27 Avril 2010
Épilogue financier.
Les plus beaux combats sont les batailles désespérées que l'on livre seul contre tous, pour l'honneur et non pour la gloire. Ces ultimes gestes sublimes, ces coups d'épée dans
l'eau qui apportent bien plus à celui qui les offrent à l'inutile beauté de son amour propre qu'à ceux qui ont la prétention de se les attribuer.
Samedi, dans une Cuvette de Sapiac chauffée à blanc, les joueurs, pourtant professionnels du MTG XV, ont joué avec une âme d'enfant, un esprit d'amateur et un cœur gros comme
ça, pour des supporters exemplaires qui méritaient pareil adieu aux larmes.
Sur la pelouse, des joueurs sublimes livraient un combat au bout d'eux-mêmes pour le respect de l'honneur : une valeur qui ne se monnaie pas. Dans les travées, les
larmes aux yeux, les supporters retrouvaient des raisons d'espérer en des jours meilleurs. En coulisse, toutes les bassesses n'étaient pas encore tirées.
Qui connait le Rugby ne peut qu'être admiratif devant les ressources mentales dont ont fait preuve ces gladiateurs en vert et noir. Dans un climat délétère, au cœur d'une
tourmente qui les dépassait totalement, sans certitude sur leur avenir, sans la promesse d'une de ces primes mirobolantes (que le football met en scène chaque semaine devant des caméras de
télévision qui n'ont strictement rien à faire là), ils ont su puiser au plus profond d'eux-mêmes cet orgueil qui soulève des montagnes dans un sport où la dimension psychologique est
prépondérante.
Ils ont obtenu sur le pré un maintien en top quatorze qui, dès le lendemain devenait déjà poudre de perlimpinpin. Lundi, la messe était dite et le club déposait le bilan. De la gloire au désespoir,
de la victoire magnifique à la désillusion pathétique, ils ne regretteront rien, ils sont sortis par la grande porte de cette lamentable histoire sportive.
D'autres n'ont pas cette dignité. Du côté de Bayonne, si l'entraîneur et le capitaine tenaient des propos justes et lucides, leur président en appelait déjà à la justice
financière pour dénoncer le verdict du terrain. Que ne pouvait-il pas attendre pour ne pas se couvrir de ridicule ! À Montauban, la comédie des illusions et des solutions improbables dura encore le temps d'un rêve.
Aujourd'hui le réveil est cauchemardesque, la vérité des comptes est bien plus forte que celle du terrain. Montauban ne jouera plus dans cette élite du Rugby Français où le
club avait conservé sa place à la force mentale de ses joueurs. Leur baroud d'honneur ne sera pas inutile, le petit jeu des subtilités administratives leur permettra de repartir en division deux,
alors qu'une défaite les eut propulsés un étage plus bas. Cette subtilité échappa totalement à ceux qui ont livré la dernière bataille, personne ne leur a fait miroiter cette perspective, eux ils
voulaient rester dans l'élite !
C'est Bayonne qui conservera sa place en Top quatorze avec un goût amer dans la bouche. La lettre de Monsieur Grenet, le maire de la ville, les propos de Salagoïty, leur président, en ont fait
des perdants pitoyables. Il faudra beaucoup de travail sur eux-mêmes pour se relever de ces affligeantes déclarations. Qu'ils n'oublient jamais le verdict de ce championnat 2009-2010 !
Le Rugby vient une fois encore de nous livrer une page magnifique où se
mêlent toutes les sensibilités de la nature humaine. Il n'est ni meilleur ni pire mais il pousse si loin les instincts ancestraux, les forces animales et les métaphores originelles qu'il exacerbe plus que les autres sports le meilleur et le pire de chaque individu.
Nous fûmes servis au-delà de nos espoirs et nous avons découvert des héros et des traitres, des gens honnêtes et des margoulins, des seigneurs et des bandits ! La vie continue.
Longtemps encore, il y aura des bons ou des mauvais rebonds sur les bords du Tescou .…
Épiloguement vôtre.