Minable de plus de cinquante ans

Vraiment rien pour moi.

Les années se suivent, les répliques assassines ne cessent de nous rabaisser, de nous mettre plus bas que terre, nous les pauvres gens ordinaires, les petits, les humbles, les travailleurs et ceux qui ne trouvent pas d'emplois dignes de leurs immenses qualités. Monsieur Jean François Copé prince de Meaux a eu un mot malheureux pour décrire nos maux.

Tous ceux qui gagnent moins de cinq mille euros par mois dans cette nation qui fut jadis républicaine sont des minables. Fermez le ban, circulez, il n'y a plus rien d'autre à comprendre. Il est d'ailleurs bien étrange que ce soit un membre d'une clique qui n'a de cesse de baisser notre pouvoir d'achat qui ose fixer une barrière chiffrée pour établir le niveau de dignité.

Au-delà de la formule affreuse, du mépris insupportable, il y a une constance dans la pensée de cette nouvelle noblesse. Entre celui qui prétendait qu'on avait raté sa vie si à cinquante ans, nous étions incapables de nous offrir une Rolex, cette marque scandaleuse de la prétention et du paraître, et leur maître à tous qui pour inaugurer son mandat a associé l'adjectif « Pauvre » à la plus méprisante insulte formulée par un chef d'état, il a y assaut de phrases à mourir de rire puisque pour eux, la honte n'est pas mortelle !

Nous sommes fixés sur la moralité de cette caste qui a fréquenté les mêmes hautes écoles, s'est retrouvée dans les mêmes lieux branchés, se côtoie dans les mêmes restaurants. Ils vivent à l'écart de la vie réelle, ce qui ne change guère après un parcours d'enfant protégé des pauvres dans des écoles à l'abri du besoin.

Ils se prétendent représentants d'un peuple dont on découvre à quel point ils peuvent lui prêter de piètres qualités. Minable ! Le terme est encore plus fort que les deux fantaisies oratoires citées plus haut. L'adjectif exclut toute qualité, le minable n'a rien pour lui. Aucune faculté ne peut sauver de l'indignité suprême : le petit salaire. C'est à déclencher une révolution et recouper symboliquement une brassée de têtes de ci-devant !

« Combien tu coûtes, je te dirai ce que tu vaux ! » J'avais déjà compris dans le monde sportif que les dirigeants jugeaient souvent un entraîneur à l'aune de ses prétentions financières. Vous pouvez apprécier à quel point votre serviteur est incompétent, minable, misérable aussi puisque j'ai fait le choix du bénévolat malgré un diplôme professionnel. Voilà maintenant que nous sommes jaugés de la même manière dans le monde des élus.

On comprend à quel point ces gens qui sont censés défendre nos intérêts, se prosternent devant la richesse, les grandes fortunes de ce pays et d'ailleurs. La seule valeur qu'ils identifient est celle du patrimoine ou du compte en banque. L'individu de qualité se résume à ses avoirs. L'être n'existe pas à leurs yeux. Nous pouvons nous en désoler mais il faut admettre que cela finit par être tout à fait naturel, ces gens sont dépourvus d'âme !

Que la foudre et la colère des humbles tombent sur ces grands personnages d'état. Mes frères et mes sœurs, les minables de ce pays, mes camarades également si vous appartenez à une autre chapelle, tournez le dos à cette caste orgueilleuse et hautaine. Balayons ces gens d'importance, incapables de se pencher sur nos problèmes, bien trop soucieux de préserver leurs avantages et d'engranger toujours plus à nos dépens. Il est grand temps de changer de République.

Il faudra longtemps remercier la franchise de monsieur Copé. En quelques mots, il a dévoilé l'opinion générale des êtres d'exception qui nous gouvernent, qui se servent sur la bête au lieu de servir ceux qui leur en ont donné mandat. Nous savons maintenant ce qu'ils pensent de nous, la France d'en bas, le pays des minables. Mais pourquoi, quand il faut mettre la main à la poche, quand il faut accepter des sacrifices, fournir des efforts, c'est toujours vers le tiers état que vous vous tournez ? Franchement, c'est un peu minable !

Exaspérationnement leur.