Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.
22 Décembre 2010
Fruits de saison.
La trêve de Noël est propice à la recrudescence de fruits amers, de quartiers acides et de petites productions insipides. Nous n'échappons ni aux alertes oranges, ni aux drames des SDF, ni à la détresse des personnages âgées isolées. Nous devons composer dans le même temps avec la recrudescence des marchés de Noël, les inévitables bêtisiers télévisuels et les rétrospectives de fin d'année.
Ainsi va notre vie effrénée de consommateurs de l'information et du spectacle. Quand il n'y a semble-t-il rien à voir sur place, on se fabrique nos petites sucreries délicates et raffinées plutôt que d'aller se préoccuper des malheurs de ce vaste monde.
La neige nous a tenu la dragée haute pendant une bonne quinzaine déroulant pour ce mois de décembre un tapis orange qui nous permit de patienter jusqu'au marathon gastronomique. Les soubresauts du parti socialiste donnent matière à discourir pour occuper les journalistes politiques pendant que tous les autres préparent leur récit d'une année ou mieux encore celui d'une décennie.
La commémoration est la nouvelle marotte d'une société qui cherche à exorciser la terrible menace Alzheimer, cette maladie ignoble qui dépouille ses victimes d'un passé indispensable. Au contraire, les bilans et regards en arrière de l'année écoulée vont nous gaver d'images pas encore digérées et certainement pas distanciées.
C'est sans doute mieux que ces parfaitement assommants bêtisiers qui vont tourner en boucle sur toutes les chaînes pour éviter le dérapage de l'audience au moment des fêtes. L'entre-soi et la franche rigolade, le désopilant ou le navrant, c'est selon ! Nous nous faisons témoins de cette merveilleuse confrérie des amuseurs télévisuels qui se gavent sur notre dos et boivent force champagne devant des pauvres gens qui n'ont plus les moyens de s'offrir un petit mousseux.
A ces modes rituelles, la télévision bonne fille vient de se mettre à table. Elle l'étale avec une ribambelle d'émissions où chacun peut tenir la vedette pour peu qu'il se sente bien dans son assiette. Et voilà que je t'invite, voilà que je prépare une spécialité de chez moi tandis que je me fade un plat de chez l'autre.
Plus le niveau de vie baisse, plus notre lucarne devient miroir aux alouettes ! Jeux en veux-tu en voilà ! Les Paris en lignes s'ajoutent aux loteries, tirage du grand soir et grattage dermatologiquement inoffensifs. Des gens ayant ballons ou pignons sur rue, viennent accréditer l'idée que tout à chacun doit parier puisque c'est dans l'air du temps et que la fortune sourit toujours aux audacieux.
Alors pendant quinze jours on va se marrer, se ruiner, se goinfrer, se souvenir et tout oublier. L'indigestion remplace le lavage de cerveau pour aborder dans de bonnes conditions l'incontournable cérémonie des vœux. L'enfant Jésus restera sur la paille comme des millions de Français mais les petits fours agrémenteront les soirées des princes de notre République.
Ailleurs, bien loin d'ici, les Ivoiriens vont sans doute se massacrer, les Haïtiens achever les survivants, les intégristes de toutes obédiences vont en appeler à la haine au nom de Dieu, les guerres-bourbiers ne vont pas chômer mais nous allons nous jeter sur la Dinde aux marrons et la bûche de Noël.
Nous allons célébrer les lumières, la nativité ou la paix universelle sans croire un traîre mot de ces fariboles indigestes. Nous répondons aux injonctions du Dieu consommation en fermant les yeux sur tout ce qui nous entoure. Les jours vont rallonger, la galette remplacera la bûche et nous serons une fois encore, une fois de plus, une fois de trop, les rois des c...
Morosement vôtre