Le parent pauvre du système éducatif.
Le socle commun des connaissances, ce programme minimum de l'éducation nationale, cette collection des savoirs de base indispensables pour l'honnête citoyen de demain fixe,
au terme de la scolarité obligatoire, seulement deux petites exigences dans le domaine sportif :
« Savoir nager et Avoir une bonne maîtrise de son corps ».
Heureux le professeur qui pourra apprécier la seconde exigence et bienheureux les élèves qui échapperont à l'annotation « entre deux eaux ! » pour le premier impératif.
Dans le pays de notre si démocrate Baron Pierre de Coubertin, il y a belle lurette que le sport à l'école n'intéresse plus personne !
L'institution se préoccupe d'avantage des esprits que des corps. Il n'est qu'à observer l'état lamentable de la médecine scolaire, l'indigence du traitement de la
restauration et je n'ose plus évoquer le dossier des sanitaires dans nos établissements. Le corps est nié et l'esprit se renie …
Plus de 450 heures de sport pour en arriver à un objectif famélique. Les professeurs d'Éducation Physique et Sportive doivent apprécier la haute estime dans laquelle nos
planificateurs suprêmes, nos séquenceurs du vivant et des savoirs tiennent cette activité. Les trésoriers des conseils généraux se frottent les mains, il n'est plus temps de s'engager dans des
dépenses excessives pour des installations à l'utilité si peu reconnue.
Le sport est le grand oublié de notre système éducatif. Bouté par la technologie, chassé par l'informatique, balayé par l'histoire de l'art, éliminé par la citoyenneté et le
développement durable. Tout plutôt qu'un corps sain, qu'un enfant capable (s'il est favorisé par les hasards de la vie) de Courir, Lancer, Sauter, Se confronter et Coopérer.
Ces cinq verbes qui me semblent résumer les attentes essentielles de l'éducation physique. Au lieu de cela, nous avons déserté les stades d'athlétisme si rares dans ce pays
et nous peinons à trouver herbe à nos chaussures pour des pratiques de plein air et de grand espace. Le badminton, le footsal, les jeux du cirque, la patinoire sont bien plus tendance et préparent
plus sûrement des futurs consommateurs que des athlètes.
Adieu le Rugby, ce sport éducatif par excellence chez nos amis anglo-saxons qui désole les familles et horrifie ces enfants qui préfèrent les combats déloyaux et inégaux des
cours de récréation. S'affronter dans le respect de la règle en acceptant de se mettre en danger physiquement c'est plus que beaucoup ne peuvent accepter.
L'organisation du temps ne permet pas d'espérer un autre résultat. Le sport est coincé entre deux cours. Les élèves ne disposent pratiquement jamais de douches, les vestiaires
sont peu sûrs et rares sont ceux qui se changent entièrement après une séance. Comment voulez-vous, dans ces conditions, courir, vous salir et transpirer ?
L'école est également le seul lieu où aucune visite médicale n'est exigée pour pratiquer. Les professeurs d' E. P. S. prennent des risques juridiques énormes quand ils osent se
lancer dans un cycle endurance. Nous marchons sur la tête et dans ces conditions, il est fort mal commode de réaliser de grandes performances.
Les éducateurs des clubs sportifs se plaignent de la baisse des compétences psychomotrices et motrices de leurs joueurs. L'école ne peut assurer une formation de base et du
reste, de façon très explicite, l'état ne le lui demande plus. Le jeu libre a progressivement disparu de nos cours de récréation comme des terrains vagues, eux aussi rayés de nos zones
urbaines.
Une société de consommateurs androgynes : casque vissé sur les oreilles, écran devant les yeux, pieds traînants, pantalon descendu et lacets défaits, voilà le grand dessein de
notre système..
Athlétiquesportivement vôtre.