13 Janvier 2012
Le vote qui les dérange …
Les temps changent et pour les sondeurs, il est toujours difficile de démêler le vrai du faux dans les intentions de vote de nos compatriotes. La chose ne me dérange guère moi, qui suis fermement opposé à cette pratique qui fausse le débat démocratique et qui favorise toujours les partis installés. Je rêve d'un pays où les citoyens seraient suffisamment conscients, responsables pour refuser systématiquement de collaborer à la mascarade des sondages. Mais là n'est pas le propos du jour.
Il fut une période récente encore où l'électeur du Front National avait grande réticence à avouer sa préférence. Plus ou moins consciemment, il percevait que son choix ne correspondait pas à ce que la morale collective attendait d'un parti politique. Ce choix était encore marqué de l'opprobre et de l'indignité. C'en est fini, le complexe n'est plus et ce vote s'affiche maintenant comme une opinion ordinaire. Je n'ai pas à juger ce basculement, il est sans doute annonciateur de bien des surprises et de bouleversements que je n'appelle certainement pas de mes vœux.
Il ne faut plus chercher de ce côté-là le candidat honteux, celui qui fait s'arracher les cheveux des statisticiens charger de pondérer les résultats bruts de leurs échantillons soi-disant représentatifs. Le nom qui écorche les lèvres, le candidat que bien des gens n'osent pas soutenir à haute voix est le chef d'état en personne, en majesté, si la formule vous agréée!
Il serait fort instructif d'analyser les motifs profonds qui font que les contempteurs du personnage n'osent plus se dévoiler publiquement. Il faut rapprocher ce phénomène de la disparition progressive d'une grand part de ses électeurs effectifs au cours de son premier mandat. Combien de fois, lors de débats, de discussions à brûle-pourpoint, personne n'osait avouer lui avoir donné mandat de faire ce que chacun constatait avec consternation.Pourtant, à l'époque, plus de 54 % de ceux qui s'étaient exprimés avaient choisi le petit homme agité.
Puis, il y a eu les frasques à répétitions, l'exploitation impudique de sa vie privée, les mots inacceptables, les comportements indignes, les tics et les dérapages, le goût du luxe et de l'argent et tant de petits détails qui choquèrent, irritèrent, insupportèrent, scandalisèrent même ceux qui partageaient ses convictions politiques. Alors, autour de son nom, le silence se fit !
Il n'est plus de bon ton de se revendiquer de ses amis. Il faut cacher cette pensée honteuse, ne pas dévoiler son âme noire en acceptant de fermer les yeux sur ces cinq années incroyables. Le candidat honteux, c'est le sortant ! Quelle désacralisation de la fonction ! Quelle désillusion ! Je conçois que le poids de cet aveu soit fort lourd et demande de renier bien des convictions, bon nombre de préceptes moraux.
Mais diantre, pourquoi ces gens qui perçoivent inconsciemment l'immoralité de leur favori veulent-ils renouveler la farce cinq autres années ? Il y a d'autres candidats, plus respectables, plus honorables, plus dignes et qui défendent plus ou moins les valeurs idéologiques qui sont les leurs. Que veulent-ils encore ? Pourquoi continuer à nous imposer ce zébulon instable, imprévisible et si méprisant pour ses adversaires ?
C'est la seule question qui reste sans réponse pour moi. De quel bois sont faits ces gens qui ont avalé tant de couleuvres depuis cinq ans, qui ont fermé les yeux sur bien des comportements contraires à leurs convictions éthiques, et qui, malgré tout, vont encore respecter la discipline d'un parti qui se déshonore un peu plus chaque jour ?
Honteusement sien.
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