Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.
7 Décembre 2010
Hebdomadaire alternatif ?
J'enrage depuis toujours contre l'insigne médiocrité de la presse locale. Le phénomène n'est pas nouveau et peu de quotidiens à travers nos
belles provinces échappent à l'affligeante malédiction du papier à emballer les chiens écrasés.
Pourquoi tant d'erreurs, si peu de vérification des informations ou de corrections à postériori. Qui protège-t-on dans cette
démarche qui favorise toujours les uns et ridiculise toujours les autres ? La presse de proximité est obséquieuse, médiocre et bâclée. Elle se construit avec des truismes, des idées rebattues,
des dépêches d'agence et un vide sidérant.
Parfois, dans la grisaille émergent des hebdomadaires locaux qui donnent de la place à l'expression des gens d'en bas, à la
réflexion, ce qui n'est pas contradictoire contrairement à ce que peuvent penser nos « baveux » condescendants. Ces perles rares prennent le risque du payant , elles se vendent et touchent
pratiquement tous les foyers de leur zone de diffusion. Je pense notamment au Journal de Gien, parfaitement exemplaire ou au Courrier du Loiret.
Orléans semble victime d'une malédiction de la pluralité. http://www.larep.com/actus_locales.htmllinket écrase toute velléité intelligente. Exit les nouvelles d'Orléans, la Nouvelle république jadis. La
Tribune a choisi la gratuité pour trouver une place à côté de ce géant hégémonique. L'objectif est louable, le résultat très décevant.
Analysons le numéro 164. Il ne peut déroger au coup de froid de la semaine dernière,; titre en Une avec photographie pleine page,
deux pages intérieures avec photographies et texte aussi abondant que les chutes de neige. Deux encarts qui donnent dans le sensationnel, des nombres qui affolent les compteurs et veulent prouver
la dimension exceptionnelle de la chose. Un joli marronnier, rien de plus et qui n'éclaire pas grand chose.
Après le coup de froid, une page entière pour revenir sur les coups de chaud orléanais. L'internement de l'un, le témoignage de son
otage et une petite brève sur le collégien tabassé. Pas mieux que la République, sans profiter du recul que donne la parution décalée pour revenir sur toutes les contre-vérités de notre «
Pravda locale ». C'est ni mieux ni pire, c'est du pareil au même, on se demande pourquoi.
Puis arrivent les pages indigestes de la rubrique « Économie ». Une belle façon de se montrer courtois avec les puissants, de
favoriser les liens commerciaux tout en préparant de futurs contrats publicitaires. Les Balnéades et les « Drive" de Leclerc sont à l'honneur. Ni distance, ni analyse, un tapis rouge
déployé à chaque fois et bien peu d'informations réelles. La gratuité suppose quelques bassesses !
Le fait de société est relégué à la portion congrue. Normal, c'est le sujet tant rebattu de la violence faite aux femmes. Deux
misérables colonnes et si peu à dire... Une photographie pour émouvoir le chaland. J'enrage d'autant que ce journal offre un peu plus loin deux pages sur les idées cadeaux pour nos compagnes. Et
là, l'image véhiculée ne permet pas d'envisager un changement radical du drame évoqué précédemment.
Les cadeaux et Noël sont au centre d'un numéro qui tient plus du catalogue marchand que de ce nécessaire journal alternatif tant
espéré par les démocrates orléanais. Puis la page sportive est présentée naturellement par le petit bout de la lorgnette : des portraits gentillets qui ne mangent pas de pain et ne font de
mal à personne. C'est sans doute la ligne éditoriale de ce gratuit qui ne vaut pas plus.
Une fois encore, nous sommes passés à côté de ce qui manque vraiment à Orléans. Un outil de communication, d'échange; d'information
critique, d'analyse sans complaisance, de textes bien écrits accessibles à tous et pas seulement aux économistes amateurs de statistiques surabondantes ou de renvois d'ascenseurs.
Tribunement vôtre.