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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Nuit blanche

Bulletin médical : 2

Nuit blanche

En gardant la chambre …

 

Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Je sais que certaines personnes sont sujettes à ce douloureux phénomène qu’on nomme insomnie. Pour ma part, je dors habituellement comme un nouveau-né, ce qui, naturellement, m’a rendu plus insupportable cette nuit passée à broyer du noir parmi toutes ces blouses blanches.

 

Mais de quoi devrais-je me plaindre au juste tant j’ai pu constater le dévouement des infirmières et des aides-soignantes qui n’ont eu de cesse de venir à mon chevet, de s’enquérir d’une santé défaillante momentanément et d’être aux petits soins pour moi une nuit durant ? Dire qu'il se trouve des hommes politiques pour prétendre qu’il y a trop de personnel et qu’il serait bon de faire des économies pour notre système de soins.

 

Avant de faire des économies, messieurs les beaux parleurs, il serait d’abord convenable de payer toutes les heures supplémentaires qui sont dues à ces personnes si dévouées qu’elles ne s’arrêtent pas à la fin de leur service quand les circonstances l’exigent , ce qui, curieusement, arrive pratiquement à chaque fois. Mais de ça, vous ne voulez rien savoir, vous qui touchez un salaire bien plus important pour un mandat qui n’exige pas toujours votre présence au parlement ….

 

C’est donc la charité qui se moque de l'hôpital et non l’inverse ; cette fameuse charité qui commence par soi-même, règle que vous n’avez eu de cesse de vous appliquer en vous octroyant honteux privilèges et indécentes immunités. Si provisoirement j’ai quelques soucis de santé, notre démocratie, quant à elle, est malade de ses représentants.

 

Mais revenons à ce personnel si dévoué que les actionnaires des structures privées ne songent pas une seule seconde à récompenser de quelques participations financières. Il est vrai qu’il y a bien plus de mérite à mettre son argent dans un projet que de passer des nuits entières au chevet d’une personne mal en point. Vous avez raison : il ne convient pas d’inverser le sens des priorités.

 

Vous avez d’ailleurs parfaitement compris que les patients sont des vaches à lait dont les infirmières sont les gentilles bergères. Les premiers sont soumis à votre insatiable appétit financier : tout est prétexte à supplément pour pressurer plus encore les bourses des malades. La chambre individuelle par exemple coûte plus cher qu’une nuit d’hôtel ; c’est vous dire à quel point vous agissez comme des margoulins étoilés.

 

Télévision, téléphone, garde des objets de valeurs, tout est bon pour faire cracher au bassinet les cochons de souffrants. Ce ne sont plus des centres hospitaliers mais de véritables coupe-gorge pour enrichir des fonds de pensions et des investisseurs qui dorment sur leurs deux oreilles. Les uns font de l’argent quand les autres s’échinent pour des salaires indignes de leur dévouement.

 

Ce système marche sur la tête. Il atteint son paroxysme avec les maisons de retraite, énormes machines à bénéfices pour des salauds friqués qui investissent dans la détresse des gens. Mêmes tarifs prohibitifs, même course aux suppléments, même mépris du personnel avec, en prime, une logique absurde qui fait que les futurs retraités n’auront jamais les moyens de se payer vos services quand ils en seront réduits à cette extrémité.

 

Mais que voulez-vous au juste ? Que plus personne ne se soigne ? Que les vieux crèvent dans la rue ? Vous amassez, vous ne cessez d’accroître votre capital, vous trouvez encore le moyen d’échapper à l’impôt par des mesures d’optimisation fiscale imaginées astucieusement par vos complices dans les différentes instances décisionnelles. Bientôt, seuls les pauvres couillons comme moi paieront l’impôt et vous pensez que ça va continuer longtemps ?

 

J’ai eu toute ma nuit blanche pour ressasser tout ça. J’en ai perdu le sommeil. Il n’est plus possible de maintenir une telle économie en place. La confiscation des biens mal acquis s’impose, à commencer par tout ce qui touche au système de santé. Nos hôpitaux sont sous perfusion, le personnel y est scandaleusement maltraité, les patients ne sont plus que de vulgaires clients à tondre et vous croyez que nous allons avaler votre amère potion ? Monsieur Fillon s’apprête à vous servir la soupe, à aller plus avant encore dans la privatisation de la santé. Tout espoir cependant n’est pas perdu de lui faire mordre la poussière. Ce chrétien de bon aloi n’a vraiment pas l’âme charitable, pas plus que vous d’ailleurs ….

 

Hospitalièrement vôtre.

Nuit blanche
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L
Elles sont jolies, au moins, les infirmières ? <br /> Elles vous ont rien donné hier soir pour dormir?<br /> Bon séjour à l'hosto
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C
L Hatem<br /> <br /> J'ai quitté la clinique avant de publier mes billets<br /> Pas si fou<br /> <br /> Les infirmières étaient charmantes<br /> Je ne m'occupais pas du reste dans mon triste état