Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.
12 Janvier 2011
La mise à mort de Bourgoin
Une place forte du Rugby hexagonale est abattue par une décision administrative. Après Montauban, Albi, Gaillac, Bourgoin rejoint la charrette des villes moyennes. Il n'y a
plus de place pour les petits dans les grands sports professionnels. Seul l'argent dicte sa loi et impose la domination du plus fort, du plus gros, du plus riche.
La D.N.C.G. , le gendarme financier du sport a renvoyé le pauvre petit club de Bourgoin aux tréfonds de son championnat en retirant 5 points à une équipe qui n'en avait pas beaucoup gagnés. Le
budget annoncé n'était pas sincère, le trou considérable et la fessée inévitable.
Bien-sûr, de plus gros, de plus puissants ont connu déficit plus conséquent mais ils ont le bras long, les reins solides : qualités indispensables au Rugby. Alors, le gendarme leur a fait les
gros yeux sans punir de la même manière que les petits qui permettent de montrer les dents sans risquer d'être mordus !
Il y va de la logique capitaliste dans le sport comme dans les affaires. On ne vient au secours que des banques et des capitales. Les autres, les petits, les humbles, les PME ne peuvent espérer
la mansuétude. Ils prennent de plein fouet la terrible loi du marché. Les autres y échappent toujours au nom du principe de la duplicité.
Mais revenons aujourd'hui à cette place forte du Rugby du cœur. Bourgoin a formé et donné au Rugby français des hommes forts, des hommes de courage et de muscle. Il y eut Chabal, Nallet pour les
derniers colosses en activité. Cécilion qui pour l'heure regarde ce triste spectacle derrière les barreaux et bien d'autres encore.
Bourgoin c'est un ville moyenne qui ne vit que par et pour son club de Rugby. La mort programmée de ce club va déplacer l'ovale vers Lyon, une grande ville qui n'a pas encore intégré le top 14
mais qui ne devrait pas tarder à le faire. C'est ainsi, c'est la dure incertitude du sport qui s'efface derrière les considérations démographiques, les influences politiques et la réal
économie.
Adieu les envolées lyriques, les combats épiques pour la défense du clocher, les batailles monstrueuses quand l'honneur du pays est en jeu. Au revoir les particularismes régionaux ; la force des
Alpes, le mouvement landais, la mêlée basque, la furia toulonnaise. La globalisation ici, la normalisation là.
Des armadas de mercenaires venus de tous les pays du monde ovale, des contrats en béton pour des vedettes payées à prix d'or. Tous les sports professionnels effacent les accents régionaux au
profit des accents étrangers. L'américain au basket, le Portugais au football, l'anglais au Rugby. Le québécois au Hockey sur glace.
Les spectateurs se pressent dans des stades pour vibrer aux exploits de garçons qui n'ont rien en commun avec eux, qui ne savent rien des traditions, des coutumes du coin. Pourtant ils se
persuadent d'appartenir à une même entité qu'ils nomment club. Illusion parfaite, pour les pros, c'est une entreprise qu'ils quitteront bientôt pour faire fructifier au plus vite leur si brève
carrière.
Ainsi va ce monde qui marche sur la tête. Celles des gens de Bourgoin sont douloureuses. La migraine n'est pas prête d'être effacée. La fin de la saison sera un long calvaire. Les joueurs vont
penser à leur prochain contrat, se préserver pour éviter la blessure et négocier au mieux un transfert avantageux ou honorable. Quand ils seront tous partis, les fidèles supporters resteront dans
les gradins devant une pelouse vide. Les grenats se souviendront des heures de gloire, les jours sombres sont devant eux !
Berjaliennement vôtre