Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.
28 Février 2013
Le Bonimenteur en vacances
La liberté retrouvée.
Je ne suis plus un adepte des vacances d'hiver. Trop chères, trop loin, trop frime, trop de monde. Je n'est plus envie de me retrouver sur la route un jour de grand flux hivernal, coincé derrière des voitures à touche-touche sur des routes enneigées. Je ne supporte pas cette foule délirante qui se précipite au même moment pour arriver le samedi midi au pied des pistes.
J'ai besoin de calme et de tranquillité. S'il m'arrive parfois d'aller dans une station c'est pour, l'espace de deux ou trois jours, retrouver des amis et prendre mon temps. Nul besoin de rentabiliser le séjour, de skier matin et soir comme on va au boulot. De ne pas perdre une seule heure, de manger sur les pistes dans des goguettes qui tiennent plus du coupe-gorge que de l'estaminet fréquentable.
Je dispose de ce luxe merveilleux d'être invité gracieusement pour quelques jours dans une station à visage humain. Je laisse aux stakhanovistes du remonte pente le plaisir de faire la queue, de se faire marcher sur les spatules, de payer des tarifs exorbitants pour prendre un peu de hauteur et la dévaler ensuite de manière inconsidérée.
J'ai hélas perdu le goût du ski de fond. Les pistes sont désormais balisées, damées, fléchées. Il n'y a plus rien de la belle aventure des premières années où nous partions à la découverte d'espaces préservés. Maintenant, il faut payer son écot, suivre les rails et tourner en boucle. J'ai aussi bien peu de pratique pour filer tel un lièvre sur les traces blanches. Je me traîne plus que je ne glisse, je suis un lourdaud sur des spatules qui m'encombrent bien plus qu'elles ne me propulsent vers l'avant.
Il me reste la formidable liberté qu'offrent les raquettes. Un équipement a minima, deux bâtons et des grilles de plastique aux pieds. Une tenue qui n'a rien d'un harnachement de percheron ou bien de clown fluorescent. La discrétion, la simplicité et la gratuité, rien que du bonheur pour celui qui ne veut pas se fondre dans la masse consumériste. Les raquettes, pas le racket, pourrait se dire mon porte monnaie !
Vous prenez un petit chemin, vous vous retrouvez perdu au milieu de nulle part. Personne ou presque, de rares comparses de rencontre. Un bonjour qui n'a rien de contraint. Ici, on prend le temps de la conversation ou de l'amabilité quand à quelques centaines de mètres de là, c'est presque la guerre dans les files d'attente ou sur les terrasses des coupe-gorges d'altitude.
Le sac sur le dos, quelque ravitaillement pour reprendre des forces et un effort qui n'est pas dérisoire. Le dénivelé vous pèse dans les jambes, vous avez le souffle court mais rien ne vous fera rebrousser chemin tant le spectacle qui s'offre à vous est magnifique. Vous continuez l'aventure, pour aller à votre train, prenez le temps de souffler quand c'est nécessaire.
Décidément, les raquettes, voilà une activité qui demeure dans mes cordes, qui me renvoie à mes aventures randonneuses. J'avance du pas tranquille de celui qui fait son chemin. Je n'ai pas à craindre la bousculade ou bien la chute, la comparaison moqueuse sur ma technique déplorable ou les railleries sur une tenue qui n'est pas de la dernière mode.
Libre sur mes raquettes, je vais au gré des recommandations d'un guide ou bien d'un passant, d'une carte ou bien de l'inspiration. Je retrouve le plaisir simple des pionniers, j'avance en territoire vierge ou peu sans faut. Pas d'apprentissage, pas de technique à peaufiner par une pratique régulière, c'est si simple que vous pouvez vous mettre en branle immédiatement.
Bien sûr, il faut une condition physique convenable. Ce n'est pas du sport, ce n'est pas tout à fait une promenade digestive. Mais quel bonheur, quelle impression de liberté. Les raquettes, c'est la montagne sans contrainte, c'est ainsi que je la conçois. Les esthètes vous diront que rien ne supplantera jamais le ski de randonnée, ils ont raison mais cette fois, il faut avouer que le pas est bien plus grand, inaccessible pour moi !
Librement vôtre.