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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Notre dernier fleuve sauvage

Un flot de mots pour notre Loire

Notre dernier fleuve sauvage

Lettre ouverte à ceux qui président à sa destinée.

 

 

Messieurs les présidents qui avez le pouvoir de préserver notre Loire, ultime fleuve sauvage d’Europe, je vous prie de croire en ma consternation affligée et en mon profond désarroi quand je constate la présence, de plus en plus fréquente, d’engins motorisés évoluant à vive allure sur notre belle rivière.

 

J’ose croire que c’est contre votre volonté que ces loisirs bruyants, polluants et purement égoïstes viennent s'installer dans ce bel écrin que nous chérissons tant. Il se peut que vous ne disposiez pas des moyens administratifs pour entraver une tendance qui, à n’en point douter, risque d’augmenter au fil du temps. On sait la facilité de l’être humain à privilégier son bon plaisir au détriment de l’intérêt commun. Mais si vous avez le plus petit levier pour empêcher cette détestable tendance, agissez vite, je vous en conjure.

 

Je fais appel directement à vous car, lors d’un précédent billet j’ai provoqué le courroux et la violence verbale des adeptes de la vitesse aquatique. Leurs réactions m’ont prouvé qu’ils n’étaient pas du tout enclins à sacrifier leur désir de sensations fortes au profit d’arguments écologiques, historiques et touristiques. Leur violence verbale démontre également que leur riposte risque de s’envenimer au fil du temps. Il me semble donc indispensable que vous preniez position dans un dossier qui risque fort de s’épaissir.

 

Le classement de La Loire, de Sully jusqu’à Chalonnes, au patrimoine de l’humanité vous a permis de développer le tourisme, la Loire à vélo et bien d’autres initiatives. Nous ne pouvons que nous en féliciter, tout comme nous devons être heureux et fiers du renouveau de la marine traditionnelle (même motorisée). La cohérence impose de ne pas jouer à la fois de la tradition et d’une modernité de pacotille pour le bon plaisir de quelques-uns.

 

La présence sur la dame Liger d’engins pétaradant et filant à toute vitesse sort du cadre historique. Il y a là un anachronisme choquant et si parfaitement déplacé qu’il n’est pas besoin de le démontrer. On peut, en outre, déplorer les effets de la vague provoquée par ces bolides sur la faune et les rives. Je sais que ceci correspond au dernier souci de nos joyeux pilotes de l’absurde et c’est pourquoi je compte sur vous pour faire de la Loire un sanctuaire, un véritable joyau et une vitrine de notre région.

 

Si ce fleuve est, comme le prétend la formule habituelle, « Royal », il conviendrait que la République le préserve avec un peu plus de conviction. Les touristes, de plus en plus nombreux, qui optent pour le canoë afin de se laisser porter paisiblement par son courant et admirer ses beautés n’ont pas besoin de croiser des usagers de l’espace fluvial qui les mettent en danger : ces derniers se souciant comme d’une guigne des remous qu’ils occasionnent dans leur odieux sillage.

Notre dernier fleuve sauvage

Il y a là un choix nécessaire, un acte fort qu'il vous appartient de prendre. Je sais m’adresser à deux hommes qui ont fait le choix de la politique de proximité et ne rêvent pas d’un destin parlementaire. C’est donc en toute confiance que je compte sur vous pour trancher dans la querelle qui oppose actuellement les hédonistes aux modernes, les contemplatifs aux pressés, les naturalistes aux technologiques.

 

La Loire est notre patrimoine commun, c’est notre plus beau trésor. Ne soyez pas ceux dont l’indifférence a conduit à la transformation de la rivière en un vaste espace de loisirs nautiques mécaniques. Les poissons, les oiseaux, les rives, les promeneurs, les poètes sont sans doute moins importants économiquement que ces gens qui usent de leur puissance de manière si bruyante. Mais sachez qu’au regard de la transmission que nous ferons aux générations futures, ce sont les premiers qui laisseront une trace durable tandis que les autres se contentent d’un sillage fugace.

 

Faites le bon choix, celui de la sagesse, de la douceur de vivre, de la contemplation, d’un tourisme non invasif. La Loire vaut bien ce courage que nous espérons de vous. Et si, par miracle, vous pouviez convaincre vos collègues ligériens, eux aussi, nous vous en serions infiniment reconnaissants.

 

Je ne suis qu’un conteur, un bonimenteur, un écriveur amoureux de la Loire qui ne trouve même pas sa place dans sa ville et son département. Mes propos ne seront pas relayés par des médias locaux, plus soucieux de ne pas faire de vagues que de porter une parole forte. Vous pouvez donc ignorer cette lettre ouverte sans qu’il soit fait grand bruit. Je compte pourtant sur votre sagesse pour la lire jusqu’à son terme et si vous voulez en savoir plus sur cette Loire que j’aime tant, venez m’écouter la conter et la chanter, loin du tumulte de ses quais !

 

Je vous prie de croire en la détermination d’un pauvre Traîneux d’Grève qui n’a pas compris que les moulins à vent sont des forteresses imprenables. Merci d’avoir sacrifié ainsi un peu de votre temps si précieux.

 

Batailleusement leur.

Notre dernier fleuve sauvage

Samedi 23 juillet 2016, j’étais sur la Loire à hauteur de Saint Satur. Il y avait de nombreux canoës sur la rivière et un jet-ski. Devant nous, l’engin motorisé a coupé la route d’une embarcation légère en passant devant elle à moins de 5 mètres. Les vagues ont déstabilisé ce couple en promenade sans heureusement les renverser.

 

Le même individu a ensuite pris en remorque un skieur nautique. Celui -ci a frôlé de quelques centimètre un autre canoë. Ces deux incidents, sans conséquence, fort heureusement ont eu lieu l’espace de dix minutes. Il est clair qu’un jour l’accident surviendra.

 

Vous pouvez prendre une mesure courageuse et prohiber les jets-skis. Vous pouvez ouvrir le parapluie et interdire les canoës. C’est à vous de faire le choix, la cohabitation est impossible sur la Loire.

Notre dernier fleuve sauvage
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M
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C
Vous<br /> <br /> Quelle éloquence !