Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.
31 Août 2010
Soleil couchant
sur la Loire.
Sur le port de Combleux, la foule se presse en l'honneur de la fête de Saint Symphorien. Ce saint originaire d'Autun tire son patronyme du doux mot de symphonie. En ce soir de
fin d'août, elle était bien présente dans les couleurs d'un ciel qui n'avait rien à envier au feu d'artifice à venir.
Un petit orchestre accompagne les candidats au repas de quelques morceaux de guinguette. Depuis toujours, je me suis interrogé sur le fait que nul établissement de ce style ne
se soit installé en ce lieu béni des dieux. Des barques sur le canal, des flonflons et des danseurs, du soleil et du bonheur, ici règne un parfum d'un autre temps.
Ce soir, la foule se presse pour participer à cette fête biennale. La commune est petite, sans ressource substantielle et la prudence domine dans une politique municipale sage
et raisonnable. Un repas prélude au feu d'artifice qui sera tiré de la rive sud, sur une belle plage de sable fin.
Des tables par dizaines, des files d'attente pour prendre son ticket, son entrée, son plat principal et son dessert. A chaque attente, le sourire est de mise, la bonne ambiance
de rigueur. Nous sommes ici, si loin de la grande ville que nul ne songe à gruger son voisin, à tromper la vigilance souriante de nos gentils organisateurs.
Pourtant, tout près à vol d'oiseau, les tour de la cathédrale Sainte Croix rappellent la proximité réelle de Cenabum notre hautaine métropole. Il y a un monde qui sépare ces
deux espaces. Point d'uniforme, pas d'interdiction visible, pas la pesante surveillance permanente. Combleux reste ce qu'étaient autrefois tous nos villages de France, des cités de quiétude.
Le repas se prolonge. J'oublie de prendre ma part. Derrière nous se déroule le plus beau des spectacles, le plus cher à mon cœur de ligérien. Le soleil dans sa majesté va se
coucher et illuminer le ciel rouge et ocre, de traînées majestueuses et de nuages magnifiés. La Loire n'est jamais aussi belle à l'heure apaisée où la nature semble retenir son
souffle.
Oui, je reconnais que j'exagère un peu. Il y a un autre moment sublime en ce monde. C'est le soleil levant sur ce fleuve royal lorsque le rouge du matin naissant se confond
avec la brume qui nappe l'onde tranquille. Vous pouvez vous rendre compte de ma plus parfaite objectivité.
La foule est venue pour le feu d'artifice. Cette bruyante manière de célébrer le feu et la couleur, le bruit et le ciel. Moi, je préfère la paix de ce soleil qui nous dit au
revoir avec une débauche d'effets spéciaux, de caprices de vedette et de coquetteries toujours renouvelées.
Sur le fleuve, les futreaux sont transfigurés par la lumière rasante. La nature se met au diapason et la douceur de cette soirée est un pur bonheur. Le soleil s'arrête dans la
lampe tempête du bateau de Pascal. Je saisis cet instant d'éternité, je suis heureux d'avoir profité de cette opportunité. L'andouillette pouvait bien attendre et je m'en passe volontiers du
reste.
Le ciel flamboie maintenant, bientôt, il se couvrira de son manteau de nuit et les tonnerres de l'artifice relaieront les fastes de ce spectacle qui vous réconcilie avec le
merveilleux. La magie de ce soleil couchant restera pour moi le bouquet final de cette fête de saint Symphorien.
Nous embarquâmes ensuite sur les bateaux pour prolonger le spectacle pyrotechnique de quelques lumières hésitantes qui navigueront sur le fleuve. Rien n'y fera, je ne goûtais
que très peu aux gerbes multicolores, aux fusées incandescentes, aux vrilles fluorescentes. Le soleil était encore dans mon cœur et j'espère que vous en aurez aussi plein les yeux.
Soleilcouchement vôtre