Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.
31 Mars 2010
Au-delà du bout du doigt !
Quand on évoque l'épineux dossier de la retraite, seule la date butoir est évoquée. Nos amis les politiques, du haut de leur statut préférentiel, se plaisent à
transformer cette juste récompense en une pauvre peau de chagrin du turbin achevé.
Tous les artifices qu'ils utilisent ne visent objectivement qu'un but : « Appauvrir encore un peu plus les futurs candidats à la paix du travailleur ». Reculer l'âge légal de départ à
la retraite n'est destiné qu'à amincir la petite pension qui permettra tout juste, dans la majorité des cas de maintenir le minimum vital.
Les annuités, qu'ils accumulent sans se soucier de la réalité du marché de l'emploi, sont des promesses de largesse inaccessibles, des espoirs intenables, une
simple illusion arithmétique. Au bout des mécomptes : périodes de chômage, de formation, d'inemploi quelconque, de préretraite ou de post-activité, le futur pensionné n'aura que ses yeux pour
pleurer, un train de vie qui ne sera jamais celui de ses indécents aînés.
Nos brillants législateurs pointent d'un doigt moralisateur la ligne d'arrivée qu'ils n'ont de cesse de faire reculer. Ils se permettent de rationner sur une échéance dont ils sont parfaitement
protégés par un statut inique aux avantages incomparables.
Chiche, mettons tout à plat et tout le monde sur le même pied d'égalité avant que de réfléchir à un montage financier, attrape-humbles comme d'habitude. Députés, ministres, sénateurs,
fonctionnaires, régimes spéciaux et autres niches pour drôle d'oiseaux, mettons à bas les privilèges et décrétons l'égalité devant la loi.
Forts de cette mesure qui leur ouvrirait les méninges et les yeux, nos parlementaires balaieraient enfin toutes les facettes du problème. Ils envisageraient l'autre bout du doigt, celui qui donne
naissance à la carrière. Notre société, pour dissimuler une réalité de l'emploi depuis longtemps morose, a reculé l'entrée en activité. Des études prolongées au-delà du raisonnable, des
formations qui durent plus que nécessaire, une primauté des études sans autre alternative, furent le premier étage de cette fusée qui nous explose à la figure.
Il serait temps de réinventer une alternance étude-emploi dès la sortie d'une formation de base, une plongée dans le monde du travail accompagnant des périodes de réajustement de la formation.
Une nécessaire prise au réel pour engranger annuités à l'occasion et expérience.
Il serait incontournable de repenser les bases de l'économie qui dénigre le travail au seul profit du capital, une société qui envoie au chômage des salariés pour la satisfaction des immenses
besoins des retraités américains.
Il paraît indispensable de se pencher sur la fin de parcours professionnel. L'âge de mise au rebut n'ayant pas de rapport avec l'échéance fixée par nos beaux
messieurs en col-blanc. Laissons travailler ceux qui le veulent ou qui le peuvent et n'usons pas de cette abominable hypocrisie.
Il conviendrait de définir le principe de répartition et l'objet de cette rétribution de la fin de vie. Au nom de quelle pensée élitiste montreuse faut-il maintenir et même amplifier les
inégalités accumulées par la naissance, les études et le parcours actifs. La retraite devrait être une somme forfaitaire permettant à quiconque de subvenir à ses besoins et de se payer, le cas
échéants, la maison médicalisée nécessaire pour partir en douceur et en pleine dignité.
Voilà un gisement d'économie considérable qui apparaît au grand jour et qui honorerait enfin le beau principe d'égalité qui est gravé sur tous nos bâtiments officiels. D'autres idées peuvent
surgir du chapeau, elles ont besoin de temps pour grever la chape de plomb qui entoure ce sujet inique.
Rétroactivement vôtre