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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

La passion du jouet ancien.

Un guide jovial

 

Visiter le musée du jouet de Montauban c'est un retour en enfance, une plongée dans ce temps lointain qui n'avait pas vu surgir les composants électroniques, les puces et les batteries. Seule concession notable et non durable, le train électrique trône à la place d'honneur même s'il fait parfois place à une véritable locomotive à vapeur miniature.

Dans cette vaste collection entassée faute de toute la place qu'elle mériterait, il est un bénévole qui le sourire aux lèvres, l'œil pétillant et la moustache frétillante se propose de vous tenir la main pour un petit tour de l'endroit en suivant ses commentaires avant que de baguenauder librement au gré des intérêts personnels.

Jean-Marie n'est pas un guide qui cherche à vous exposer un pan d'histoire du domaine qui justifie cette visite. Pour lui, tout est émerveillement et admiration. C'est l'enfant qu'il fut, il y a longtemps déjà, qui se propose de vous démontrer avec enthousiasme les merveilles d’ingéniosité et d'inventivité qui ont prévalu à la création des jouets qu'il met en évidence durant une heure qu'on ne voit pas passer.

Il ne cesse de s'extasier devant le génie des créateurs et le bonheur qui devait être celui des enfants qui se trouvaient face ces jouets d'un autre temps. Les prouesses mécaniques ont sa préférence, ressorts et mécanismes divers qui mettent en mouvement un petit singe en peluche, un manège enchanté, une boîte à musique ou une course de chevaux. Il tombe alors en enfance devant des drôles qui découvrent alors un univers qui n'est plus le leur tandis que les grands-parents subissent eux-aussi la bienheureuse régression temporelle.

Jean-Marie est l'un des nombreux bénévoles qui se plaisent à prendre en charge un petit groupe pour les conduire dans leur univers ludique. Je suppose que chacun se laisse porter par ses souvenirs d'enfance, ses préférences et ses penchants : jouets en bois, jeux de construction, poupées, marionnettes, trains et voitures, jeux de société, de carte, jeux mécaniques, … La collection est si grande que chacun y trouvera son domaine.

Mais revenons à celui qui me donna l'envie de narrer cette plongée temporelle. Jean-Marie a vécu en région parisienne quand les affres du confinement l'ont conduit à se rapprocher de sa fille, montalbanaise d'adoption. Le musée du jouet (qui fête ses huit années d'existence et qui envisage de s'agrandir) lui tendit les bras pour lui offrir la plus formidable intégration qui soit.

Une fois la visite achevée, le guide laissa les visiteurs déambuler suivant leurs inclinaisons tandis qu'il me raconta son autre passion. Il joue de la guitare et aime à chanter le répertoire de Hugues Aufray. Il se rend dans les Ehpad ou dans les écoles pour partager ce bonheur simple du partage.

Je le vois pareillement pétillant qu'avec ses jouets et je devine qu'il doit réjouir ses auditeurs. Certains ont le virus du bénévolat et j'espère que longtemps encore il n'y aura pas de vaccins ou d'entraves administratives pour réduire à néant cette merveilleuse assuétude. Hélas se dessinent ici ou là les tentations stupides d'une professionnalisation à tous crins.

Pourvu qu'il y ait longtemps encore des Jean-Marie qui ne comptent ni ne mesurent ni ne monnayent leur temps et qu'importe si des professionnels de la profession se plaignent d'une concurrence déloyale. S'ils étaient un peu plus passionnés, leur talent ferait naturellement la différence.

Oubliez cette digression et n’hésitez pas à passer par ce musée du jouet de Montauban à la rencontre de Jean-Marie ou de ses nombreux collègues, toutes et tous bénévoles à l'âme d'enfant. Que deviendra ce pays quand les lois nouvelles laisseront les futurs retraités exsangues et sans force au bord de la route, sans désir ni possibilité de donner un peu de leur temps aux autres ?

 

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