Touche pas à mon Post !

16 Novembre 2011

L'ami américain ?

Coup de blues chez les blogueurs amateurs, les amis de la liberté d'expression, les intoxiqués de la vérité, celle qui n'est jamais bonne à dire sur les écrans aseptisés, dans les feuilles de chou formatées et embrigadées. Le Post se serait vendu à un grand groupe américain, une machine de guerre médiatique qui fera vite passer les humbles, les obscurs, les sans titre aux oubliettes du net.

Nous tremblons de ne plus avoir notre merveilleuse chambre d'écho, cet espace qui dérange et nous démange parfois mais qui nous a donné le souffle et l'envie de dire nos colères, d'exprimer nos envies, de croire bien immodestement que nos petites pensées de base avaient une quelconque chance de passer la barrière de l'anonymat et du silence.

Bien-sûr, tout ne fut pas parfait en ce Post qui agace tout autant qu'il fascine. Les commentaires sont parfois au-delà des limites de la correction et nient souvent la dimension du nécessaire débat pour aller allègrement sur les chemins boueux de l'invective ! Les coups de ciseaux de la censure irritent encore plus. On ne voit pas toujours les manquements à la Charte dont on nous accuse, on s'exaspère de cette facilité qui fait taire, mais avec l'habitude, on trouve toujours chemin détourné pour contourner le bâillon imposé.

Mais le Post restera cet espace qui nous ouvre des portes et surtout des écrans dans tous le pays, des amis lointains, des compagnons sous X qui derrière un pseudonyme éloquent, nous livrent leurs pensées, leurs sentiments et parfois des pans de leur intimité. Pour cela, rien ne peut remplacer ce merveilleux outil et l'ami américain doit préserver le bien le plus précieux de sa désormais filiale.

Alors, nous attendons des explications, des informations et des éclaircissements. Qu'allons nous devenir, nous les petits, les humbles, les inconnus du petit matin qui livrons chaque jour à nos semblables nos états d'âme dans un manque qui en manque singulièrement ? Nous sommes de l'autre côté de l'écran et pourtant, sur le Post, l'accès au clavier ne nous fait pas interdit. Allons-nous conserver ce merveilleux privilège ?

Nous savons que le grand ami américain a déjà une signature française. Notre grand philosophe belliciste, l'homme au col si élégamment ouvert sur son merveilleux torse, ce « play-boy » de la pensée ne saurait résumer l'intelligence de ce pays. Est-ce parce que nous portons le même prénom que je ne supporterai jamais de m'effacer devant cette image de magazine « people » !

Vous voyez, je suis déjà prêt à me plier aux exigences probables du nouveau tôlier. Dans le petit paragraphe précédent, j'ai fait l'effort considérable pour moi, d'y glisser deux anglicismes. Il faut bien consentir quelques concessions langagières pour ne pas paraître abscons à ces gens de grande culture. D'autres iront à n'en point douter jusqu'à abandonner leur vieux parler François pour plaire aux nouveaux propriétaires. Mais laissez nous un peu de place, je vous en supplie !

Si par miracle, ma requête parvenait jusqu'à eux, qu'ils sachent néanmoins que je n'abandonnerai jamais ma liberté de ton, ma mauvaise foi, mon mauvais caractère, ma haine des marchés, ma méfiance systématique vis à vis des grands de ce monde, mon amour des mots et de la Loire. Si vous m'accordez une petite place, sachez qu'elle ne se transigera pas ! Point de contrôle préalable, pas de comité de lecture, pas d'appréciation morale de ma prose. Prenez-là comme elle est ou bien proclamez bien vite la fin du Post et cessez de tourner autour de notre Post aux roses !

Je vous prie de croire en mon indéfectible désir de liberté d'expression.

Irrévérencieusement vôtre !