Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.
21 Mars 2010
Ces suffrages passés sous silence.
Ces suffrages passés sous silence.
Une semaine après, toujours conscient de disposer d'un
formidable droit que je ne résumerai jamais à un devoir pénible et fastidieux, j'ai repris aux matines, le chemin de mon urne. Est-ce que le petit bruit d'un billet ombrageux avait eu un
quelconque effet sur ce bureau « Huit » d'une circonscription d'un faubourg préservé ?
Je n'oserai avoir la prétention d'être lu en ma bonne ville de Cénabum. Toujours est-il qu'on répondit à mon bonjour et que le sourire fut de mise ce matin. Trois personnes sur quatre avaient
manifestement l'intention de bien accueillir cette espèce en voie de disparition : « le citoyen votant ». Seul un assesseur morose et chagrin resta de marbre : glacial et fermé auprès
de son urne funeste ….
Il me fallait oublier la contrariété d'être dans une région où, une troisième liste, beaucoup moins consensuelle, restait en lice, preuve d'une désespérance qui porte plus d'inquiétudes que de
solutions. Un petit fait amusant me permit de voguer vers d'autres préoccupations. On me fit émarger avec un stylo vert !
La chose est étonnante. L'assesseuse-émargeuse s'autorise-t-elle un message implicite en faveur d'une sensibilité présente dans l'une des listes ? Croit-elle, au contraire, aux vertus d'espérance
de cette couleur pour inverser le cours des choses ? Se manifeste-telle contre cette abstention massive en prétendant qu'il faut voter en vert et contre tous ?
Je m'en retournai, vélocypédiquement à mon domicile pour rejoindre ce clavier de mes épanchements. Je devinais déjà le peu d'intérêt qu'on allait porter à ma démarche citoyenne. Nul micro ne me
serait tendu. Je n'appartiens pas à cette grande masse hétérogène de ceux qui fuiront une nouvelle fois ce droit obtenu de haute lutte par nos aînés.
Le paradoxe est étonnant. Ce sont ceux qui n'ont plus rien à dire qui ont occupé nos médias. Ces micros-trottoirs du degré zéro de l'information, ces antennes ouvertes, ces téléphones qui
résonnent si peu et où la France poujadiste s'est refait une santé.
Puis, je savais aussi que ce soir, quel que soit le résultat final, une vaste entreprise de détournement de sens allait s'opérer par les prestidigitateurs des différents camps en présence.
Martine va réclamer une victoire qui ne lui appartient pas, elle ne pensera plus qu'à l'échéance suivante, prenant pour acquis des bulletins qui ne sont pas siens. François va minimiser un vote
qui n'est pas sanction, n'ayant naturellement rien à voir avec l'hôte de l'Élysée. Marine donnera rendez-vous au réveil national, pour un monde meilleur sans tous les autres...
Personne ne viendra-t-il affirmer haut et fort que nous en avons assez de la vulgarité de notre chef bien aimé ? Dans son camp, les voix s'élèvent enfin pour dénoncer cette surexposition de la
vie privée, cette exploitation outrancière des faits divers, ces interventions si nombreuses que sa parole n'est jamais certaine. Dans les rangs des humbles, des victimes, des spoliés de
l'égalité, c'est son mépris qui leur est intolérable, cette façon bien à lui de rayer d'un trait d'esprit ou de plume les résultats du jour qui n'ont strictement aucun rapport avec ce qu'il fait
endurer à son peuple.
Car, même si, une fois de plus, on va me reprocher de prendre une parole qui ne me revient pas, mes lectures, mes
rencontres, ce que j'ai entendu ici ou là, de droite et de gauche, m'autorise à suggérer qu'il y a un vote Contre le Petit qui n'est absolument pas négligeable.
Alors, ne vous mettez pas en ordre de bataille pour 2012. Ce n'est pas l'objet de l'expression populaire. Une partie de ce peuple souverain que vous méprisez vous demande de changer vos
pratiques, en profondeur. La politique n'est pas un spectacle, un produit marketing, une foire d'empoigne. Rendez de la noblesse à cette activité au service des autres et non du sien.
Microclavardement vôtre.