Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.
8 Mai 2025
Comme une traînée de foule.
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Sa brève vie se joua à la courte-paille
Elle emprunta bien des voies impénétrables
Suivant malgré tout son destin, vaille que vaille
Pour nous offrir une épopée formidable
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Tout en comptant ses moutons en bord de Moselle
Ses songes la menaient sur les rives de Loire
Une curieuse confusion pour la belle
En partance pour une incomparable gloire
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Sans brûler son existence par tous les bouts
Sagement la bergère se mit en partance
De sa Lorraine et pour toujours, elle mit les bouts
Poussée alors par une mission intense
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Son feu intérieur souffla les réticences
Elle emporta tant et tant de convictions
Qu'une forte fièvre mit le peuple en transe
Pour se lancer contre les fortifications
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Si bien que la victoire ne fit pas long feu
Les Anglois échaudés par ce coup de folie
Prirent la poudre d'escampette face à ses gueux
Déroute annonçant le futur incendie
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Ce ne fut hélas qu'un pauvre feu de paille
Se consumant le temps d'un merveilleux printemps
Bientôt pour la pucelle la côte de maille
Devint un habit honteusement indécent
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Des bourguignons, traîtreusement s'en saisirent
Pour que les envahisseurs la mettent sur le grill
L'église se chargeant de la faire frire
Pour exorciser son incandescent péril
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Certains voulurent la remettre à ses fourneaux
D'autres ne voyaient en elle qu'une femme au foyer
Tous ces vilains juges se firent ses bourreaux
En la condamnant à un terrible bûcher
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C'est à Rouen en bord de Seine que s'éteignit
Celle qui se fit porteuse de l'oriflamme
En sifflant sa douce complainte : Do Ré Mi
Dans la fournaise de ces horribles flammes
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Longtemps après son étoile brille encore
Pour un peuple brûlant d'une grande ferveur
Pour celle dont on a fait disparaître le corps
Sans que jamais plus, elle ne quittera vos cœurs
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