Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.
17 Avril 2013
Les Fous de Dieu tirent le Diable par la queue …
Je l'avais pressenti dans un billet que beaucoup trouvèrent excessif. Le mariage pour tous allait créer des failles irrémédiables dans une société qui se cherchait un prétexte pour dresser les uns contre les autres ses membres chamboulés par une crise qui n'en est plus une, malaxés par une mondialisation sans morale, éparpillés par des clivages multiples, déterminés maintenant par leurs pratiques sexuelles.
La loi en question ! C'est du moins ce que prétendent les foules qui défilent pour sauver notre modèle sociétal. La famille en danger ! C'est encore leur raison de s'indigner, de se dresser contre les tenants d'une ultime barbarie, d'une nouvelle hérésie. En face, ce n'est guère mieux, les insultes volent : « homophobes » hurlent leurs adversaires sans cesse pour discréditer et oublier un peu vite les questions de société qui malgré tout sont soulevées par ces soldats d'un Dieu intolérant.
Plus les propos sont énormes et mieux les médias relaient l'information. La règle est désormais connue de tous et l'outrance cherche à dépasser la surenchère dans une course folle à la provocation, à la négation du dialogue et de la raison. Qui peut prétendre que nous allons vers la légalisation de la zoophilie sinon des esprits dérangés, héritiers de ceux qui envoyaient sur le bûcher de pauvres femmes que l'on traitaient alors de sorcières ?
Car c'est la chasse aux mal-pensants qui est en marche avec des stratégies de harcellement indignes d'une démocratie et d'une religion qui se prétend tolérante. Nos chers défenseurs de l'ordre familial dépassent tous les usages de la protestation. Ils n'ont plus de limite puisque Dieu est à leur côté. C'est l'argument clef qu'utilisent ailleurs d'autres illuminés de la foi. Ils ne se sont pas encore rendus aux mêmes extrémités, cependant, prudence, le pli est si vite pris …
En face, c'est le carnaval des différences. On ne fait pas que réclamer une légitime égalité des droits, on se grime, on s'exhibe, on provoque avec une jubilation inconsciente. La tension devient palpable entre deux conceptions incompatibles, entre deux folies instrumentalisées. Les citoyens ordinaires se trouvent ainsi pris en étau au milieu de cet ahurissant délire.
Les boutefeux atteignent leur premier objectif. L'exaspération gagne les braves gens. La loi devient suspect, déplacée, inopportune. Comme la communication du gouvernement atteint des abysses insondables et que la droite parlementaire attise les braises, faisant le pari de la crise institutionnelle pour reprendre le pouvoir avant l'échéance légale, nous allons droit vers un choc frontal en un temps où il y aurait bien d'autres priorités.
Je ne vais pas citer ici les dames patronnesses qui soufflent sur une colère feinte, qui entraînent derrière leur névrose pathologique des fidèles aveuglés. Elles ne méritent pas cet honneur et l'on peut se demander pourquoi nos télévisions les mettent ainsi si complaisamment en lumière. La croyance n'a jamais été une école de lucidité, il n'y a pas lieu de s'en étonner ! Ce qui peut surprendre et inquiéter c'est le rôle sournois que jouent ici les élites, l'épiscopat et ce redoutable André Vingt Trois …
Cette expérience cependant a quelque chose de pédagogique. Nos chers cul-bénis, gens de si bonnes familles, découvrent avec effroi la dureté de la répression policière. Ils expérimentent enfin les joies ineffables de la garde à vue quand on ne fait que se dresser contre une loi qu'on juge injuste. Ils peuvent, s'ils en ont la sagesse, faire preuve d'un peu d'empathie pour ces ouvriers qui depuis si longtemps profitent de telles largesses quand la colère les pousse aux débordements pour défendre leur emploi. Sauront-ils retenir cette leçon salutaire ? Le bras policier doit-il être séculier ?
Nous ne sommes qu'au début de l'aventure. Tout est bon pour les uns et les autres. Nous finissons par nous interroger, nous les simples spectateurs de cette guerre incivile. Les irresponsables politiques, religieux, moraux jouent la stratégie du pire. Ils usent avec une adresse consommée d'une dialectique qui renverse la responsabilité. La démocratie est en danger par la faute du gouvernement nous disent ceux-là mêmes qu'il y a peu prétendaient que la politique ne se fait pas dans la rue.
Les uns et les autres sont coupables. Les uns et les autres sont à côté de la réalité, celle qui broie des millions de familles. Le malheur, le chômage, la pauvreté, la précarité se moquent éperdument de la sexualité de leurs victimes. Les enfants sont en première ligne de ce naufrage économique. Qui dans nos hystériques des deux bords pensent à tous ces pauvres gens ?
Inquisitorialement leur.