Partout en France, des citoyens se réunissent autour d'une table !
Quelques honnêtes gens en colère ; il en existe tant dans ce pays, conversent autour d'une table. Chacun à sa manière évoque les mêmes maux : indignité, inhumanité,
désespoir, révolte …
Ils évoquent leur pays mis à mal par une pensée nuisible. Ils parlent de leur ville qui n'échappe pas au programme national et qui a même pris les devants avec quelques années d'avance et
d'errance.
Que faire lorsque ce constat si affligeant est jeté ainsi, au milieu de ce cercle vertueux ? La colère n'est jamais bonne conseillère surtout face à la froide détermination des
fossoyeurs de notre pays. Il est déjà si difficile de rester debout, de ne pas se coucher devant la puissance injuste de la loi du plus fort !
Chacun parle de sa place, avec ses douleurs, ses plaies, sa sensibilité. On devine les meurtrissures, les combats perdus, les espérances anéanties. On entrevoit l'énergie
incroyable qui brûle encore dans les yeux, dans les mots, dans les gestes. Plus les coups portés sont rudes, plus ils s'arcboutent sur des convictions indéracinables.
Chacun agit comme il est, comme il pense. Il y a les enthousiastes de l'action, de la militance active. Ceux-là se donne corps et âmes à leurs convictions en pleine lumière, sous
les coups des malfaisants jamais avares en la matière. Il y a les enflammés de la communication, de la divulgation écrite. Ils lancent des bouteilles à la Loire pour autant de messages destinés à
réveiller les consciences. Il y a les investis de l'action de terrain, de ces petites pierres qui se dressent face au bulldozer adverse. Ils construisent des espaces fragiles pour sauver ce qui
peut l'être encore.
Ils ne sont pas semblables et recouvrent un vaste espace de la pensée politique française. De la droite humaniste et libérale à cette gauche qui est toujours restée à
gauche, de l'écologie active et tolérante à l'action associative militante et désintéressée. De ces différences il leur faudra construire un espace de tolérance, ce mot désuet qui a fui notre tissu
social. De leur diversité, il leur faudra bâtir un espace commun pour donner corps à l'utopie du changement.
Ils commencent par se dire leur dégoût, ce point commun qui les rend pareils à tant de gens de ce pays. Eux y ajoutent l'espérance en des lendemains qui cesseront de déchanter,
la croyance en la révolte des victimes, des perdants de la mondialisation, des exclus de la razzia, des craintifs, des bâillonnés, des menacés, des ignorés.
Ils veulent réveiller les consciences, ouvrir les yeux de ceux qui les entourent. Dire, écrire, hurler la triste et sordide réalité des menaces, des exclusions, des injustices,
des chantages, des abus de pouvoir, des dénis de démocratie. Décrire au quotidien comment au cœur de notre ville, un homme étend son ombre brune et ses réseaux. Expliquer aussi que cette politique
étouffe les associations, tue les administrations, ruine les industries.
Seul, chacun d'eux ne dispose que de deux oreilles pour entendre, deux yeux pour voir, deux mains et une bouche pour écrire ou dire. En constituant un cercle ouvert sur l'espoir,
ils vont multiplier les possibles, les informations, les divulgations.
Dans ce pays démocratique, la presse traditionnelle, à de très rares exceptions ne remplit plus sa mission. Les puissants dictent les questions, choisissent leurs
interlocuteurs, élèvent la voix s'il le faut. Il n'y a plus de troisième pouvoir et
un ministre en visite à Cénabum peut interdire un interlocuteur
indésirable.
Demain sera un autre jour, le cercle se défait, chacun s'en retourne plus fort maintenant de la présence des autres. De proche en proche, les connections vont s'établir, le
silence va se déchirer, le voile va se lever et demain peut-être, l'humain retrouvera sa place dans notre beau pays de France.
Quadraturement vôtre.