortir lors du prochain Festival de Loire. Voilà qui risque de réjouir les quelques personnages importants de la marine de Loire qui détestent cordialement le personnage et ses récits. Ils n’auront même pas à faire semblant de dire une amabilité quelconque. La Loire continuera de couler, je ne cesserai pas de la raconter ; le plus souvent loin des bateaux, surtout pour les enfants et les marcheurs, pour les écoles et les véritables amoureux de la nature et de l’histoire.

 

Je suis conteur et pas vendeur, ni marchand de soupe. Si vous voulez m’écouter, rien n’est plus facile. Quant à me lire, ce sera plus difficile, à moins que vous ne fassiez partie de mon petit cercle relationnel. Un chapitre se ferme ; j’espère simplement que le roman écrit avec ma collègue, vivra son aventure d’une manière ou d’une autre. Il y aura sans doute une solution pour ce roman policier se déroulant en bord de Loire avec une belle intrigue et des contes. Dommage que la Région Centre Val de Loire soit si peu favorable à ce genre d’initiative ; nous trouverons écho plus favorable ailleurs.

 

Finalement leur.

La fin des désillusions
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E
L'écho permet de démultiplier la source, c'est cependant la qualité de la source qui en fera sa force :-)
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C
Emmanuel<br /> <br /> La bataille peut glisser vers les difficultés contractuelles<br /> Nous en reparlerons
B
Mille regrets pour vous !!
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C
Jacky<br /> <br /> Comment regretter ce qui m'a ranger dans le registre des petits auteurs régionaux<br /> Je me pense autrement
L
Prenez une minute pour lire une aventure éditoriale extraordinaire dont je parle dans un billet...<br /> http://pistescyclables.over-blog.com/2017/02/liouba-la-russe.chez-maupassant.html
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C
L Hatem<br /> <br /> Je vais prendre le temps <br /> Merci
L
Hier j'ai vu à Montparnasse un monsieur à la sortie du métro... il vendait son livre "itinéraire bis", par Alain Fonteneau... 15 euros...<br /> Pour sa peine je lui ai pris un en lui laissant le billet entier de 20... je ne promet pas forcément de le lire, en tout cas pas si vite...<br /> http://livre.fnac.com/a10331147/Alain-Fonteneau-Itineraire-bis
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C
L Hatem<br /> <br /> Belle action mon ami<br /> <br /> Amazone a tué les librairies et le livre