Si petit à petit l'oiseau fait son nid, les loups creusent à pas feutrés et sans en avoir l'air, la fosse dans laquelle finira par sombrer une Éducation de moins en moins
Nationale. Ils ne s'arrêteront pas en si bon fossé et pousseront dans l'abîme l'ensemble des services publics. Défiance et naufrage font plus que force et battage …
La méthode adoptée est perfide. On utilise des subalternes, fonctionnaires eux-mêmes, pour participer au dépeçage, à la curée, sans qu'ils prennent conscience du piège dans
lequel, de fourbes mesures vont les engluer. La stratégie n'est pas nouvelle. En des périodes beaucoup plus douloureuses, les bourreaux disposaient déjà de l'action d'associés provisoires,
issus de la masse des victimes d'alors.
Le Brevet Informatique et Internet vendu sous la forme plus doucereuse de B2i, profite de l'aubaine numérique pour mettre en place les conditions du coup de grâce qui ne manquera
pas de venir, foi de libéral. Des professeurs de technologie sont bien malgré eux les pions avancés de l'opération de sabordage. Initiés parmi les utilisateurs de la chose informatique, la
technique les éloigne de l'éthique, leur savoir-faire les écarte d'une réflexion salutaire.
Ils se sont engagés avec un dévouement louable dans la mise en place de la mécanique sournoise. La conviction d'apporter leur pierre à l'édifice est si forte qu'ils ne peuvent
entendre les remarques, les mise-en-garde d'esprits retors qui voient le mal partout !
Ils expliquent à leurs collègues le fonctionnement complexe d'une usine à gaz. La validation des compétences de ce si inoffensif B2i pour l'obtention du brevet des
collèges. Jusque là, rien de bien méchant, tout au contraire. La validation des compétences fait une percée dans ce monde assez hermétique du collège. Une autre façon de penser le rapport à
l'évaluation ne peut faire que du bien, en apparence seulement, hélas !
Derrière les bonnes intentions, la bête sournoise veille ! Elle veut la mort de ce ministère ingouvernable, mais patiente, elle attend son heure. Elle commence par évoquer un
branchement internet dans toutes les familles (ce qui est loin d'être acquis partout, il y a un coût qu'en certains lieux on ignore). Elle demande aux élèves de saisir des demandes de validation en
envoyant de chez eux d'un message électronique à un professeur.
Les prémisses de l'enseignement à distance, de la fin du rapport Enseigné-Enseignant, pointent le bout d'un naseau humide. Un contrôle statistique et informatique, ça
va de soi, est établi en temps réel. Le principal, les instances, les autorités, les ayant-accès aux données sont informés de l'activité de chacun : élèves et professeurs.
Comparaison, mesure d'efficacité supposée, centralisation des informations, toutes les conditions se mettent en place pour changer radicalement la donne. C'est la fin de la
liberté pédagogique, l'entrée dans un contrôle permanent et comparatif de l'action, pardon, de l'efficacité de l'enseignant.
Il y a des termes qui font frémir ceux qui se piquent encore d'avoir une culture où les noms d'Augustin Freinet, d'Anton Makarenko ou de Maria Montessori ont encore un écho. Ils
se font rares et bientôt la place sera nette, les vieilles badernes ne seront plus là pour dénoncer la manœuvre.
Gibi n'est qu'un prémisse du grand Dessein. Anticipant une Pandémie qui se fait encore attendre, une ministre nous a parlé d'enseignement télévisuel, de cours à
distance, de professeurs réquisitionnés à leur domicile. Je crie au Loup, on se gausse. Quand il sera trop tard, vous n'aurez qu'à relire ces quelques lignes stupides.