Trois centième chronique ovale
Il est de coutume de célébrer les nombres ronds, y compris en principauté d'Ovalie. Trois cents fait partie de ceux-là. Je vais céder à la tentation de
« loto-congratulation » et m'incliner devant l'exploit d'en être arrivé jusque-là.
Étrange souci de la rondeur pour des textes qui a l'origine se souciaient essentiellement du petit monde du Rugby. Il faut reconnaître à ce trois cents du jour bien des qualités
en somme. La première d'entre-toutes c'est qu'il est multiple de quinze, cinquième nombre triangulaire, nombre impair qui a la délicatesse de n'être point premier, qualité essentielle quand on
prône le partage.
La seconde, c'est qu'il s'inscrit dans la durée d'une rotation de notre planète autour de son astre rayonnant. Une année d'écriture ainsi célébrée, le mal est si profond qu'il en
est devenu chronique. Je crains désormais qu'il soit incurable …
Un talon qui se déroba, une faiblesse de héros antique et voilà qu'Achille fut contraint à l'immobilité, à l'abandon et à l'inactivité. Le clavier me tint lieu de béquille et
d'hebdomadaire dans ce bon vieux Courrier du Loiret, ma prose se risqua progressivement au rendez-vous quotidien.
Depuis lors, je traverse l'existence un crayon à la main et un calepin dans la poche. Je pose sur toute chose un regard oblique et de bien vilaines déformations naissent de mon
imagination douteuse. Tout est prétexte à balivernes. De billevesées en colères feintes, de fables dithyrambiques en compte-rendus foisonnants, je croque le quotidien avec le plaisir pervers de lui
refaire la façade, d'en changer les couleurs, les odeurs et les saveurs...
J'ose espérer que quelques lecteurs partagent avec moi ce plaisir étrange que je prends à noircir le Monde et quelques pages blanches. Le Rugby fut le déclencheur de cette
avalanche verbale. Elle m'évite la fréquentation dispendieuse d'un psychanalyste tout en me constituant un joli carnet d'inimitiés définitives.
J'ai pénétré ce monde surprenant de la blogosphère. Je n'ai pas accès à toutes les clefs et je crains de ne jamais comprendre les subtilités d'un langage qui n'est pas vraiment
le mien. J'y tiens le rôle surprenant du dinosaure bougon et y fais figure d'artisan de cette belle langue française qui est la seule que je « bricole » un peu.
J'ai élargi l'espace de mes activités nocives en ouvrant un nouvel espace, moins ovale, beaucoup plus polémique, férocement haineux. Au terme de l'expiration du contrat de
mes chères chroniques-ovales, je songe à une petite modification de nom. Un changement infime, une approximation de plus, pour étendre le concept et éviter ainsi de tourner en rond, ce dont j'ai
une sainte horreur.
J'ai renoncé à étendre l'audience de ce blog. Le lectorat ovale est bien trop frileux, son démarchage sur les forums n'apporte que des visiteurs occasionnels, vite
infidèles. La presse spécialisée qui se grime en jaune n'a jamais daigné relayer la plus petite chronique et les instances que je raille fréquemment, s'en soucient comme de leur dernière
médaille.
J'ai quelques lecteurs fidèles, ceux-là me sont précieux et je ne les abandonnerai pas. Ils ont souvent partagé un pan de mon parcours rugbystique ou personnel. J'espère les
guider vers d'autres voies : navigables ou mouvantes, impénétrables ou émouvantes.
À demain pour de nouvelles aventures.
À bientôt vers un nouvel ailleurs !
Àjamaisautant vôtre.