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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Le temple d'Ares.

Les nouveaux dieux sanguinaires de nos stades.


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    Ma correctrice à plein temps au détour d'un texte de labeur m'a fait remarquer son exaspération devant l'intrusion de métaphores religieuses dans le discours sportif. Elle citait en exemple pour appuyer sa remarque la facilité coutumière des gens de plume et de survêtement qui se plaisent à présenter un stade comme le temple du ballon rond ou la nef de la petite balle.

    Les officiants de cette nouvelle religion du corps ont bien de la chance, les fidèles se pressent beaucoup plus dans les stades que dans nos vieilles églises en mal d'affection et de fréquentation convenables. Je corrobore l'impression de la dame en soulignant également l'usage immodéré du discours guerrier et je ne suis pas exempt de ce défaut lorsque l'on aborde la chose ovale !


Ainsi tous les stades sont devenus des lieux de culte où se mêlent l'adoration des idoles païennes, la célébration de rituels et la quête pour le denier du culte. La modernité du système est telle que les différentes messes sont dites en différents endroits et qu'elles sont toutes suivies par une armée (tiens-tiens !) de caméras et de micros.
Il y a la parabole ou l'épître aux fidèles. C'est la conférence de presse de l'entraîneur avant puis après l'office. La parole divine a besoin d'être expliquée au petit peuple en adoration. Parfois, la colère monte des travées, le vicaire risque sa tête et il est sacrifié pour préserver les icônes du jeu.


    Il y a maintenant pour complaire aux amis du Fouquet's, le denier du culte. Le langage moderne appelle cette obole volontaire, les paris en ligne. Vaste escroquerie d'état, relayée par des médias complaisants et corrompus, la ponction financière touche les plus humbles comme toujours dans ce monde de l'iniquité sacerdotale.


    Il y a surtout la grand' messe lorsque des foules hurlantes et illuminées par la foi, se pressent dans des grandes cathédrales de verre et de fer au milieu desquelles se dresse un autel sacré : une pelouse ou un tatami, un court ou un ring, un parquet ou un anneau. La passion est à son comble, la ferveur inégalée frise  la folie. Les spectateurs vouent souvent une dévotion sans borne à l'un des acteurs de la cène, ils portent son linceul en guise de reconnaissance.


    Et la messe commence ! Le langage sacré laisse place au discours sanguinolent. Les armes se fourbissent, le combat est rude, la bataille fait rage, la foule hurle sa haine, une équipe est mise à mort, du sang et des larmes sont versés… Rien ne nous est épargné dans l'abomination.


    Le journaliste sportif est un frustré du grand reportage, il lui semble qu'en utilisant les mêmes termes que ses confrères, ceux qui couvrent les grandes tragédies du monde, il hérite un peu de leur aura. Mais hélas, la fréquence de la dithyrambe, l'exagération permanente en matière de métaphore ruine l'effet et décrédibilise les personnages.
    Il en rajoute dans l'abominable, dans le larmoyant ou l'emphase. La tragédie côtoie la catastrophe nationale, le pathétique fréquente assidûment le tragique, ce qui semble assez naturel mais paraît finalement parfaitement déplacé lorsqu'on sait que tous ces gens sont en parfaite santé (ce qui n'est pas toujours exact) et grassement entretenus par un art fort modeste.


    L'opium du peuple est au service des puissants, il endort les foules et les place en situation de totale dépendance intellectuelle. L'unique sujet de préoccupation pour certains est une équipe de football ou une écurie de formule un. La passion prend alors une place disproportionnée qui dépasse le cadre du loisir pour empiéter sur tous les actes du quotidien.


    Le fidèle porte les couleurs de ses dieux, dispose d'une sonnerie téléphonique qui y fait référence, joue de grosses sommes pour parier sur leurs succès, voyage dans tous le pays pour les suivre, consulte chaque jour le site et collectionne les articles de presse. Rien de bien géant s'il n'y perdait mesure et lucidité sur la vie réelle !

    Modérément vôtre

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L
<br /> <br /> Bonsoir,<br /> <br /> <br /> Un peu de retard à l'allumage (  un petit problème de santé ) ..je ne crois pas que je gambaderais sur les terrains..Pourtant ma canne me servirait bien, pour  foutre de grans<br /> moulinets sur le gueule de certains pseudo-supporter (surtout dans mon sport originel ayant comme support un ballon rond avec 20 manchots..comme vous nous appelés, qui s'ébrouent sous les regards<br /> d'huluberlus )...Et oui ! je crache dans la soupe ! Dans les années 70 tout se déroulait pour le mieux...en sachant qu'en grande-bretagne , et chez les bataves en passant par l'italie...la curée<br /> montait et s'amplifiait...il a fallut le Heysel...Pour que la FIFA s'affole...je vais éviter de me répandre et continuer sur votre billet...Il est exact que les journalistes sportifs sont<br /> frustrés devant les articles  de leurs collègues dit "grand reporter"...Alors on se fait mousser ( et oui, je suis du nord ) et on en écrit plus qu'il n'en faudrait pour se voir couper le<br /> lendemain à la sortie de l'édition...Coup de télèphone " pourquoi ?"...réponse problème de pagination..suite à une bonne photo ou à un encart publicitaire..votre signature au dessus d'une pub de<br /> couches-culotte..bref une histoire de chiotte...<br /> <br /> <br /> Peaudoucement vôtre<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Ch'timi<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Pousse-citrouille aussi je fus dans ma jeunesse. j'ai beaucoup aimé ce jeu, j'ai beaucoup moins apprécié la suffisance de ce monde qui se pense être le centre de la sphère sportive. Méprisant<br /> pour les autres disciplines, vaniteux, prétentieux, trop présents partout.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Le foot ne mérite pas autant de place dans les journaux. Le rugby non plus d'ailleurs. Le sport féminin n'a aucune place, est-ce raisonnable aussi ?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Les journalistes sportifs ne sont là que pour flatter les tendances lourdes. L'adjectif est choisi à dessein car ils sont lourds ces fondus du foot, ces abrutis qui ne pensent qu'à ça !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je laisse ce sujet épineux et vous souhaite une meilleure santé.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Citrouillement vôtre<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> Les voies des saigneurs sont impénétrables,<br /> <br /> <br /> et le seigneur parle d'une toute petite voix,  pas toujours audible là où l'on attend; toujours, là où l'on "croit" entendre... Mystiquement<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> MJO<br /> <br /> <br /> L'amie stique vient toujours à point quand on ne s'y attend pas !<br /> <br /> <br /> Le temple des saugneurs n'a rien à voir avec la maison de leur homonyme.<br /> <br /> <br /> Les slogans ne sont jamais des prières et les joueurs ne sont pas des pros-fêtes !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Approximativement vôtre<br /> <br /> <br /> <br />